samedi 13 février 2021

300 jours après leur arrestation, Ali Younesi et Amirhossein Moradi sont toujours sous pression et privés de leurs droits

Ali Younesi et Amirhossein Moradi

Ali Younesi et Amirhossein Moradi

CSDHI – 300 jours après leur arrestation, Ali Younesi et Amirhossein Moradi, deux étudiants d’élite de l’université Sharif, sont toujours détenus dans le pavillon 209 de la prison d’Evine.

Les deux étudiants enfermés depuis près d’un an à Evine

Ils ne sont ni inculpés ni n’ont accès à un avocat. L’ambassadeur de la République islamique a adressé une lettre aux Nations unies (ONU). Dans celle-ci, il tente de dissimuler des violations de leurs droits humains. Et pour cela, il profère de fausses allégations à leur encontre. Nous allons vous montrer de quelle manière il s’y prend.

Ali Younesi est un étudiant en ingénierie informatique à l’université de technologie de Sharif. Amir Hossein Moradi est étudiant en physique à l’université. Le régime des mollahs les a tous les deux arrêtés sans convocation légale le 10 avril 2020. Depuis lors, ils sont détenus dans le quartier 209 du ministère du renseignement (MOIS) dans la prison d’Evine.

Les Nations Unies alertent l’Iran au sujet des maltraitances subies par M. Younesi

Le 5 août 2020, un groupe d’experts des droits humains de l’ONU a écrit une lettre à l’ambassadeur de la République islamique aux Nations Unies. Les experts demandent instamment de « prendre toutes les mesures nécessaires pour garantir le droit de M. Younesi à ne pas être privé de sa liberté. Ils réclament aussi sa protection contre tout acte de torture et tout mauvais traitement et à bénéficier d’un procès équitable. »

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Dans cette lettre, ils expriment leur inquiétude quant à l’absence de procédure régulière et au maintien en détention sans inculpation, à sa détention cellulaire prolongée de 59 jours, au manque d’accès à un avocat de son choix, à l’accès limité au téléphone et aux visites avec sa famille ainsi qu’au risque éventuel de torture ou d’autres mauvais traitements en détention. Ils expriment également leur inquiétude quant au fait qu’Ali a contracté la COVID-19 après son transfert dans une petite cellule avec huit ou neuf autres détenus.

Javaid Rehman, le rapporteur spécial sur la situation des droits humains en République islamique d’Iran a signé la lettre. Et il n’est pas le seul. Se sont joints à lui, Elina Steinerte, vice-présidente du groupe de travail sur la détention arbitraire, Celement Nyaletsossi Voule, rapporteur spécial sur les droits à la liberté de réunion pacifique et d’association, Diego Garcia-Sayan, rapporteur spécial sur l’indépendance des juges et des avocats et Nils Melzer, rapporteur spécial sur la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants.

L’ambassadeur iranien réfute les tortures et profère de fausses accusations

Près de trois mois plus tard, l’ambassadeur a répondu dans une lettre datant du 29 octobre 2020. Dans celle-ci, il lance de fausses accusations contre Ali afin de nier et de minimiser les faits et les preuves présentés.

Le frère d’Ali, Reza Younesi, a publié la page de couverture de la lettre de l’ambassadeur sur Twitter. Il a qualifié les accusations portées contre son frère de « mensonges complets. »

Il a déclaré qu’Ali est toujours détenu dans le quartier 209 de la prison d’Evine, près de dix mois après son arrestation. Et ce, malgré les affirmations de l’ambassadeur selon lesquelles les autorités iraniennes ont transféré son frère au quartier général.

Faisant référence aux tortures qu’Ali a subies en détention, Reza a écrit : « En juillet dernier, lors de son interrogatoire public au Palais de Justice, qui visait à forcer des aveux devant les représentants des étudiants, on a révélé que l’œil d’Ali saignait depuis 60 jours après son arrestation (parce des agents du MOIS l’ont battu). Et on ne l’a pas envoyé à l’infirmerie. Même l’interrogateur du MOIS présent à la réunion, a confirmé et justifié les passages à tabac d’Ali et d’Amirhossein. Cependant, le représentant de la République islamique nie tout mauvais traitement dans sa lettre. »

Il qualifie en outre de « mensonge » l’affirmation de l’ambassadeur selon laquelle les agents ont interrogé Ali et Amirhossein en présence de leur avocat. Il écrit : « Pendant des mois, les avocats qu’ils ont choisis ont circulé entre le tribunal, Evine, le MOIS et le pouvoir judiciaire. Et ils n’ont toujours pas accès à l’affaire. »

La situation actuelle d’Ali Younesi et d’Amirhossein Moradi dans le quartier 209

La phase d’interrogatoire d’Ali et Amirhossein semble avoir pris fin. Maintenant, les deux étudiants d’élite attendent toujours de connaître les accusations et le procès. Ils n’ont pas accès à l’avocat de leur choix. Les autorités détiennent les deux jeunes gens dans les pires conditions d’insalubrité que le quartier 209 de la prison d’Evine peut « offrir. »

Des sources ont déclaré à IHR qu’Ali et Amirhossein sont privés de l’accès de base à l’air libre et aux appels téléphoniques.

Une source informée a déclaré : « Les autorités carcérales les ont emprisonnés dans le pavillon 209. Il s’agit d’un quartier de sécurité. Contrairement au quartier général, les responsables carcéraux ne les autorisent à sortir en plein air que deux à trois jours par semaine. En plus, ils ne peuvent passer qu’un seul appel téléphonique par semaine à l’extérieur de la prison. Les visites des familles n’ont lieu qu’une fois tous les quinze jours. »

Des conditions d’incarcération plus que rudes

En parlant des conditions de vie dans le quartier, la source a déclaré : « Il n’y a presque pas de chauffage dans le quartier. Les détenus doivent endurer le froid glacial de l’hiver. Le pavillon 209 n’a pas non plus accès à l’économat ou à la cuisine. Pourtant, c’est le cas dans le pavillon général. Les deux garçons doivent manger la nourriture de mauvaise qualité qu’on leur donne en prison. »

Selon la source, les responsables carcéraux autorisent Amirhossein et Ali à acheter des articles limités à l’extérieur de la prison, une fois par semaine. C’est avec leur propre argent qu’ils les paient. Mais pour cela, ils doivent avoir le consentement préalable des responsables de la prison.

Après presque deux mois d’isolement, les agents pénitenciers ont transféré les deux étudiants dans des cellules communes le 8 juin 2020.

Décrivant leur état actuel, une source a déclaré : « Les autorités détiennent Ali et Amirhossein dans de petites cellules. Celles-ci sont conçues pour être des cellules d’isolement. Néanmoins, en raison du nombre élevé de détenus, il y a actuellement quatre à cinq personnes entassées dans chaque cellule. »

Selon la source, les deux étudiants emprisonnés risquent toujours de contracter la COVID-19. En effet, le contrôle des nouveaux arrivants dans le service est insuffisant.

Source : IHR

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