mercredi 6 décembre 2017

MARYAM RADJAVI : CONDITIONNEZ VOS RELATIONS AVEC LE RÉGIME IRANIEN À L’ARRÊT DES EXÉCUTIONS



 Discours au Parlement européen à la veille de la Journée internationale des droits humains - Le 6 décembre 2017 Honorables eurodéputés Mesdames et Messieurs, C'est un grand privilège de me trouver à nouveau parmi les représentants des citoyens européens, des femmes et des hommes pionniers du monde moderne pour la défense de la démocratie et des droits humains. Au moment où je vous parle, la situation en Iran est dans un état explosif. Le mois dernier, un tremblement de terre dévastateur a ravagé l'ouest du pays. Néanmoins, il a mis en lumière un certain nombre de réalités majeures:
- La corruption généralisée qui règne au sein du régime, 

- L’état catastrophique des infrastructures du pays, 
- L’incapacité du gouvernement à résoudre les problèmes les plus élémentaires de la population, 
- Et la solidarité générale avec les victimes du tremblement de terre contre le régime.

Craignant l'éruption de la colère et de l'indignation de la population locale, le régime a envoyé ses gardiens de la révolution et ses forces anti-émeutes dans la région avant d'envoyer des secours. Mais cela n’a pas empêché les protestations et la fureur du peuple. La corruption du gouvernement est telle qu'une grande partie de l'aide de la population aux sinistrés a été volée avant d'atteindre les victimes.
Un autre signe du désir populaire d'un changement de régime s'est manifesté le 29 octobre, journée connue comme étant celle de « la Charte de Cyrus le Grand », première charte des droits humains rédigée il y a 25 siècles. Les forces répressives ont été mobilisées pour empêcher la population de se rendre sur sa tombe à Pasargades. Pourtant, des milliers de personnes à travers le pays ont pris la route de Pasargades, faisant de tout l’Iran le théâtre d’un face-à-face entre la population et la dictature religieuse.
La structure financière du pays est sur le point de s'effondrer. Il y a deux semaines, le ministre de l'Intérieur du régime a admis que quelque 150 actes de protestation avaient lieu chaque jour dans le pays. Un mouvement de protestation à l'échelle nationale s'est développé depuis un an, il est mené par des personnes dont les biens ont été pillés par des établissements financiers agréés par le gouvernement. A maintes reprises, ces manifestations se sont transformées en protestations politiques contre le régime dans son ensemble.
Entre-temps, le mouvement demandant justice pour les victimes du massacre de 1988, que la Résistance iranienne a organisé activement, s'est transformé en un vaste mouvement social. C'est l'une des principales raisons de l’échec de Khamenei à placer au pouvoir l'un des responsables de ce massacre. Le peuple iranien avait largement adopté la devise « ni bourreau, ni charlatan, je vote pour un changement de régime » qui visait les deux principaux candidats au simulacre d’élection présidentielle.
Dans son dernier rapport à l'Assemblée générale des Nations Unies, le Secrétaire général de l'ONU a noté la réception d'un grand nombre de plaintes émanant de familles de victimes.
Bref, la confrontation du peuple iranien avec la dictature religieuse s'intensifie chaque jour. Que font les mollahs pour sauver leur pouvoir ? Le régime a déjà épuisé ses ressources stratégiques. Sur le plan économique, il est au bord de la faillite. L'accord nucléaire n’a résolu aucun de ses problèmes.
Sur le plan social, il est devenu plus isolé que jamais. Il n'a pas réussi son plan stratégique de détruire sa principale opposition et n’a pas pu empêcher la réinstallation en Europe des membres de l'OMPI hors de la prison du Camp Liberty en Irak.
Dans ces circonstances, la solution des mollahs a consisté à réprimer et à exécuter davantage de personnes. Regardez le rapport du Rapporteur spécial des Nations Unies. Les promesses de Rohani se sont révélées être des mensonges visant à créer un faux sentiment d'espoir pour réduire la colère publique et induire en erreur la communauté internationale. Toutefois, ces mesures ne peuvent plus contenir une population assoiffée de changement. En fait, en apportant un soutien total à la répression exercée par les pasdaran à l’intérieur de l’Iran, en soutenant les groupes terroristes dans la région et le programme de missiles balistiques, Hassan Rohani s’est lui-même enlevé son masque trompeur de modéré.
Le deuxième moyen de survie du régime est d'augmenter son ingérence au-delà de ses frontières. Cette politique ne reflète pas la force du régime mais sa profonde crise interne, qu'il tente de dissimuler par ses ingérences dans la région. En effet, il cherche à mettre en œuvre une fausse démonstration de force pour décourager la communauté internationale d'adopter une politique de fermeté à son encontre.

Les dirigeants du régime, y compris Khamenei, Rohani et les commandants des pasdaran ont récemment fait quelques déclarations révélatrices : 

- Comme quoi ils continueront de s'ingérer dans la région, d'agresser et de soutenir le terrorisme en Irak, en Syrie, au Liban, au Yémen et ailleurs. 
- Qu'ils continueront de soutenir la dictature d'Assad.
- Qu'ils continueront de financer et d'armer les forces paramilitaires et terroristes qui lui sont liées dans la région. 
- Qu'ils poursuivront leur programme de missiles.

Ils ont répété que la raison pour laquelle ils sont aujourd'hui en mesure de contrôler la situation intérieure c’est « parce qu'ils ont une stratégie spécifique de lutte au-delà des frontières ».
Tant que la communauté internationale ne tiendra pas le régime iranien responsable de son comportement néfaste, les mollahs poursuivront leurs menées dangereuses. Tant que la communauté internationale aura l'illusion qu'en faisant des concessions, elle pourra contenir ce monstre, elle ne fera qu'aider le régime à poursuivre cette voie.
La solution est de faire preuve de fermeté et de ne pas faire de concessions. Le régime s'est engagé dans les négociations nucléaires et a fait un pas en arrière, uniquement lorsqu'il a craint que la poursuite des sanctions internationales ne provoque des révoltes massives en Iran.
Permettez-moi d'être explicite. L'UE a malheureusement abandonné ses valeurs pour promouvoir le commerce avec les mollahs. L'UE a fermé les yeux sur les violations flagrantes des droits humains en Iran.
La signature de contrats économiques avec les gardiens de la révolution, qui contrôlent la majeure partie du secteur économique iranien, est une politique à courte vue qui mettra encore plus en danger la paix et la stabilité.
L'UE peut jouer un rôle positif dans la paix et la stabilité au Moyen-Orient. Voici quelques mesures concrètes à prendre : 

- Tenir le régime iranien pour responsable de ses crimes contre le peuple iranien et en particulier le massacre de 1988. Conditionner toutes les relations économiques et commerciales avec le régime à la fin des exécutions en Iran.
- Exiger l'expulsion immédiate des pasdaran et de leurs supplétifs de Syrie et des autres pays de la région, sans quoi ils devront faire face à de graves conséquences.
- Exiger l'arrêt immédiat du programme de missiles balistiques du régime, ou imposer des sanctions sévères sur le pétrole et son accès au système bancaire international. Le programme de missiles balistiques du régime ne vise pas à défendre l'Iran. Il est dirigé contre le peuple iranien et vise à créer une crise dans la région.

Ne pas faire preuve de fermeté avec le fascisme religieux au pouvoir en Iran, finira par imposera une guerre meurtrière à la région et au monde. C'est la dernière chance pour l'Europe d'adopter la bonne politique vis-à-vis de la dictature religieuse.
Le régime des mollahs a besoin de l'Europe pour survivre. Il tire parti de la collaboration diplomatique et commerciale de l'Europe pour atteindre ses propres objectifs dangereux, y compris ses efforts déstabilisateurs dans la région et sa répression intérieure.
Comme le reconnaissent les agences de renseignement européennes, le régime utilise les marchés européens pour compléter son programme nucléaire. Il recrute des entreprises européennes pour l'impression de faux billets de banque.
Permettez-moi de conclure en rappelant un moment historique de l'histoire de notre pays. Le 31 décembre 1977, le président américain Jimmy Carter, en visite en Iran, déclarait : « L'Iran, grâce au grand leadership du chah, est un îlot de stabilité dans l'une des régions les plus troublées du monde. »

En 1978, dix mois après l'éruption des premières manifestations de rue en Iran, le conseiller à la sécurité nationale des États-Unis, Zbigniew Brezinski, envoyait à Carter une note optimiste basée sur les évaluations des services de renseignements, disant : « Bonne nouvelle ! L’Iran n'est pas dans une situation révolutionnaire ou même prérévolutionnaire. Il y a du mécontentement à l'égard du contrôle serré du chah sur le processus politique, mais cela ne menace pas pour l'instant le gouvernement. » 
Ce commentaire était fait quelques mois avant le renversement du chah par le peuple iranien. Il ne fait aucun doute que le peuple iranien renversera le régime des mollahs.
L'UE doit décider dans quel camp elle se trouve. Depuis des années, la majorité des représentants des peuples d'Europe se rangent aux côtés de la démocratie et des droits de l'homme.

Il existe une alternative au régime des mollahs. Cette alternative croit dans les élections libres, dans l’égalité des femmes et des hommes, dans la séparation de la religion et de l’Etat, dans l’égalité des droits pour les minorités religieuses et ethniques et dans un Iran non nucléaire.
Je vous remercie.

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