Le 20 février, les médias d’État ont annoncé qu’un récent décret publié par le Conseil suprême du cyberespace (SCC) avait déclaré illégale l’utilisation des VPN à l’avenir. Ce décret avait reçu la confirmation d’Ali Khamenei, le guide suprême du régime iranien, le 9 janvier.
En 2011, le guide suprême du régime, Ali Khamenei, a ordonné la création du CSC pour restreindre l’Internet et bloquer efficacement l’accès à l’information gratuite.
S’exprimant à la télévision d’État le 25 février, Ali Bahadori Jahromi s’est abstenu de mentionner directement le Conseil suprême du cyberespace. Au lieu de cela, il a indiqué qu’un « conseil supragouvernemental » avait mis en œuvre une législation interdisant l’utilisation du VPN, ciblant principalement « les appareils gouvernementaux et d’État », rejetant la décision comme une « erreur commise à un moment inapproprié ».
Jahromi a affirmé qu’il était interdit aux entités étatiques d’utiliser des VPN en raison de préoccupations concernant les cybermenaces et le piratage. Cependant, ses déclarations semblent à la fois confuses et contradictoires, d’autant plus que le gouvernement Raïssi est responsable de l’application du filtrage d’Internet, ce qui rend absurde l’utilisation des VPN par le gouvernement.
Les analystes pensent que la mention par Jahromi d’un « timing inapproprié » suggère que cette directive a été publiée à la veille des élections, alors que le régime s’efforce de contrer un boycott généralisé à l’échelle nationale. Généralement, avant les élections, le régime cherche à créer un faux sentiment de liberté par la propagande.
Selon l’article 6 de la nouvelle résolution du SCC, l’utilisation de VPN (Virtual Private Networks) était généralement interdite. La nouvelle interdiction, confirmée par Khamenei le 9 janvier, a déclenché de nombreuses réactions tant au niveau national qu’international.
Auparavant, la vente de VPN était interdite, mais c’est la première fois que leur utilisation est formellement interdite, une décision qui a suscité les moqueries même dans les cercles du régime. Mohammad Jafar Nanaakar, un expert juridique en cyberespace, a commenté : « Cette résolution manque d’application concrète dans sa clause d’interdiction… Les auteurs ne sont pas des experts juridiques et supposent que l’interdiction va tout arrêter, mettant fin complètement à l’utilisation du VPN. »
Les responsables de l’État avancent diverses justifications pour justifier l’interdiction des VPN, l’une étant la « promotion des produits nationaux ». Ils soutiennent que l’utilisation du VPN pourrait détourner les utilisateurs des plateformes nationales vers des plateformes hébergées principalement à l’étranger, au détriment des entreprises iraniennes.
Une autre raison citée par les responsables est « la lutte contre la guerre douce menée par les ennemis ». Les autorités affirment que « les adversaires de l’Iran cherchent à promouvoir la culture et les valeurs occidentales et à saper l’Iran à travers le cyberespace». Ils soutiennent que l’utilisation du VPN pourrait aider ces « ennemis » à atteindre leurs objectifs.
Il est également essentiel de considérer l’aspect profiteur du régime. En appliquant le filtrage, ils incitent les gens à utiliser le VPN. Les sociétés développant des VPN, en grande partie détenues ou affiliées à des entités publiques, profitent énormément de cette situation. Désormais, en criminalisant l’utilisation du VPN, ils recherchent une autre forme d’exploitation par le biais d’amendes.
L’interdiction de cet outil entraînera de nombreux défis et conséquences. L’un de ces défis est la restriction accrue de l’accès à l’information. De nombreux sites Web et réseaux sociaux étant déjà filtrés, les utilisateurs iraniens ont été contraints d’utiliser des VPN pour y accéder. Aujourd’hui, avec l’interdiction de l’utilisation du VPN, l’accès à ces sources d’informations devrait être extrêmement limité.
Un autre défi est la réduction de la prospérité des entreprises en ligne. De nombreuses entreprises iraniennes en ligne opèrent via des plateformes étrangères comme Instagram et Telegram pour fournir des services aux clients nationaux. Ces plateformes devenant inaccessibles, ces entreprises seront confrontées à des obstacles importants.
De plus, l’interdiction de l’utilisation des VPN pourrait alimenter un mécontentement public accru. De nombreux Iraniens sont déjà mécontents de la censure généralisée f les sites Web et les réseaux sociaux, considérant les VPN comme un moyen de contourner ces restrictions.
A l’inverse, la première préoccupation du régime réside dans l’effondrement potentiel de ses mécanismes de censure. Cette crainte tourmente les dirigeants religieux depuis des années et leurs premières tentatives pour établir un Internet national ne se sont pas encore concrétisées.
Auparavant, les crimes et les tragédies tels que le massacre de 1988 étaient commis par les dirigeants sans aucune couverture médiatique. Cependant, aujourd’hui, toute mauvaise conduite du régime se propage rapidement sur les réseaux sociaux, atteignant en un rien de temps la conscience de la communauté mondiale. Dans ce contexte, la volonté de criminaliser l’utilisation des VPN semble être un effort visant à réprimer les dénonciations et la dissidence.
Si cette mesure était appliquée, la grande majorité des Iraniens seraient qualifiés de « criminels » et passibles d’amendes. Après la façade des élections du 1er mars, il reste incertain si le régime trouvera un autre prétexte pour justifier l’interdiction des VPN. De toute évidence, le régime persistera à imposer ses efforts de censure et le monde peut lutter efficacement contre cette situation.
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