lundi 21 août 2017

Le gouvernement français et l'UE devraient exiger une enquête complète de l'ONU sur le massacre de 1988 (Struan Stevenson)

 Struan Stevenson président de l'European Iraqi Freedom Association (EIFA) et auteur d’un ouvrage sur l’opposition iranienne participait à une conférence en marge d’une exposition sur les droits de l’homme en Iran, à la Mairie du 1er arrondissement de Paris. Membre du Parlement eu-ropéen (1999-2014), il a présidé la délégation du Parlement européen pour les relations avec l'Iraq (2009-14).
Les intervenants ont souligné que la question des Droits de l’homme, devrait être au cœur de la poli-tique à l’égard de l’Iran. Ils ont appelé les Nations Unies, l’UE et les États-Unis à mettre la question des violations flagrantes et systématiques des Droits de l’Homme en Iran dans leurs priorités.

L’exposition était consacrée au massacres de 1988 en présence du Maire du 1er arrondissement de Paris, Jean-François Legaret, jeudi 17 août 2017, et des défenseurs des droits de l’hommes.
Voici un extrait de l’intervention de Struan Stevenson :
« Je voudrais remercier M. le maire, Jean François Legaret et la municipalité du 1er arrondissement de Paris pour avoir organisé cet important événement en mémoire des victimes du massacre de 1988 en Iran. C'est une excellente contribution aux droits de l'homme et un rappel à nos politiciens européens que le respect des droits de l'homme, des droits des femmes et de la démocratie, sont des valeurs européennes et universelles qui ne doivent pas être compromises et oubliées pour les intérêts économiques.
C'est peut-être la raison pour laquelle la visite de Federica Mogherini, la Haute Représentante européenne pour les affaires étrangères, en l'Iran le 5 août dernier a surpris le monde. Elle était allée à Téhéran aux frais des contribuables de l'UE pour célébrer l'investiture du président Hassan Rohani alors qu'il commençait son deuxième mandat. Rohani a été salué en Occident en tant que modéré et réformiste, en dépit du fait que plus de 3000 personnes, dont 80 femmes, ont été exécutées au cours des quatre années où il a été en fonction. L'Iran est ainsi en première position mondial pour le nombre d'exécution par tête d’habitant. Plusieurs centaines de personnes ont été exécutées cette année, y compris des femmes et des adolescents. Trois jours avant l'arrivée de Mogherini à Téhéran, Amnesty International a publié un rapport de 94 pages sur le « réseau d’oppression » en Iran, détaillant la situation catastrophique des droits de l'homme dans le pays.
Plusieurs milliers de femmes ont été emprisonnées, coupables de s'être opposer au régime oppresseur des mollahs ou d'avoir essayé de faire respecter les droits de l'homme. Maryam Akbari Monfared a été injustement emprisonnée depuis 2009 et son frère et sa sœur ont été assassinés pendant le massacre de 1988. Même les femmes de double nationalité comme Nazanin Zaghari-Ratcliffe, une travailleuse sociale anglaise de 38 ans et mère d'une fillette de 3 ans, a été condamnée à 5 ans de prison dans la sinistre prison d'Evin de Téhéran. Le tout basé sur des accusations d'espionnage trompeuses et ridicules, suite à un procès simulé de 45 minutes.
Je voudrais revenir sur le massacre effroyable des prisonniers politiques qui a eu lieu en 1988. Les exécutions de masse dans les prisons à travers l'Iran ont été menées sur la base d'une fatwa par le Guide suprême du régime, le criminel Khomeini. Il a nommé une « Commission de la mort » pour superviser le massacre. La « Commission de la mort » comprenait Mostafa Pourmohammadi, qui, jusqu'au début de ce mois, était le ministre de la Justice de Rohani. Au fur et à mesure que le scandale du massacre de 1988 a pris de l’ampleur, Rohani écarta Pourmohammadi pour le remplacer par un autre assassin, à savoir Alireza Ava’i. Ce nouveau ministre de la Justice a été procureur en 1988 dans la ville de Dezful dans la province de Khouzistan. Sur la base de rapports de témoins et de différents anciens détenus, Ava’i a ordonné que les détenus mineurs de moins de 18 ans, y compris les filles, soit exécutés par groupes de trois.
La majorité des prisonniers politiques massacrés étaient des partisans du mouvement des Moudjahidine du peuple d'Iran (l'OMPI). Des parodies de procès ont été organisés à Téhéran et ailleurs à travers l'Iran et les prisonniers politiques de l'OMPI ont été traînés devant des juges islamistes qui leur demandait s'ils soutenaient l'OMPI. Ceux qui ont répondu oui ont été condamnés à une exécution immédiate. Ces simulacres de procès duraient en moyenne moins de 2 minutes. On estime que 30 000 prisonniers politiques ont été pendus en lots de dix à des grues toutes les quinze minutes de l'aube au crépuscule entre août et décembre 1988, dans une atrocité qui doit sûrement être l'un des crimes les plus horribles contre l'humanité de la fin du XXe siècle.
Je tiens à exprimer ma gratitude à la Président de la Résistance iranienne, Madame Maryam Rajavi, pour avoir lancé cette campagne internationale pour demander justice pour les victimes de ce massacre resté impuni.
Pour conclure, je pense que le nouveau gouvernement français devrait faire des droits de l'homme une priorité dans ses relations avec ce régime. Nous nous attendons à ce que le président Macron insiste sur un moratoire dans les exécutions et insiste sur un progrès palpable des droits de l'homme en Iran. Le gouvernement français et l'UE devraient également exiger une enquête complète de la part des Nations Unies sur le massacre de 1988. Khamenei, Rohani et leur clique de mollahs accusés de crimes contre l'humanité doivent être traduits devant une tribunal internationale à La Haye.

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