lundi 11 janvier 2021

L’Europe doit demander au régime iranien de rendre des comptes sur son terrorisme



 Le 22 janvier, un tribunal belge devrait rendre une sentence pour le diplomate-terroriste iranien Assadollah Assadi, accusé d’avoir profité de ses privilèges diplomatiques pour faire entrer des explosifs en Europe et les livrer en mains propres à deux agents irano-belges qui avaient prévu de les faire exploser lors d’un rassemblement d’expatriés iraniens à proximité de Paris. Son affaire est la première du genre, même s’il est loin d’être le premier diplomate iranien à être identifié comme jouant un rôle dans la sinistre activité terroriste du régime iranien.

L’affaire Assadi est un signe encourageant qui montre que les gouvernements occidentaux pourraient enfin adopter une approche plus sérieuse pour tenir les responsables iraniens responsables de leur comportement malveillant sur la scène internationale. Il s’agit d’un test décisif pour l’UE.

Après la décision du tribunal belge, cet espoir sera encore amplifié par l’ouverture d’une autre affaire en Suède. Et cette dernière aura des implications non seulement pour les victimes occidentales potentielles du terrorisme d’État iranien, mais aussi pour les victimes nationales de la violence politique de Téhéran.

Le défendeur dans l’affaire suédoise est un ancien procureur adjoint, interrogateur et membre du Corps des gardiens de la révolution islamique (pasdaran) nommé Hamid Noury, et il est réputé avoir joué un rôle dans le pire crime contre l’humanité en Iran, le massacre de 30 000 prisonniers politiques en 1988.

A l’été 1988, il travaillait depuis plusieurs années sous les ordres d’Assadollah Lajevardi, le sinistre régisseur de la prison d’Evin, et avait démontré un penchant pour obtenir des aveux des détenus par la torture. Sa position et sa réputation en font un candidat de choix pour travailler avec la « commission de la mort » qui a été convoquée cet été-là en réponse à une fatwa du Guide Suprême de l’époque Khomeiny, dans laquelle il a déclaré que tous les prisonniers politiques qui restent fidèles aux Moudjahidines du peuple d’Iran (OMPI) doivent être exécutés.

Iran's 1988 massacre of political prisoners

Peu après, des commissions de mort ont été mises en place dans tout le pays et les exécutions de masse ont commencé.

En l’espace de quelques mois, ces commissions ont supervisé collectivement quelque 30 000 pendaisons. Un enregistrement audio qui a été rendu public en 2016 a confirmé ce qui avait été rapporté depuis longtemps par les militants de l’opposition, en particulier l’OMPI, qui réclamait depuis longtemps la fin de l’impunité des mollahs et la nécessité d’une enquête internationale indépendante et de traduire les auteurs en justice.

Bien que Hamid Noury n’ait pas officiellement siégé à la commission, des témoins oculaires l’ont aperçu dans des salles d’interrogatoire et l’ont vu personnellement participé à l’exécution des détenus de la prison de Gohardacht.

Le mois dernier, sept experts des droits de l’homme des Nations unies ont publié une lettre ouverte aux autorités iraniennes dans laquelle ils critiquent la communauté internationale pour son incapacité à traiter ce crime qui, selon eux, pourrait être qualifié de crime contre l’humanité.

Selon les experts, « En décembre 1988 l’Assemblée générale des Nations unies a adopté une résolution… qui exprime sa ‘vive préoccupation’ face à ‘une nouvelle vague d’exécutions entre juillet et septembre 1988’ visant des prisonniers ‘en raison de leurs convictions politiques’. Cependant, le Conseil de sécurité n’a pas été saisi de la situation, l’Assemblée générale des Nations unies n’a pas donné suite à la résolution et la Commission des droits de l’homme des Nations unies n’a pris aucune mesure ».

La lettre comprend finalement un rare réquisitoire contre l’attitude occidentale de laissez-faire qui a exacerbé la terrible situation des droits humains en Iran pendant plus de trois décennies. Depuis sa publication en décembre, elle a été adoptée par les défenseurs des droits humains comme un signe de fermeté de la politique envers l’Iran.

Le cas de la Suède contre Hamid Noury en est un autre exemple. Elle progresse sur la base du principe de compétence universelle qui permet à la justice suédoise de porter des accusations contre une personne qui a commis des crimes contre le droit international en dehors de la Suède.

Iran: Who is Ebrahim Raisi?

Nous devons maintenant espérer que cette prise de conscience est largement partagée par les nations occidentales, et pas seulement celles qui sont en mesure de poursuivre le terrorisme et les tortures iraniennes sur leur propre sol, mais aussi celles qui exercent une influence aux Nations unies et peuvent pousser l’organisme international à lancer une enquête approfondie sur le massacre de 1988. Au terme de cette enquête, le monde entier saura certainement que les hauts responsables iraniens actuels, comme le chef du pouvoir judiciaire Ebrahim Raïssi, ont été parmi les principaux architectes du massacre et ont encore le sang de milliers d’Iraniens innocents sur leurs mains.

Bien que la justice pour les victimes du massacre ait été retardée pendant très longtemps, elle ne doit pas être totalement niée. La condamnation éventuelle de Hamid Noury sera un pas dans la bonne direction et un signe qu’au moins la Suède n’est pas disposée à laisser impunis les abus des droits humains. Mais ce n’est pas suffisant. Une communauté unifiée de nations démocratiques doit poursuivre de plus gros poissons dans le cloaque qu’est le régime des mollahs, et elle doit faire savoir qu’à l’avenir, la violence politique de Téhéran sera rejetée aussi farouchement lorsqu’elle se produit chez elle que lorsqu’elle menace la vie de citoyens occidentaux. 

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