dimanche 13 août 2017

Une experte des droits de l'ONU indignée par l'exécution en Iran d'un jeune homme condamné quand il était enfant

 ONU, Genève, le 11 août 2017 (traduit de l’original en anglais) - La Rapporteuse spéciale des Nations Unies sur la situation des droits de l'homme en Iran, Asma Jahangir, a exprimé son indignation face à l'exécution d'un jeune homme qui avait été condamné à mort quand il était enfant.
Alireza Tajiki avait été arrêté à l'âge de 15 ans en 2012 et condamné à mort en 2013 à l'âge de 16 ans.
Il a été exécuté le 10 août malgré les interventions répétées des experts des droits humains des Nations Unies qui ont déclaré que la peine de mort ne devait jamais être utilisée contre un enfant. Ils ont noté que M. Tajiki aurait été torturé et n'avait pas eu de procès équitable.

« Je suis affligée à l'extrême d'apprendre que cette exécution s'est déroulée, bien qu'elle ait été reportée à deux reprises à des dates antérieures prévues », a déclaré la Rapporteuse spéciale.
L'experte en droits humains a souligné que la peine de mort de M. Tajiki avait été confirmée suite à des procédures judiciaires qui ne répondaient pas aux normes internationales acceptables d'un procès équitable ou d'une procédure régulière.
«Je suis profondément préoccupée par le fait que le tribunal se soit appuyé sur l'utilisation de « confessions » forcées, qui auraient été obtenues sous la torture, notamment par des coups, des coups de fouets et la suspension par les bras et les pieds », a-t-elle déclaré. « Il n'y a pas eu d'enquête sur ces allégations de torture.»
« M. Tajiki a également subi des violations de ses droits à la défense, par exemple en se voyant refuser l'accès à un avocat pendant toute la durée du processus d'enquête et de sa détention en isolement pendant 15 jours sans accès à sa famille.»
Mme Jahangir a ajouté : «Ce traitement serait inacceptable pour un adulte, mais pour un suspect enfant condamné après de graves violations de ses droits, puis exécuté malgré toutes les interventions, c'est vraiment choquant.»
La peine de mort de M. Tajiki avait été annulée en 2014 par la Cour suprême, mais il a été à nouveau condamné à mort par la Cour d'assises provinciale de Fars, qui a jugé qu'il avait une "maturité mentale" suffisante pour comprendre son crime supposé et être exécuté. Ce verdict a ensuite été confirmé par la Cour suprême.
«Je constate que l'Iran a ratifié à la fois le Pacte international relatif aux droits civils et politiques et la Convention relative aux droits de l'enfant, qui s'engagent à protéger et à respecter le droit de l'enfant à la vie », a souligné la Rapporteuse spéciale.
« Ces conventions interdisent également sans équivoque la condamnation à mort et l'exécution des personnes de moins de 18 ans. »
L'experte en matière de droits humains a rappelé que l'Iran a déjà exécuté trois autres délinquants juvéniles depuis janvier et que l'on sait qu'il y en a au moins 86 dans le couloir de la mort, bien que le chiffre exact soit plus élevé.
« Le gouvernement iranien doit immédiatement et sans condition arrêter de condamner des enfants à mort », a déclaré Mme Jahangir. « Il doit également commuer toutes les peines de mort existantes prononcées contre des enfants, conformément à ses engagements internationaux. »
Mme Asma Jahangir (Pakistan) a été désignée Rapporteuse spéciale sur la situation des droits humains en République islamique d'Iran par le Conseil des droits de l'homme en septembre 2016. Mme Jahangir a été élue présidente de l'Association du Barreau de la Cour suprême du Pakistan et Présidente de la Commission des droits humains du Pakistan. Au fil des ans, elle a été reconnue à l'échelle nationale et internationale pour sa contribution à la cause des droits humains et a reçu des récompenses majeures en matière des droits de la personne. Elle a beaucoup travaillé dans le domaine des droits des femmes, de la protection des minorités religieuses et de l'élimination du travail en servitude. Elle est une ancienne rapporteuse spéciale sur les exécutions sommaires et sur la liberté de religion.
Les rapporteurs spéciaux et les groupes de travail font partie de ce que l'on appelle les Procédures spéciales du Conseil des droits de l'homme. Les procédures spéciales, le plus grand nombre d'experts indépendants du système des droits de l'homme des Nations Unies, sont le nom général des mécanismes indépendants d’enquête et de surveillance du Conseil qui traitent soit des situations nationales spécifiques, soit des problèmes thématiques dans toutes les régions du monde. Les experts des Procédures spéciales travaillent sur la base du bénévolat ; Ils ne sont pas membres du personnel de l'ONU et ne reçoivent pas de salaire pour leur travail. Ils sont indépendants de tout gouvernement ou organisation et servent à titre individuel.

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