mercredi 25 novembre 2020

La violence contre les femmes en Iran : un mandat légal


 CSDHI – Le 25 novembre, c’est la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes. Les femmes en Iran subissent les pires formes de violence physique et psychologiques. Les études de violence contre les femmes, selon les responsables du régime, ont augmenté de 20 à 22 % par rapport aux années précédentes.

La violence contre les femmes en Iran est différente de celle des autres pays. Dans de nombreux cas, le régime des mollahs la légalise et l’encourage.

En fait, le régime clérical lui-même perpétue et facilite systématiquement la violence contre les femmes en Iran.

Le hijab obligatoire

L’application du hijab obligatoire par plus de 27 institutions chargées de la soi-disant « Enjoindre le bien et interdire le mal » dans les rues de l’Iran est l’un des aspects de la violence contre les femmes en Iran.

Concernant l’application du hijab obligatoire aux femmes iraniennes, le commandant adjoint des forces de sécurité officielle a récemment annoncé la planification et la mise en œuvre de 4 plans répressifs. Il a déclaré : « Les SSF ont planifié et exécuté quatre plans concernant le hijab et la chasteté. Dans le plan Nazer 1, les SSF s’occupent des personnes qui violent le code du voile dans leurs voitures. Le plan Nazer 2 concerne les femmes qui retirent leur voile ou ne le portent pas correctement dans les centres commerciaux et les grands magasins. Les plans Nazer 3 et 4 se concentrent sur les femmes qui ne portent pas le voile dans les zones de loisirs, les promenades et également sur le cyber espace. (L’agence de presse Fars, 20 septembre 2020). »

Comme on l’a vu en Iran en octobre 2014, l’application du hijab a donné lieu à des attaques à l’acide organisées. Des membres de groupes extrajudiciaires ont poignardé des femmes. L’échec du régime à poursuivre ces criminels n’a fait que les encourager. Et les attaques à l’acide contre les femmes sont devenues courantes.

Mariages précoces forcés

En Iran, les filles peuvent être mariées à l’âge de 13 ans. Les pères sont autorisés à marier leurs filles à l’âge de 9 ans avec l’approbation d’un juge. En 2018, le Majlis a rejeté un projet de loi visant à porter l’âge du mariage des filles à 16 ans. Il prétextait qu’il contenait « des lacunes religieuses et sociales ». Et qu’il contredisait « les enseignements de l’Islam ». Cette forme de violence contre les femmes en Iran capitalise sur la vulnérabilité des enfants. Elle renforce le fait que, sous le règne des mollahs misogynes, même les enfants de sexe féminin ne bénéficient pas d’une protection adéquate.

600 000 et plus. C’est le nombre de filles mineures qui se marient chaque année en Iran. Rien qu’en 2017, il y a eu 234 000 mariages enregistrés de filles de moins de 15 ans. Entre-temps, la Constitution et les lois iraniennes stipulent que les filles de seulement 6 ans doivent se couvrir les cheveux. Et qu’elles sont pénalement responsables dès l’âge de 9 ans.

Les crimes d’honneur

Des centaines de femmes iraniennes sont tuées chaque année dans des crimes dits d’honneur, selon des informations officielles.

Le nombre exact de meurtres dits « d’honneur » en Iran n’est pas révélé par les autorités. Cependant, en décembre 2019, l’agence de presse ISNA a rapporté qu’ « entre 375 et 450 meurtres d’honneur » se produisent chaque année en Iran.

Selon ces informations, les « crimes d’honneur » représentent environ 20 % de tous les meurtres et 50 % des meurtres familiaux en Iran.

De tels meurtres sont systémiques lorsque l’État de droit est remplacé par le pouvoir d’un régime clérical qui manipule la religion pour ses ambitions.

La Constitution iranienne, qui considère les pères et les grands-pères paternels comme les « propriétaires » du sang de leurs enfants, tolère intrinsèquement les crimes d’honneur.

L’article 220 du code pénal islamique iranien stipule que les pères et les grands-pères ne peuvent être condamnés à mort pour avoir tué un enfant ou un petit-enfant.

Des pères ou des grands-pères impunis

En outre, la constitution protège les crimes d’honneur. L’article 301 du code pénal iranien stipule que la rétribution du meurtrier, c’est-à-dire son exécution, n’est applicable que si le meurtrier n’est pas le père ou le grand-père paternel de la victime (le code pénal islamique, adopté en avril 2013).

L’article 630 du code pénal iranien stipule qu’une femme peut être assassinée instantanément si son mari la trouve en train d’avoir des relations sexuelles extraconjugales.

L’existence de telles lois est l’un des principaux facteurs contribuant à l’augmentation du nombre de crimes d’honneur en Iran.

Les récits choquants des crimes d’honneur de ces derniers mois ont à plusieurs reprises étonné la société iranienne.

Romina Ashrafi, un des nombreux exemples, a récemment fait la une des journaux du monde entier lorsque son histoire a été dévoilée.

La jeune fille de 14 ans, Romina Ashrafi, a été assassinée par son père en mai dernier dans le comté rural de Talesh dans le nord de l’Iran. C’était un « crime d’honneur ». Son père l’a décapitée avec une faucille pendant son sommeil. Parce qu’elle s’était enfuie avec un homme qu’elle aimait et qu’elle voulait épouser.

Un tribunal a remis Romina à son père malgré ses supplications de ne pas la renvoyer chez elle. Elle avait averti le tribunal que son père était une personne capricieuse et que sa vie était en danger.

Avant sa mort, le père maltraitait Romina systématiquement et violemment.

Après la mort de sa fille, la mère de Romina a déclaré aux médias que « Il (le père de Romina) m’avait dit à plusieurs reprises d’apprendre à Romina à se pendre à mort. Mais je n’ai pas fait cela ».

La violence domestique contre les femmes en Iran

Le débat sur la violence domestique contre les femmes en Iran dure depuis des années.

L’Iran est l’un des rares pays qui n’a pas de loi pour lutter contre la violence domestique contre les femmes.

Le parlement du régime et son assemblée d’experts ont créé de nombreux obstacles à l’adhésion du pays à la Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes.

Seuls quatre membres des Nations unies, dont l’Iran, n’ont pas signé la convention. Or, selon le responsable de l’association d’aide du pays, on a signalé 40 % des cas de violence domestique contre les femmes.

Ces derniers mois, dans de nombreuses provinces d’Iran, des responsables ont signalé une multiplication par 50 à 10 % des appels d’urgence sociale depuis le début de la pandémie de coronavirus. Il s’agit notamment des provinces d’Ispahan, Alborz, Golestan, Ilam et le nord du Khorasan.

Mauvais traitements infligés aux défenseurs des droits des femmes et aux prisonnières d’opinion

Ces dernières années, les autorités prennent de plus en plus pour cible les militants des droits de la femme. Dans plusieurs cas, les autorités appliquent des peines de prison de longue durée.

Dans un cas, les autorités judiciaires ont condamné trois militantes anti-hijab à 55 ans et 6 mois de prison. Elles ne portaient pas le hijab. Le 31 juillet 2019, le tribunal révolutionnaire de Téhéran a condamné Yasaman Aryani, Monireh Arabshahi et Mojgan Keshavarz à 5 ans de prison. Ils n’avaient pas de représentant légal. Les chefs d’accusation sont, d’une part, « association et collusion contre la sécurité nationale. » D’autre part, il feront un an de prison pour « diffusion de propagande contre l’État. » Et enfin, 10 ans pour « encouragement et préparation des bases de la corruption et de la prostitution. » Mojgan Keshavarz a reçu une peine supplémentaire de 7 ans et demi pour « insulte du caractère sacré. »

D’autre part, le traitement inhumain des femmes dans les prisons iraniennes est choquant.

Il ne s’agit pas de mauvais traitements infligés à une ou deux prisonnières. Le débat porte sur les atrocités systématiques que supportent les prisonnières politiques.

Il ne s’agit pas de maltraiter un ou deux prisonnières. Le débat porte sur les atrocités systématiques exercées pour mettre davantage de pression, en particulier sur les prisonnières politiques.

Un projet de loi qui n’empêche pas la violence contre les femmes en Iran

Le pouvoir judiciaire a voulu prendre une mesure théâtrale afin de faire taire le tollé général suscité par cette misogynie institutionnalisée et la violence contre les femmes en Iran. Ainsi, après 8 ans de tergiversations, il a finalement annoncé le 17 septembre 2019 qu’il avait approuvé un projet de loi sur la violence contre les femmes et l’avait transmis au gouvernement.

Avant de transmettre le projet de loi au gouvernement, le pouvoir judiciaire a changé le titre du projet de loi pour « sécuriser, rendre digne et protéger les femmes contre la violence », tout en changeant complètement l’objectif du projet de loi et en le dépouillant de toute efficacité possible. Un membre du parlement des mollahs a comparé ces changements à un « lion édenté. » Il ne résoudra aucun des problèmes rencontrés par les femmes. « Si le projet de loi est adopté, la situation des femmes va s’empirer », a déclaré Parvaneh Salahshori. « Le projet de loi actuel élimine le groupe de mots « violence contre les femmes. »

Une loi qui ne changera rien

De plus, les parties qui concernaient la sécurité des femmes ont été soit omises, soit modifiées d’une manière ou d’une autre. En conséquence, la nature du projet de loi est totalement perdue. »

Le projet de loi actuel ne prévoit pas de définitions ou de cadres pour la violence contre les femmes. Ceux-là même qui permettraient de criminaliser et d’établir un mécanisme de dissuasion, puis une sanction. Au lieu de cela, il a surtout repris certaines des dispositions pénales du code pénal.

Le projet de loi ne contient aucune garantie exécutive, et aucune autorité d’audit crédible. Il n’y a pas non plus d’investissement financier pour prévenir ou organiser la violence et pour héberger les victimes de violence.

Cependant, après plus d’un an, le gouvernement Rouhani n’a toujours pas transmis le projet de loi au Parlement pour son adoption finale.

Source : Iran HRM

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