A 40 ans et souffrant d'une grave maladie cardiaque, Afchine Baymani est prisonnier politique à la sinistre prison de Gohardacht en Iran, est privé de traitement médical. Une forme de torture que le régim iranien pratique couramment.
Il a fait sortir des murs, une lettre bouleversante sur sa situation. Il est incarcéré depuis l'an 2000 pour avoir aidder son frère à échapper à une arrestation. Il est condamné à perpétuité. Voici un extrait de cette lettre :
Apportez moi la corde qui va me pendre
Il y a seize ans quand j'étais en isolement, après plusieurs mois d’interrogatoires, j’ai dis à mon interrogateur : "Je n’ai rien fait, pendant combien de temps on va encore me garder en isolement et quand est-ce qu'on va me libérer ? Il a souri et m'a dit, « si tu es un bon gars et si tu fais ce qu’on te dit, ton dossier est prêt et tu seras bientôt être libéré.»
Le temps a passé…
Quand on m’a emmené au tribunal, j’ai demandé aux officiers pourquoi ça prenait si longtemps pour y arriver. Ils se sont mis à rire et ont dit qu’un voyage d'une heure au parc en compagnie de Haji (le responsable religieux) verrait mon cas différé d’un an.
Je n'avais pas compris.
Au tribunal, j’ai demandé au juge quand est-ce qu’il ordonnerait ma libération. Il m’a regardé et a dit qu’il ne me laisserait pas croupir en prison plus de 5 ans.
Un matin, au centre de détention 209, ils m’ont emmené dans une salle d'interrogatoire où Jafari, l'homme en charge des affaires judiciaires, était présent. Il sonnait exactement 9 heures du matin quand il m'a donné un fichier de 20 pages et m'a demandé de le lire et de signer. J'ai été ravi et j'ai commencé à lire. Aucun des paragraphes ne me concernait. Le nom d'un avocat y était également mentionné, mais je ne l'avais jamais vu. La fin du document notifiait que j’avais été condamné à mort. J'ai dit à Jafari que ce dossier n'avait rien à voir avec moi. Il a répondu : " Signe-le. Je suis pressé. Que cela te concerne ou pas, c'est quelqu’un d’autre qui décide." Comme c’était la première fois que je me trouvais dans cette situation et que je ne comprenais pas le terme « exécution » sans contrôle particulier, j’ai signé.
Après un certain temps, j’étais tellement sous pression que j’ai souhaité qu’ils m’exécutent. Pendant cinq ans, j’ai enduré cette souffrance pour moi et pour ma famille.
Dans ma septième année de prison, j’ai vu un interrogateur. Je lui ai dit que je voulais être exécuté pour échapper à cette vie humiliante. Il a souri et m’a dit qu'ils allaient me traiter de telle manière que je souhaiterais la mort une centaine de fois par jour... Je ne l’ai pas cru, mais dix ans après cette rencontre, je sens qu'il me disait la vérité...
Maintenant, je demande à toutes les institutions internationales et iraniennes d’au moins exhorter le régime à me recondamner à mort et à me pendre en compagnie de mes douzaines de codétenus qui sont exécutés chaque semaine dans cet abattoir de Gohardacht pour que je puisse enfin être libéré de cette vie remplie de mensonges, d’horreur et de tromperies et que je n’aie plus à souffrir de l’exécution de mes amis.
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