lundi 21 avril 2014

Iran : Redoutant la colère populaire contre le raid à Evine, les autorités tentent de le dissimuler sous des contradictions

                           
                                           la prison d’Evine de Téhéran 

La colère et l’indignation générales contre le raid des pasdarans et des agents du renseignement (VEVAK) contre les prisonniers politiques et partisans de l’OMPI à la prison d’Evine de Téhéran, et l’ampleur des condamnations à l’échelle internationale des violations des droits humains en Iran a glacé les autorités au point que pour se justifier et minimiser ce raid, elles n’hésitent pas à se perdre dans des contradictions.
Alors que le 19 avril, le mollah Alavi, ministre du Vevak annonçait la publication sous peu d’un communiqué à ce sujet, le ministre du système judiciaire Mostafa Pour-Mohammadi affirmait le lendemain qu’un ou deux détenus avaient été légèrement blessés.

« Une enquête préliminaire a été mené à cet effet et ce rapport montre que les informations publiées n’étaient pas correctes et qu’il ne s’agissait que d’une inspection ordinaire de section », a-t-il expliqué avant d’ajouter que « les inspections ont montré que des objets interdits ont été trouvés dans la section. Dans deux pièces, il y a eu de la résistance, mais bien sûr pas d’affrontement sérieux, et pas plus d’un ou deux détenus n’ont été légèrement blessés et ils se sont remis en recevant les premiers soins. » (Agence Mehr du Vevak, 20 avril 2014)

Pour-Mohammadi, un des responsables du massacre de 30.000 prisonniers politiques en 1988, a continué en justifiant la privation de parloir des détenus en disant que les familles avaient requis des visites urgentes mais que rien ne s’était passé pour qu’elles en fassent la demande.

D’autre part le 20 avril, Mottahari, un député des mollahs, à la suite du rassemblement des familles devant le parlement du régime, a voulu dans ses commentaires dégager le Vevak de toute responsabilité : « Je pense que ces affrontements ont eu lieu dans deux scénarios ; soit c’était une erreur de calcul, soit des gens cherchaient à créer des problèmes au nouveau gouvernement. A part ça, je doute que quiconque soutenant le pays et le gouvernement feraient une chose pareille ».  « Ils pensaient que le ministère du Vevak n’était pas au courant. Malheureusement, certains n’écoutent pas les conseils donnés par l’Etat et causent des problèmes au pays à l’intérieur comme à l’étranger. »

De son côté, Aladdin Boroujerdi, le président de la commission de la sécurité du parlement des mollahs et un proche de Khamenei, a convoqué Gholam-Hossein Ismaïli, le chef de l’Organisation pénitentiaire, pour briefer la commission.

Ismaïli a reconnu que cet assaut violent avait eu lieu par peur des condamnations du régime sur la scène internationale, comme la résolution du Parlement européen sur les droits humains, et pour empêcher les prisonniers de dénoncer les crimes du régime.

« Je pense qu’après la déclaration de l’Union européenne, ceux qui sont dans le pays et qui se sont vendus à l’ennemi cherchent à amener l’opinion publique internationale à croire leurs mensonges pour qu’elle se joigne à eux. Cependant les mesures prises par nos collègues ont toutes été calculées avec attention », a-t-il dit. « Cette foi, les mesures prises par l’organisation pénitentiaire (…) ont bien mieux réussi que les précédentes ; parce que plus de liens ont été coupés entre les prisonniers, même s’il faut les amener à zéro. Il leur a été difficile de nous voir mener ces actions. » (Agence Tasnime, affiliée à la Force terroriste Qods, 20 avril 2014)

« L’équipe de l’organisation pénitencière a inspecté la prison d’Evine selon le programme (…) les détenus de deux salles n’ont pas voulu sortir et la plupart étaient membres des courants de la discorde et de la sédition (…) et ils se sont mis à résister et à insulter l’équipe d’inspection (...) l’équipe d’inspection qui était composée d’individus autres que les employés actuels de la prison, a fait sortir de force ces détenus », a-t-il ajouté. (Agence IRNA, 20 avril 2014)

Ismaïli a totalement démenti que plusieurs prisonniers avaient été blessés : « Dans cette inspection, il n’y a pas eu de blessés ni d’affrontements et personne n’a été hospitalisé (…) Les ennemis de l’Etat dont beaucoup sont en prison, essaient de répandre des rumeurs sur cette affaire et de l’exploiter sur un plan politique (...) et en gonflant cette histoire et en répandant des rumeurs et des mensonges, ils ont voulu créer de nouveaux troubles contre l’Etat. » (Site du Majlis, 20 avril 2014). Par ailleurs, il a menacé les prisonniers en disant : « l’organisation pénitentiaire a déposé plainte contre les rumeurs répandues par divers détenus et l’a portée devant les autorités judicaires. »

Naghavi Hosseini, le porte-parole de la commission de la Sécurité nationale au parlement des mollahs, a déclaré de son côté : « A mes yeux, ces prisonniers ont résisté parce que les éléments du sionisme, les Monafeghine (nom utilisé par les mollahs pour dénigrer l’Ompi) et les séditieux font du tapage contre l’Iran sur la scène internationale. C’est pourquoi ils ont voulu profiter de l’occasion pour créer un tumulte et des tensions contre la république islamique d’Iran. Et les familles prétendent qu’il y a eu des morts, que certains ont eu la main arrachée et d’autres la tête coupée. »

Kouchakzadeh, un autre député des mollahs a jugé ces allégations ridicules et que c’était un mensonge de dire que quelqu’un avait été frappé en prison. « Si quelqu’un m’insulte, je vais réagir vivement. Si quelqu’un dit quelque chose à un gardien de prison, il pourrait y avoir une bagarre !”

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