dimanche 29 novembre 2020

Le procès du diplomate terroriste iranien Assadi dans la presse

CNRI - Le procès d’Assadollah Assadi, le “diplomate” du régime iranien, et de trois de ses complices accusés de terrorisme s’est ouvert à Anvers, en Belgique, le vendredi 27 novembre. Les quatre sont accusés d’avoir comploté un attentat à la bombe contre le rassemblement international « pour un Iran libre » en soutien au Conseil national de la Résistance iranienne (CNRI) à Villepinte, en banlieue parisienne le 30 juin 2018. La prochaine session du procès est prévue pour le 3 décembre 2020.

Alors qu’Assadi travaillait comme troisième conseiller à l’ambassade d’Iran à Vienne, il était également un officier supérieur du tristement célèbre ministère du renseignement et de la sécurité (VEVAK).

C’est la première fois dans l’histoire qu’un diplomate iranien sera jugé pour terrorisme en Europe. Le CNRI et 24 autres participants de l’événement, dont des dignitaires politiques d’Europe et d’Amérique du Nord, sont parties civiles dans cette affaire.

Les procureurs ont souligné le rôle du régime iranien, en particulier du ministère du Renseignements et de la sécurité, en tant qu’entité terroriste et ont ajouté que l’intention de l’opération était d’infliger un maximum de morts.

Dans leur acte d’accusation, les procureurs ont demandé au tribunal de condamner Assadi à 20 ans, ce qui est la peine maximale selon la loi, deux des accusés qui ont été chargés de faire exploser l’événement à 18 ans et la quatrième personne à 15 ans. Il a également été demandé au tribunal de retirer la nationalité belge à trois des accusés.

Vous trouverez ci-dessous des extraits d’une partie de la couverture médiatique de l’événement.

Des agents iraniens devant la justice belge

Le procès de l’attentat déjoué de Villepinte, en 2018, s’ouvre à Anvers sur fond de tensions avec Téhéran

Le Monde, Bruxelles, le 28 novembre – Par Jean-Pierre Stroobants (avec Jacques Follorou). Le tribunal d’Anvers, en Belgique, devait commencer, vendredi 27 novembre, l’examen d’une affaire retentissante impliquant un diplomate iranien et trois de ses complices présumés. Arrêtés en Belgique, en France et en Allemagne, le 30 juin et le 1er juillet 2018, ils ont été mis en examen pour tentative d’assassinat terroriste et préparation d’une infraction à caractère terroriste.

Leur cible devait être un grand meeting de l’opposition au régime des mollahs, le 30 juin, à Villepinte (Seine-Saint­-Denis). Un couple de Belgo-­Iraniens, arrêtés à Bruxelles le matin même de la réunion, transportait un engin explosif sophistiqué : un demi-kilo de peroxyde d’acétone (TATP) qui, commandé à distance, aurait pu causer des dégâts considérables et tuer de nombreuses personnes, selon les experts.

Des dizaines de milliers de participants étaient attendus pour la réunion annuelle du Conseil national de la résistance iranienne (CNRI), qui coalise depuis 1981 cinq organisations d’opposition. Il est présidé par Maryam Radjavi, déjà visée, en Europe, par d’autres tentatives d’attentat, en 1995 et 2014.

De nombreuses personnalités étaient au premier rang à Villepinte, et 25 d’entre elles se sont constituées parties civiles. Ingrid Betancourt, ex-­sénatrice et candidate à la présidence de la Colombie, va adresser une déclaration au tribunal en évoquant « la sueur froide qui [lui] parcourt le dos à l’idée du carnage qui aurait pu avoir lieu ». Ancien élu démocrate au Congrès américain, Robert Torricelli a confessé que « toute [sa] vie a été affectée » par ce projet meurtrier. D’autres Américains, dont Rudy Giuliani, l’actuel avocat de Donald Trump, étaient présents, ainsi que les Français Yves Bonnet, ex­patron de la direction de la surveillance du territoire (DST) et Bernard Kouchner, ou encore l’ancien premier ministre algérien Sid Ahmed Ghozali. Le prince saoudien Turki Fayçal Ben Abdelaziz, invité, avait, lui, décliné : il avait déjà reçu des menaces venues d’Iran, a-­t-­il confié ultérieurement.

FEU D’ARTIFICE

Le principal inculpé à Anvers est un diplomate, Assadolah Assadi, troisième conseiller à l’ambassade iranienne à Vienne au moment des faits. Commanditaire et organisateur du projet, c’est lui qui avait remis la bombe à Amir Saadouni et sa compagne, Nasimeh Naami. Tous deux auraient travaillé durant une dizaine d’années pour le ministère iranien du renseignement et de la sécurité (MOIS). Ils étaient en possession d’importantes sommes d’argent, ont voyagé en Iran à diverses reprises et participé à des réunions préparatoires dans des villes d’Europe.

Assadi, formé aux techniques militaires et à la fabrication d’explosifs, travaillait lui aussi pour le MOIS et avait un long passé dans la surveillance des opposants, selon les services belges. Arrêté en Allemagne alors qu’il tentait de regagner l’Autriche, après l’arrestation du couple à Bruxelles et du dernier membre du quatuor, Mehrdad Arefani, à Villepinte, il n’était pas seul à la manœuvre. A Téhéran, des réunions se sont déroulées avec « Mohsen », son chef présumé. Le dossier d’instruction révèle aussi qu’un mollah réputé proche d’Ali Khamenei, le Guide suprême, a fait le voyage de Téhéran à Vienne, puis à Paris, pour accompagner Assadi dans une mission de reconnaissance en France.

Un carnet retrouvé lors de l’arrestation d’Assadi comportait un itinéraire et des notes sur ces visites. Les services belges estiment que l’opération a en fait été conçue au plus haut niveau à Téhéran et le CNRI affirme qu’elle a été validée par le Conseil suprême de la sécurité nationale, avec l’approbation du président de la République, Hassan Rohani, avant celle du Guide suprême, Ali Khamenei.

Après son arrestation, le couple Saadouni­-Naami avait nié la nature mortelle de l’attaque et affirmé qu’il croyait transporter de quoi faire un feu d’artifice. Le dossier semble, à l’inverse, confirmer que les deux connaissaient la vraie nature de la « PS4 » – le nom de code de la bombe – qu’ils devaient véhiculer. Et qu’ils ont examinée en détail, après l’avoir reçue. Les enquêteurs ont aussi retrouvé des messages évoquant clairement l’attaque – « Si ça marche à l’intérieur OK ; si vous voyez que c’est difficile, à l’extérieur, OK » – et la promesse de se retrouver « au pays d’Ali » pour « recommandation » et « récompense ».

En France, deux ans et demi après la tentative avortée de Villepinte, les services de renseignement restent marqués. « Cette affaire est gravissime, elle aurait pu causer un carnage, confirme un membre de la communauté du renseignement français. Mais il a fallu faire profil bas. »

ENLEVEMENT D’UN OPPOSANT

En effet, si Paris a accusé publiquement Téhéran d’avoir commandité le projet, le contexte géopolitique a contraint les services secrets à mettre en sourdine leurs inquiétudes sur ce qu’ils qualifient de « terrorisme d’Etat ». Car, depuis que les Etats­-Unis se sont retirés de l’accord de Vienne sur le nucléaire iranien, en mai 2018, les autorités françaises veulent, comme d’autres en Europe, sauver des années de négociation et conserver un lien avec l’Iran.

La France s’est donc contentée de geler les avoirs du vice­ministre iranien du renseignement chargé des opérations, d’Assadolah Assadi et d’une direction du ministère du renseignement de Téhéran. En réalité, aucun ne possédait d’actifs en France. Un espion iranien, sous couverture diplomatique à Paris, a aussi été expulsé en septembre 2018.

La vigilance n’est pas retombée pour autant. Le gouvernement a ainsi condamné, en octobre 2019, l’enlèvement d’un opposant iranien, Rouhollah Zam, par les gardiens de la révolution. Ce dernier vivait en exil en France. Protégé, depuis deux ans, par les services de sécurité, il bénéficiait du statut de réfugié sous protection asilaire. L’intéressé et sa famille avaient été menacés de mort.

Informée de l’existence d’un « contrat » ouvert par Téhéran contre M. Zam, la France avait convoqué des représentants iraniens en poste en France. Prévenus que Paris n’accepterait aucun assassinat sur son sol, les services iraniens avaient finalement réussi, grâce à une fausse opposante, à l’attirer en Irak.

Un diplomate iranien jugé en Belgique pour un projet d’attentat près de Paris

Une peine de 20 ans de prison a été requise, ce vendredi, devant le tribunal correctionnel d’Anvers (Belgique) contre un diplomate iranien accusé d’avoir projeté un attentat contre un rassemblement d’opposants au régime de Téhéran, en 2018, près de Paris. Un dossier qui a suscité des tensions entre la France et l’Iran.

Le Télégramme, 27 novembre – Assadollah Assadi, 48 ans, en poste à l’ambassade d’Iran à Vienne au moment des faits, qui a refusé de comparaître ce vendredi, doit répondre de « tentatives d’assassinat à caractère terroriste » et « participation aux activités d’un groupement terroriste ». Pour le parquet fédéral belge, cet agent du ministère iranien du Renseignement, « agissant sous couverture diplomatique », est le coordinateur de ce projet terroriste et il doit être condamné à « la peine maximale » prévue pour ces infractions.

Une même peine de 18 ans de prison a été demandée contre ses coaccusés, le couple Nasimeh Naami, 36 ans, et Amir Saadouni (40), et 15 ans à l’encontre de Mehrdad Arefani (57), autre complice présumé, présenté comme un agent du renseignement iranien agissant depuis le sol belge. Tous trois étaient présents dans le box ce vendredi matin.

Arefani, arrêté le 30 juin vers 19 h sur un parking du Parc des expositions de Villepinte, devait guider le couple Saadouni-Naami à son arrivée sur place, selon les investigations.

Quant à Assadi il a été identifié comme étant l’homme aux allures de touriste (en chapeau de paille, appareil photo au cou, selon des images projetées à l’audience) repéré le 28 juin à Luxembourg en train de remettre au couple belgo-iranien un paquet contenant la bombe. Arrêté le 1er juillet en Allemagne, Assadi a été remis en octobre 2018 à la Belgique, où il est incarcéré depuis plus de deux ans.

Espionnage et terrorisme

Ce dossier, mêlant espionnage et terrorisme, a suscité des tensions entre Téhéran et plusieurs capitales européennes.

En octobre 2018, Paris avait accusé le ministère iranien du Renseignement d’être derrière ce projet d’attentat déjoué par la justice belge, ce que Téhéran avait vivement démenti. L’Iran a fustigé « une violation de l’immunité diplomatique » d’Assadollah Assadi, jugeant son arrestation « illégale ». Un argumentaire repris, ce vendredi, par l’avocat belge de l’intéressé pour justifier son refus de se présenter devant le tribunal.

Un attentat à la bombe devait viser, le 30 juin 2018, à Villepinte, près de Paris, le grand rassemblement annuel du Conseil national de la résistance iranienne (CNRI), une coalition d’opposants comprenant les Moudjahidine du peuple (MEK).

Le jour même, un couple de Belgo-Iraniens domiciliés à Anvers est arrêté par la police belge, à Bruxelles, en possession de 500 grammes d’explosif TATP et d’un détonateur dans sa voiture. L’interpellation a lieu in extremis, et le rassemblement peut se tenir avec ses invités de prestige, dont une vingtaine sont parties civiles dans la procédure aux côtés du CNRI (entre autres la Franco-Colombienne et ex-otage des FARC Ingrid Betancourt).

Selon le CNRI et ses soutiens, l’explosif très puissant aurait pu faire « un bain de sang » à Villepinte.

« On n’imagine pas l’ampleur de la catastrophe », a lancé devant les journalistes leur avocat Georges-Henri Beauthier, dénonçant un « terrorisme d’État » orchestré par Téhéran.

Après les plaidoiries de la défense, prévues jeudi prochain, le tribunal devrait mettre son jugement en délibéré.

Procès de l’attentat de Villepinte : l’Iran en ligne de mire

Avec  Claude Moniquet 

Atlantico – C’est ce vendredi, à Anvers, que s’ouvre le procès de la tentative d’attentat de Villepinte, en juin 2018. L’attention se concentrera plus particulièrement sur l’un des accusés, un diplomate iranien qui comparaît en dépit des pressions et des menaces exercées sans interruption depuis deux ans par Téhéran pour le faire libérer.

Le 30 juin 2018, dans l’est de Bruxelles, les forces spéciales de la police interceptaient un véhicule à l’intérieur duquel circulait un couple de Belges d’origine iranienne, Amir Saadouni et Naslameh Naami.

Dans le coffre de la voiture, on découvrait une bombe de 500 grammes, à base de TATP – un explosif artisanal très prisé des terroristes car il peut être fabriqué ave des produits se trouvant en vente libre dans le commerce – et son détonateur. Le tout prêt à l’emploi. Au moment de l’intervention des forces de sécurité, Saadouni et Naami étaient en route pour la banlieue de Paris où la bombe devait détonner à Villepinte, le lendemain, au cours du meeting annuel des Moudjahidines du peuple (MEK), la principale organisation d’opposition iranienne.

Cette opération ne devait rien au hasard : elle était le résultat d’un renseignement parvenu cinq jours plus tôt, le 25 juin, aux services belges et d’une étroite et fructueuse coopération entre les services de police et de renseignement belge, français, luxembourgeois et allemand. Entre le 26 et le 30 juin, le couple avait été suivi pas à pas, et c’est cette opération minutieuse qui permettait l’arrestation, dans les jours qui suivait d’Assadollah Assadi.

Un diplomate dans la tourmente

Et c’est là que les choses deviennent réellement intéressantes : Assadi n’est pas n’importe qui : « diplomate » attaché à l’ambassade d’Iran à Vienne, mais en fait officier supérieur du MOIS (« Ministry of Intelligence and Security », les services secrets iraniens), il dirigeait, depuis la capitale autrichienne, l’ensemble des opérations de renseignement de subversion et de terrorisme (essentiellement dirigées contre l’opposition en exil) de la République des mollahs en Europe. Seule erreur de ce « maître espion » : il avait oublié que son immunité diplomatique ne le couvrait pas en Allemagne où il se trouvait en vacances avec sa famille…

Au terme d’une courte bataille judiciaire et en dépit des intenses pressions diplomatiques de Téhéran, Assadi était extradé vers la Belgique dans le courant de l’été. Il est en préventive depuis près de deux ans et demi.

Des sources judiciaires belges nous affirment que la condamnation d’Assadi semble « inévitable » au vu des éléments à charge dans le dossier.

D’abord, bien entendu, il y a les aveux d’Amir Saadouni et de Naslameh Naami qui me mettent directement en cause pour avoir été, depuis des années, leur officier traitant. Réidant en Belgique depuis 2003, Saadouni avait obtenu en 2010 le statut de réfugié politique en 2010 (après cinq refus) à titre « humanitaire » et avait été naturalisé en 2015.Son épouse était arrivée, elle, en 2007. Chose curieuse pour un réfugié politique, il est acquis que son mari s’était rendu, au moins une fois, en 2015, dans son pays d’origine, elle-même visitant l’Iran en 2017.

Pour la Sûreté de l’Etat belge, « Ce point est une indication (mais pas une preuve absolue) de contacts possibles avec les services de renseignements iraniens ».

En fait, le Saadouni et (sans doute dans une moindre mesure) Naami étaient des « taupes » du MOIS, chargées de pénétrer l’organisation des Moudjahidines du Peuple.

Leur train de vie a de quoi interpeller : Naami était femme de ménage et Saadouni inscrit au chômage mais ils possédaient deux véhicules et louaient deux appartements ; de plus d’importantes sommes en liquide (36 000 Euros) ont été découvertes à leur domicile.

Non contents d’affirmer qu’ils recevaient leurs ordres d’Assadi, les deux belgo-iraniens confirment que c’est bien eux qui leur a ordonné de placer la bombe à Villepinte et qu’il leur a, lui-même, remis l’engin explosif lors d’un rendez-vous à Luxembourg, le 28 juin 2018. Un fait corroboré par  une observation transfrontalière effectuée par des policiers belges et luxembourgeois. Un « contrôle routier » permettait aux Luxembourgeois d’identifier formellement celui que le coupe appelle « Daniel », comme étant « M. ASSADI Assadollah, né le 22/12/1971 en Iran, de nationalité iranienne ».

Dans les jours qui précédèrent l’attentat projeté, l’enquête révèle de nombreux contacts téléphoniques entre la ligne d’Amir Saadouni et le numéro de téléphone autrichien 436602276681, utilisé par Assadolah Assadi. Le 28 juin 2018, entre autres, entre 20h10 et 20h25, un échange de SMS était intercepté entre la ligne 32485508387 utilisée par Amir Saadouni (ci-après “T1”) et la ligne 436602227681 d’Assadollah Assadi (ci-après “T2″) :

T2 :” Le jeu est installé ? »
T1 : “Oui, le jeu est installé”
T2 : “On y va dimanche. »
T1 : “OK, espérons que j’y aille de 11h30 à 20h pour jouer au jeu. »
T2 : “Il faut que tu viennes aussi, pour qu’on puisse jouer ensemble, c’est sûr. »
T1 : “Je viens définitivement, on va jouer à l’internat. »
T2 : “OK, bye. »

Puis :
T1 :” Oui, c’est mieux, 17h30 c’est mieux. »
T2 : “OK, 17h30, c’est bon. Votre équipe va gagner. »

En 2017 et 2018, il y a un intense trafic de courrier électronique entre Assadi (qui utilise la boîte aux lettres mishoo_boonty84 @ yahoo.com) et le couple Saadoumi-Naami ; lors de ces échanges, le projet d’attaque est évoqué en langage codé.

Autre élément intéressant : en juin 2017, un an avant l’attaque prévue, Assadi a loué un véhicule pour effectuer une « reconnaissance de cible » en France. Il s’est rendu à proximité du siège du CNRI à Auvers-Sur-Oise, mais aussi au centre de congrès de Villepinte et aux hôtels où les organisateurs et les invités seraient logés. Ces lieux ont été enregistrés sur un GPS TomTom, dont l’analyse montre qu’Assadi était à Villepinte le 29 juin 2017, deux jours avant la convention, le 1er juillet. Le 26 juin, vers 17h30, il se trouvait à proximité du siège du CNRI.

Enfin, on notera qu’à l’approche de la date de l’attentat prévu, Assadi a multiplié ses voyages à Téhéran : au cours des six premiers mois de 2018, avant son arrestation, il s’y est rendu à six reprises, alors qu’il n’y avait effectué que deux déplacements pour toute l’année 2014, trois en 2015 et trois en 2016.

Qui est Assadollah Assadi ?

Assadollah Assadi est né le 26 décembre 1971 à Khoramabad (ouest de l’Iran). Son père, Ali Assadi, y a occupé un poste politique et, pendant la guerre Iran-Irak, il était le chef local du soutien logistique. Il a suivi une formation militaire et se serait spécialisé dans les explosifs. Après la guerre, il a rejoint le MOIS où il a occupé différents postes avant d’être affecté en 2003 à l’ambassade d’Iran à Bagdad où il était plus particulièrement chargé de recueillir des renseignements sur l’opposition iranienne et de planifier des attaques contre les opposants au régime.

Le 23 juin 2014, il était nommé 3ème conseiller à l’ambassade d’Iran à Vienne.

Après son arrestation, la diplomatie de Téhéran s’est mobilisée : le régime tentera d’abord de s’exonérer de toute responsabilité dans l’affaire et d’exiger la libération d’Assadi puis, confronté aux preuves du dossier, il a tenté de répandre la rumeur selon laquelle Assadi était un « voyou » qui avait agi de sa propre initiative.

Pour quiconque connait la galaxie sécuritaire iranienne, ceci relève évidemment de l’impossibilité la plus absolue : deux organisations principales (le MOIS et les Gardiens de la Révolution ») sont impliquées dans la conception, la planification et la mise en œuvre des opérations de « terrorisme d’Etat » iraniennes qui sont décidées au plus haut niveau par le Guide suprême et le Conseil Suprême de Sécurité Nationale (CSSN).

Au sommet du régime

Dans un rapport publié il y a près de deux ans, j’écrivais : « Le coordinateur de l’appareil de sécurité est le Conseil suprême de sécurité nationale (en persan : Showrāye Āliye Amniyate Mellī). Cet organe est si important qu’un chapitre distinct de la Constitution lui est consacré.  Il est dirigé par le Président de la République qui choisit son secrétaire mais ses décisions ne sont effectives qu’après leur confirmation par le Guide suprême. Le Conseil est la plus haute autorité nationale (après le Guide suprême) pour toutes les questions liées à la sécurité, au renseignement et à la politique étrangère. Il prend toutes les décisions concernant les opérations terroristes et supervise leur réalisation et leur déroulement. »[1]

Le Conseil est formé de 12 membres permanents :  le Président de la République (Hassan Rouhani, qui fut également secrétaire de ce conseil de 1989 à 2005), le Secrétaire (Ali Shamkhani), également représentant personnel du Guide suprême, le Président du Parlement, le Président de la Cour suprême, un deuxième représentant du Guide suprême, le chef de l’état-major général, le chef de l’armée, le chef du Corps des Gardiens de la révolution islamique, le ministre des Affaires étrangères, le ministre de l’Intérieur, le ministre du Renseignement, le responsable de l’organisation de la gestion et de la planification.

Tout ceci démontre clairement qu’en fin de compte, la réalité du pouvoir reste entre les mains du Guide suprême.  Ainsi, l’analyse byzantine de certaines chancelleries européennes qui tentent de faire la distinction entre les « purs et durs » et les « libéraux » ou même les « réformateurs » pour plaider en faveur d’un apaisement avec Téhéran est un pur non-sens : le centre du pouvoir est complètement verrouillé et sous contrôle.

Dans ce cas particulier, diverses informations obtenues par l’opposition indiquent que le Conseil suprême de sécurité nationale avait pris la décision de mener l’opération de Villepinte depuis des mois. Celle-ci avait ensuite été ratifiée par le Guide suprême Khamenei. Par la suite, le MOIS avait été chargé de l’exécuter.

Mais, si Assadi a agi comme un officier loyal du MOIS, et si la subordination du MOIS au CSSN permet d’avancer avec certitude que toute l’opération a été ordonnée et contrôlée au sommet du régime et qu’Assadi n’est, en fin de compte, que le dernier maillon de la chaîne, reliant le centre du pouvoir aux exécutants sur le terrain, une responsabilité particulière doit être soulignée : celle du ministère des affaires étrangères.

Non seulement le ministre des affaires étrangères siège au sein du CSSN et participe donc à toutes ses décisions, mais, en outre, en fournissant à Assadi la couverture diplomatique lui permettant de bénéficier de l’immunité attachée à cette fonction, le ministère des affaires étrangères lui a donné les moyens d’agir. Et personne n’aurait pu l’ignorer, tant dans la gestion du ministère que dans celle de l’ambassade d’Iran à Vienne, puisque Assadi a été autorisé à voyager à travers l’Europe pour rencontrer ses agents et organiser ses opérations, ce qui n’avait évidemment rien à voir avec les occupations « normales » d’un conseiller d’ambassade en Autriche .

De nombreux précédents, mais …une « première » mondiale

Il existe de très nombreux précédents dans lesquels des responsables iraniens ont été directement mis en cause pour la commission d’attentats en Occident.

Dans l’affaire de l’attentat à la bombe contre l’ambassade des États-Unis à Beyrouth (18 avril 1983), le tribunal de district américain de Washington D.C. a déclaré, le 30 mai 2003, que l’attentat avait été perpétré par le Hezbollah “avec l’approbation et le financement de hauts fonctionnaires iraniens”.

Dans l’affaire de l’attentat à la bombe de la caserne de Beyrouth (23 octobre 1983), le tribunal de district américain du district de Columbia a jugé, le 30 mai 2003, que l’Iran était légalement responsable d’avoir fourni au Hezbollah le soutien financier et logistique lui permettant de réaliser l’attentat.  Peu après le procès, l’avocat des familles des victimes a rendu publics des documents de l’Agence nationale de sécurité reliant les renseignements iraniens et l’ambassadeur iranien de l’époque à Damas, Ali-Akbar Mohtashemi, aux attentats.

Dans le cas du meurtre de Kazem Radjavi, le frère aîné de Massoud Radjavi, fondateur et dirigeant du MEK, à Genève (24 avril 1990), les enquêtes de la justice suisse ont démontré que le meurtre avait été planifié par le gouvernement iranien et exécuté par 13 « diplomates » utilisant des « passeports de service » pour entrer dans le pays. Des mandats d’arrêt ont été émis contre les 13 « diplomates » et contre Ali Fallahian, le ministre des renseignements.

Dans l’affaire de l’attaque de l’ambassade israélienne à Buenos Aires (17 mars 1992), les interceptions de l’Agence de sécurité nationale américaine ont révélé l’implication d’un haut fonctionnaire iranien et du commandant du Hezbollah Imad Mughniyah dans la planification de l’attentat. Six ans plus tard, en mai 1998, Mohsen Rabbani, ancien attaché culturel à l’ambassade d’Iran en Argentine, a été brièvement détenu en Allemagne, et le gouvernement argentin a expulsé sept diplomates iraniens.

Après l’assassinat de plusieurs dirigeants kurdes de l’opposition, au « Mykonos », à Berlin,  (17 septembre 1992), un tribunal allemand a émis, le 10 avril 1997, un mandat d’arrêt international contre le ministre du renseignement, Ali Fallahian, déclarant qu’il avait directement ordonné les meurtres.

C’est, néanmoins, la première fois depuis la Révolution de 1979, qu’un diplomate iranien et officier supérieur du MOIS se trouvera en chair et en os dans le box des accusés, lors d’un procès pour terrorisme en Europe.

Ceci explique évidemment la véritable frénésie qui s’est emparée du sommet de l’Etat iranien. Le fait qu’Assadi soit jugé est déjà un camouflet pour l’Iran, mais sa condamnation serait un véritable séisme pour le régime.

Après les pressions, est donc venu le temps des menaces. Assadollah Assadi lui-même, au cours d’un entretien avec les enquêteurs qu’il avait sollicité, il leur a froidement déclaré que les Belges « ne réalisaient pas ce qui se passerait en cas de verdict défavorable » et a précisé que « des groupes armés, en Irak, au Liban, au Yémen, en Syrie mais aussi en Iran » suivaient de près la situation.

Et, ces derniers jours, le docteur Ahmed Reza Jalali, un citoyen suédois d’origine iranienne, qui a enseigné dans plusieurs universités européenne, dont la VUB, en Belgique – Bruxelles est intervenu à maintes reprises pour obtenir sa libération  –  et a été condamné à mort pour espionnage à Téhéran en 2017 a été transféré dans une aile d’isolement pénitentiaire en vue de sa prochaine exécution.

L’augure de futures mesures de représailles en cas  de condamnation d’Assadi ou, si l’on est optimiste, de la préparation d’un futur échange ?

L’avenir le dira.

Ancien agent de la DGSE, auteur d’une vingtaine d’ouvrages consacrés à l’histoire, au terrorisme et au renseignement, Claude Moniquet est le cofondateur de l’European Strategic Intelligence and Security Center (ESISC). Il intervient dans ce procès au titre d’expert pour les partes civiles. 

Un diplomate iranien accusé de complot pour bombarder des dissidents est jugé en Belgique

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Le chef du Service de sécurité de l’État belge, Jaak Raes, a déclaré que les responsables des services de renseignement avaient déterminé que l’attentat prévu était une opération avalisée par l’État, approuvée à Téhéran.

« Le plan d’attaque a été conçu au nom de l’Iran et sous sa direction », a écrit M. Raes dans une lettre aux responsables de l’application de la loi, dont le procureur fédéral belge, Frédéric Van Leeuw. « Ce n’était pas une initiative personnelle d’Assadi. »

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C’est un processus qui dépend beaucoup politiquement – pour les relations tendues de l’Iran avec l’Occident. Les documents du procès, que le Süddeutsche Zeitung, le NDR et le WDR ont pu consulter, retracent une enquête internationale approfondie (…)

Il aurait transporté 550 grammes de TATP, une substance hautement explosive, en Europe dans une valise diplomatique. Cette substance est populaire auprès des terroristes car elle peut être produite relativement facilement à partir de produits chimiques disponibles dans le commerce. La bombe d’Assadollah A. aurait été fabriquée “de manière très professionnelle”, selon un expert de la police belge, avec une puissance explosive qui aurait pu tuer de nombreuses personnes (…)

Le ministère public suppose que le prétendu conseiller leur a donné les instructions exactes. Ils auraient utilisé des noms de code plus tard lors de la discussion du plan d’attaque. La “Playstation”, comme ils ont probablement appelé l’engin explosif, était connectée à la “télévision”, ont expliqué les présumés assistants terroristes à leur instructeur. Cela signifiait peut-être que le détonateur à distance avait été installé, qu’Assadollah A. avait également remis – caché dans une trousse de toilette pour femmes.

“Nous allons gagner le trophée”, a déclaré un SMS au diplomate. Il a promis à son tour de rendre compte personnellement à l'”Agha” du succès de l’opération. Cela signifie simplement que les enquêteurs supposent que cela signifiait un haut responsable des services secrets iraniens ou même le guide religieux iranien Ali Khamenei.

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