Le 23 juillet, le jeune compositeur iranien Youssef Emadi, détenu à la prison d’Évine, a été transféré dans un lieu inconnu. Selon certaines sources, il a été transféré à la section 2A des gardiens de la révolution dans la prison d’Évine. La famille du prisonnier a reçu des informations contradictoires concernant son sort et après 12 jours ils ne savent toujours rien de son état.
Youssef Emadi a été accusé de « propagande contre le régime » à cause de ses liens avec les médias étrangers.
Youssef Emadi, Mahdi et Hossein Rajabian ont été arrêtés à Sari (au nord de l’Iran) pour leurs activités sur internet. Selon Amnesty International, Youssef Emadi a été inculpé pour avoir vendu des CD de musique sur le site web « Music Leaf ».
En décembre 2015, Youssef Emadi, Mehdi et Hossein Rajabian ont été condamnés à six ans d’emprisonnement par la branche 28 de la Cour révolutionnaire. Ces peines ont été réduites à trois ans d’emprisonnement et à une amende de 20 millions de tomans en cour d’appel.
On a refusé l’accès de ces trois détenus à un avocat indépendant pendant le procès et ils ont affirmé avoir fait des aveux sous la pression.
Les frères Rajabian ont été relâchés il y a quelques mois, mais Youssef Emadi est toujours détenu en prison et privé de ses droits fondamentaux.
La production artistique clandestine est foisonnante en Iran et elle est la voix de la révolte de la jeunesse désenchantée d’Iran. Le régime des mollahs considère que toute forme de musique rythmée et joyeuse est foncièrement « haram » (interdit par la religion, ndlr), tout comme jouer un instrument de musique en publique ou entendre la voix d'une femme chanter. Ainsi, on ne risque jamais de voir un concert de musique sur les chaînes iraniennes ou une femme faire valoir son talent en publique. Seule la forme traditionnelle, glauque et morose, est autorisée par les mollahs qui cherchent à anesthésier la société.
Depuis les années 1990, de jeunes artistes, à contre-courant du système, ont développé la musique pop en Iran, mais également le rock, le métal, le rap ainsi que le hip-hop persan. Bravant les interdits imposés par les autorités, une vie musicale souterraine vivace a pris forme dans le pays. Les compositions sont enregistrées dans des conditions difficiles, dans des studios de fortune installés dans les sous-sols, et les musiciens risquent de tomber dans les coups de filets menés régulièrement par la « police des moeurs ». Ils sont alors accusés de « collusion avec les groupes sataniques », « d'immoralité » et d'être des « instruments au service de l'offensive culturelle de l'Occident ».
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