dimanche 31 janvier 2021

Iran : non aux concessions à un régime scélérat


 Récemment, les Gardiens de la révolution des mollahs ont saisi un navire battant pavillon de la Corée du Sud dans le détroit d’Hormuz dans le cadre d’une tentative visant à forcer le gouvernement sud-coréen à libérer sept milliards de dollars d’actifs iraniens qui restent gelés conformément aux sanctions américaines. Par la suite, des responsables iraniens ont fait l’apologie de la stratégie des pasdaran et de l’ensemble du régime.

Alors que Téhéran se sert du pétrolier comme monnaie d’échange, il utilise également une stratégie familière qui peut facilement être comparée à la tactique du « bon flic, mauvais flic ». Les responsables iraniens qui négocient actuellement avec la Corée du Sud se présentent activement comme des observateurs innocents dans cette situation, alors que les pasdaran et d’autres radicaux menacent tacitement de nuire aux marins du navire et à la sécurité future de la navigation internationale à moins qu’ils ne jouissent d’une certaine complaisance.

Malheureusement, de nombreux décideurs occidentaux ne parviennent toujours pas à saisir la nature du régime. Il n’y a vraiment aucune excuse à cette cécité.

Cette division modérée/radicaux est une fausse dichotomie, mais qui permet à certains responsables iraniens de jouer le « bon flic » en faisant valoir que des concessions sont nécessaires pour contraindre les extrémistes sur lesquels ils n’auraient autrement aucun contrôle. Actuellement, cette stratégie est appliquée aux biens gelés dans le contexte d’un navire détenu, mais dans le passé, elle a également été utilisée pour obtenir des concessions des Occidentaux concernant un grand nombre de sujets, des échanges individuels de prisonniers à l’accord nucléaire de 2015.

Il faut que la communauté internationale reconnaisse cette stratégie pour ce qu’elle est et cesse de croire que les « modérés » et les « radicaux » du régime en Iran sont réellement en conflit les uns avec les autres. Heureusement, il y a des signes que de plus en plus de décideurs occidentaux adoptent des points de vue plutôt sceptiques concernant le régime des mollahs.

Cependant, il y a encore du chemin à parcourir pour un traitement identique envers les deux factions. En attendant, l’Union européenne continue de promouvoir des discussions amicales avec les représentants des mollahs comme Hassan Rohani et Javad Zarif, tout en refusant de les tenir responsables des actes d’entités extrémistes comme les pasdaran.

Le point de vue des décideurs politiques occidentaux n’est peut-être pas directement lié à la situation des pétroliers, mais il a de fortes chances d’influencer les décideurs politiques du monde libre dans leur réflexion sur la manière d’interagir avec Téhéran dans la conjoncture actuelle. Les pourparlers entre les responsables iraniens et une délégation sud-coréenne en visite ont commencé quelques jours seulement après la saisie, et rien n’indique que les Coréens aient reçu des mises en garde de la part de ceux qui se sont familiarisés avec les provocations de Téhéran au fil des ans.

Si les puissances occidentales avaient adopté de façon appropriée des politiques fermes, elles trouveraient sûrement la motivation de rappeler à leurs alliés ailleurs dans le monde, y compris les Coréens, que leurs intérêts ne chevauchent pas ceux des soi-disant « modérés » de l’Iran. Bien au contraire, des figures comme Rohani et Zarif ont une longue histoire de coopération ouverte avec leurs supposés adversaires purs et durs. En 2019, Zarif est même allé jusqu’à se vanter auprès des médias officiels qu’il tenait des réunions hebdomadaires avec Qassem Soleimani, commandant de la force Qods affiliée aux pasdaran qui, au début de l’année suivante, a été tué par une frappe de drones américains alors qu’il planifiait des opérations terroristes en Irak.

Des rappels de cette coordination « modérés/radicaux » devraient être mis en branle chaque fois qu’un incident comme celui de la saisie d’un pétrolier a lieu et que les responsables gouvernementaux tentent de le dépeindre comme étant hors de leur contrôle et contre leur volonté. De telles affirmations sont toujours trompeuses et représentent des tactiques qui ont été efficaces pour obtenir des concessions pour la dictature théocratique dans diverses situations.

Si la Corée du Sud accepte de libérer les avoirs iraniens, cette décision ne constituera peut-être pas un exemple particulièrement flagrant de cette tendance. Mais du seul fait d’être le dernier exemple, cela soulèvera nécessairement des inquiétudes quant aux autres concessions qui pourraient être faites. Cette situation est alarmante pour plusieurs raisons.

Si la communauté internationale donne à l’Iran l’impression que le récit des factions « modérés/radicaux » est toujours plausible, le régime sera encore plus susceptible d’exploiter ce récit pour faire porter la responsabilité des violations de l’accord nucléaire aux « radicaux ». De nouvelles concessions, ou tout au moins une absence totale de responsabilité, seraient alors recherchées par les « modérés », tandis qu’une grande partie du monde reste ignorante du fait que ces deux factions ne font en réalité qu’une.

On ignore de combien d’autres façons le régime pourrait chercher à exploiter ce même récit juste au cours de l’année à venir. Mais il est facile de voir à quels types d’incidents ce récit serait appliqué. Il y aurait plus de saisies dans le détroit d’Hormuz, plus d’arrestations douteuses de ressortissants étrangers et ayant la double nationalité à l’intérieur de l’Iran, et peut-être plus de violations de l’accord nucléaire motivées par des infractions perçues comme telles et sur lesquelles le régime tout entier s’accorde publiquement, même si les « radicaux » semblent agir seuls en émettant de nouvelles demandes avant d’envoyer les « modérés » négocier pour eux.

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