lundi 28 décembre 2020

Iran : Quatre exécutions en un jour, dont trois membres de minorités ethniques


CSDHI – Un jour seulement après Noël, le régime iranien a relevé son record de peine de mort pour 2020 à 254 cas. Il augmente donc de quatre nouvelles exécutions, dont trois prisonniers baloutches iraniens.

Quatre prisonniers pendus en une journée

Le 26 décembre, les autorités iraniennes ont exécuté au moins quatre prisonniers, selon l’association des droits humains, Non à la prison – Non à l’exécution. Les autorités iraniennes ont exécuté les sentences. Elles ont eu lieu à la prison centrale de Zahedan, dans le sud-est de l’Iran, et à la prison centrale de Qom, dans le sud-ouest de Téhéran.

Pendant ce temps, à Zahedan, les gardiens de prison ont emmené Yasin Abdollahi, 43 ans, à la potence. Cependant, au dernier moment, ils ne l’ont pas exécuté. Il est à noter que les autorités iraniennes recourent fréquemment à des exécutions simulées pour briser le moral des prisonniers. Depuis le début de l’année 2020, le régime iranien a exécuté au moins 254 détenus, dont 16 femmes et 8 mineurs délinquants, selon les groupes de défense des droits humains.

Le prisonnier politique baloutche Abdolhamid Mir-Balouchzehi

Mostafa Neili, avocat du prisonnier politique Abdolhamid Mir-Balouchzehi, a annoncé que les autorités ont pendu ce prisonnier politique, samedi 26 décembre au matin. Il avait 30 ans. Il était originaire de la ville d’Iranshahr, dans l’ouest de la province du Sistan-Baloutchistan.

Deux jours auparavant, les responsables carcéraux avaient contacté la famille de Mir-Balouchzehi pour la dernière visite. A la suite de cette dernière visite, sa famille a annoncé que la peine de mort de leur proche allait être exécutée samedi matin. Pourtant la justice avait enregistré un appel pour une révision de l’affaire. Malgré cela, le régime a soudainement pendu ce prisonnier politique.

« Le site des services judiciaires a enregistré un appel pour la révision du cas d’Abdolhamid Mir-Balouchzehi. Nous attendons que le cas soit révisé. Mais sa famille m’a informé aujourd’hui que les autorités l’ont transféré du quartier général de la prison de Zahedan. Ils craignent qu’il ne soit exécuté. Je demande instamment aux autorités judiciaires d’arrêter l’application de ce verdict si la nouvelle est véridique », a tweeté Neili le 24 décembre.

En novembre 2015, les forces de sécurité de l’État (SSF) ont arrêté Mir-Balouchzehi. La justice l’a accusé d’être impliqué dans des tirs contre une patrouille des gardiens de la révolution (les pasdarans).

En mai 2017, la branche 1 du tribunal révolutionnaire de Zahedan, présidée par Seyed Reza Javad Moussavi et Mehraban Bameri, a condamné Abdolhamid Mir-Balouchzehi à 15 ans de prison. La condamnation était basée sur des aveux obtenus sous la torture. Cependant, sous la pression du département du renseignement des pasdarans, le tribunal a condamné Mir-Balouchzehi à mort.

Le tribunal a également condamné à mort Javid Dehghan. Il a par ailleurs condamné Mahmoud Kalkali, Omid Imani, et Alireza Bampouri à 15 ans de prison en tant que complices de Mir-Bluchzehi.

Mir-Baluchzehi et d’autres prisonniers ont maintes fois rejeté les accusations. Ils ont révélé les tortures et les mauvais traitements inhumains des interrogateurs. Citons notamment la nudité forcée, la flagellation, les comportements humiliants et insultants.

Deux autres exécutions à la prison centrale de Zahedan le 26 décembre

En outre, les militants des droits humains ont rapporté que le régime iranien a pendu deux autres détenus en même temps que l’exécution du prisonnier politique Abdolhamid Mir-Baluchzehi à la prison centrale de Zahedan. Il s’agit de Mehraban Barahouei, 60 ans, et de Khodadad Nohatani, 73 ans.

Mehraban Barahouei pendu malgré son innocence

Le autorités carcérales ont détenu Mehraban Barahouei, fils d’Ahmad Khan, dans le quartier 4 depuis près de trois ans. Les autorités avaient porté contre lui des accusations liées à la drogue. Finalement, le 23 décembre, les gardiens de la prison l’ont transféré en isolement pour appliquer la peine de mort.

« M. Barahouei transportait des passagers avec sa voiture privée. Une fois, un passager a laissé de la drogue dans sa voiture et les SSF l’ont immédiatement capturé le 27 décembre 2017 », a déclaré une source familière avec l’affaire.

« Mehraban Barahouei s’est plaint que la cargaison de drogue ne lui appartenait pas. Comme il n’avait pas de casier judiciaire, la Cour suprême a écarté sa peine. Cependant, le juge de la branche 1 du tribunal révolutionnaire de Zahedan, Mehraban Bameri, l’a condamné à mort. Par la suite, le successeur de Bameri, Seyed Reza Javad Moussavi, a approuvé la peine de mort », a ajouté la source.

Le 24 décembre, Mohsen Afzali, l’avocat de Barahouei, a conseillé aux Barahouei de soumettre leur plainte au département de l’exécution des peines, à la Cour suprême, à la magistrature et au ministère de la justice pour suspendre la peine de mort conformément à l’article 477 du code pénal. Cependant, deux jours plus tard, ils ont été stupéfaits par l’exécution de leur proche.

Khodadad Nohatani exécuté à l’âge de 73 ans

Le même jour, lesautorités iraniennes ont pendu Khodadad Nohatani, 73 ans, dans la cour de la prison centrale de Zahedan. Les autorités l’avaient arrêté il y a deux ans et demi sur la base d’allégations de trafic de drogue.

D’une part, le régime iranien est particulièrement « célèbre » pour ses épurations de dissidents. A chaque fois, il prétexte des accusations liées à la drogue. D’autre part, en vertu de la loi anti-drogue iranienne, les responsables judiciaires ne peuvent pas prononcer de condamnation à mort pour des accusations liées à la drogue. A moins que le coupable n’ait récidivé une troisième fois.

Cependant, pour répandre la peur et l’étouffement dans la société, les autorités iraniennes utilisent constamment la peine de mort pour étouffer toute opposition dans l’œuf. Elles dissuadent ainsi les personnes indignées de protester. En d’autres termes, les mollahs ont recours aux exécutions comme instrument politique et oppressif pour faire taire les griefs.

Source : INU 

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