mercredi 17 février 2021

La santé d’un dissident politique iranien, privé de traitement, se détériore

Hamed-Gharehoghlani

Hamed Gharehoghlani

CSDHI – La famille d’un dissident iranien récemment condamné à 14 ans de prison pour activisme pacifique a commencé à parler de son affaire. En effet, elle a dit que sa santé se détériore parce que les autorités iraniennes refusent de soigner son épilepsie sévère après l’avoir forcé à avouer des crimes de sécurité.

La santé d’Hamed-Gharehoghlani s’aggrave

Hanieh Gharehoghlani a donné une interview vidéo par Skype avec VOA Persian, jeudi, depuis son domicile à Oroumieh, dans le nord-ouest de l’Iran. Elle a déclaré que la santé de son frère Hamed, militant de 34 ans, s’était détériorée dans la prison centrale de la ville. Il y est détenu depuis juillet. Les agents des services du renseignement ont arrêté Hamed, le 27 juin. Il est membre de la minorité ethnique turque azerbaïdjanaise d’Iran. Ils l’ont interrogé pendant deux semaines avant de le transférer à la prison, selon l’organisation de défense des droits humains Amnesty International, basée à Londres.

Depuis lors, les autorités iraniennes ont refusé à Hamed le traitement médical dont il a besoin pour une forme sévère d’épilepsie. Il s’agit d’un trouble neurologique qui provoque des convulsions grand mal ou tonico-cloniques, a déclaré sa sœur. Les convulsions tonico-cloniques sont décrites par la Clinique Mayo, un centre de recherche médicale américain, comme le type de crise épileptique la plus dramatique. Elles peuvent provoquer une perte de conscience brutale, un raidissement et des secousses du corps. Et parfois une perte de contrôle de la vessie ou des morsures de la langue.

Hanieh Gharehoghlani a déclaré que l’état de son frère nécessitait un examen mensuel par un médecin spécialiste. Il a également besoin d’un examen neurologique tous les six mois. Cependant, les autorités lui ont interdit de recevoir un tel traitement dans un hôpital en dehors de la prison. Elle a ajouté que le médecin de la prison d’Oroumieh a également refusé de voir Hamed. Il prétend manquer de connaissances spécialisées sur l’état du détenu. Pendant ce temps, un psychiatre a eu une séance avec Hamed et l’a interrogé sur ses convictions politiques plutôt que d’évaluer son état émotionnel.

Les autorités iraniennes refusent de lui donner son traitement

La sœur de Hamed a déclaré que les autorités iraniennes ont également refusé de le laisser recevoir les médicaments prescrits par son médecin et apportés à la prison par des membres de sa famille.

Au début du mois, Amnesty International a envoyé un appel à ses sympathisants pour qu’ils écrivent au chef du pouvoir judiciaire iranien. L’organisation leur demande de l’exhorter à libérer Hamed Gharehoghlani. Et dans l’attente de cette libération, elle demande de lui garantir un accès immédiat et continu aux médicaments et aux soins de santé externes.

Hanieh Gharehoghlani a déclaré à VOA que les interrogateurs ont forcé son frère à avouer des crimes de sécurité. Ils l’ont menacé d’arrêter sa sœur et de tuer sa mère s’il n’obéissait pas. Elle a ajouté que les agents des services du renseignement l’avaient également convoquée, elle et sa mère, après l’arrestation de Hamed. Ils ont fait pression sur elles pour qu’elles gardent le silence sur son affaire. Ils leur ont fait signer des déclarations promettant de ne pas « insulter » le Guide suprême iranien, l’Ayatollah Ali Khamenei, ou les « Saintetés islamiques. »

Mme Gharehoghlani a rompu son silence sur cette affaire la semaine dernière. Elle s’est adressée à VOA et à la chaîne de télévision britannique Iran International.

VOA est incapable de vérifier de manière indépendante les circonstances de la détention de Hamed Gharehoghlani. Ou les interactions de sa famille avec les autorités iraniennes car il lui est interdit de faire des reportages à l’intérieur de l’Iran.

Il n’y a pas eu de reportage sur son cas dans les médias d’Etat iraniens ces derniers mois.

Appel à la libération de Gharehoghlani

Dans son message à ses partisans, Amnesty International a déclaré que Hamed Gharehoghlani a bénéficié d’un procès « manifestement inéquitable, le 28 septembre. » Il a duré 10 minutes. Et il n’a eu qu’une seule chance de rencontrer son avocat en prison, en présence d’agents des services du renseignement. Les autorités ne lui ont donné que quelques minutes pour jeter un coup d’œil sur le verdict le 29 novembre. Ensuite, elles lui ont demandé de signer une déclaration. Dans celle-ci, il reconnaît avoir reçu une notification de sa condamnation.

Le groupe de défense des droits a déclaré qu’un tribunal révolutionnaire d’Oroumieh avait condamné Gharehoghlani pour « insulte du Guide suprême », « diffusion de propagande contre le système » et « appartenance à un groupe qui se livre à une insurrection armée contre le système de la République islamique. » Le tribunal l’a condamné à 14 ans et un mois de prison. Il a déclaré avoir fait appel du verdict le 24 janvier.

Amnesty International, au secours d’Hamed-Gharehoghlani

Amnesty International a déclaré que la justice a condamné M. Gharehoghlani pour ses publications en ligne qui accusaient Khamenei de corruption. Elle l’a aussi condamné pour ses échanges en ligne avec des personnes qui seraient des partisans du groupe d’opposition en exil, les Moudjahidine du peuple d’Iran (MEK). Selon l’Iran, celles-ci l’auraient « incité » à déchirer des banderoles avec des images de Khamenei et du commandant militaire iranien Qassem Soleimani. Ce dernier est mort lors d’une attaque de drones américains en Irak en janvier 2020.

Dans son interview à VOA, Hanieh Gharehoghlani a déclaré que son frère n’est pas un sympathisant du MEK.

Amnesty International s’est dit préoccupé par le fait que l’Iran a condamné Hamed à une longue peine en raison de l’association actuelle de deux de ses parents exilés avec le MEK.

Les Etats-Unis ont dénoncé à plusieurs reprises le traitement sévère des prisonniers politiques en Iran. Ils ont alerté sur la répression violente des manifestants pacifiques anti-gouvernementaux ces dernières années. Depuis l’investiture de Joe Biden, le 20 janvier, les responsables américains n’ont pas commenté le mauvais bilan de l’Iran en matière de droits humains.

Source : VOA

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