jeudi 4 juin 2020

L'épouse d'un médecin irano-suédois dénonce la cruauté des autorités


Ahmad Reza Jalali iranCSDHI - L'épouse d'un médecin irano-suédois détenu en Iran en 2016 et condamné à mort en 2017 pour espionnage présumé déclare que les autorités iraniennes ont ignoré la demande de son mari malade de quitter la prison d'Evine de Téhéran, infectée par le coronavirus.

Dans un entretien téléphonique accordé vendredi à Voice of America (VOA) en persan, Vida Mehran-Nia a déclaré que le système judiciaire iranien n'a pas répondu aux demandes de libération de son mari Ahmad-Reza Jalali, de ses avocats et du Conseil des droits humains des Nations unies.  
Vida Mehran-Nia a exprimé son inquiétude quant au bien-être de son mari en raison des multiples maladies qui l'ont rendu vulnérable au nouveau coronavirus qui, selon les militants des droits humains, s'est propagé à Evine et dans d'autres prisons ces derniers mois en Iran. Elle a déclaré que son mari lui avait dit, au cours de conversations téléphoniques quotidiennes, qu'il souffrait de maladies gastro-intestinales, d'une diminution de la production de cellules sanguines et d'un système immunitaire affaibli.
L’épouse de Jalali a également déclaré qu’il était détenu en isolement et privé d’accès aux services de base tels que la bibliothèque de la prison. « Peut-être que cela l'aidera à éviter de contracter le virus », a-t-elle ajouté.
L'Iran a accordé des libérations temporaires, ou des permissions de sortie, à des milliers de prisonniers depuis fin février, en partie pour réduire la surpopulation dans ses prisons insalubres et freiner la propagation du virus. Mais il a refusé d'accorder des permissions de sortie à des prisonniers politiques et de conscience qui purgent des peines de plus de cinq ans pour des accusations touchant à la sécurité.
Jalali, un chercheur en médecine de catastrophe qui vivait en Suède, a été arrêté en avril 2016 alors qu'il se rendait en Iran pour une conférence scientifique à l'invitation de l'université de Téhéran. La justice l'a accusé de collaboration avec des gouvernements étrangers hostiles et l'a condamné à mort en octobre 2017 pour « corruption sur Terre », un délit passible de la peine de mort.
La Suède a accordé la citoyenneté à Jalali en février 2018, dans une tentative, jusqu'à présent infructueuse, de contraindre l'Iran de commuer sa peine.
Le scientifique est apparu à la télévision d'Etat iranienne en décembre 2017, faisant de prétendus aveux pour avoir fourni des informations à l'agence d'espionnage israélienne du Mossad sur les scientifiques militaires et nucléaires iraniens, dont deux ont été assassinés en 2010. L'Iran considère Israël comme son ennemi juré.
Dans un enregistrement vocal posté plus tard sur YouTube, Jalali a été entendu, déclarant que ses interrogateurs l'avaient forcé à faire plusieurs aveux enregistrés sur bande vidéo. Sa femme a fait campagne pendant des années pour blanchir son nom.
« De nombreux responsables de la justice et des services de sécurité iraniens à qui nous avons parlé sont convaincus de son innocence et de l'illégalité de sa condamnation à mort, mais aucun n'est prêt à le reconnaître publiquement et à accepter la responsabilité d'avoir commis une erreur », a déclaré Vida Mehran-Nia.
On ne sait pas à quels responsables elle fait référence. Elle a déclaré que les avocats de son mari avaient fourni des preuves de son innocence à la justice il y a un an et demi, mais que celle-ci avait refusé de commuer sa peine de mort. « Il risque toujours d'être exécuté », a-t-elle déclaré.
Les experts des droits humains des Nations Unies affiliés au Conseil des droits de l'homme ont publié une déclaration en février 2018 demandant à l'Iran d'annuler la condamnation à mort de Jalali et de le libérer.
Les experts de l'ONU ont déclaré que le gouvernement iranien les avait informés que Jalali avait été autorisé à rencontrer ses avocats et à téléphoner à sa famille. Mais les experts ont déclaré que l'Iran n'avait « apparemment » pas respecté ses obligations internationales de lui faire un procès équitable et une possibilité réelle de faire appel de sa condamnation.
Source : VOA

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