L'Achrafienne condamne le silence du monde sur le massacre du 1er septembre
Je chante dans la Résistance iranienne depuis plus d'une dizaine d’année. L’art rythme ma vie depuis mon enfance, et dans la Résistance, c’est avec mes chansons que je contribue à la lutte pour la liberté et la démocratie dans mon pays, l'Iran. Je suis fière d'avoir participé à tant de concerts et de cérémonies à la Cité d'Achraf, d’y avoir chanté la souffrance de mon peuple et son combat pour la liberté.
J’ai habité Achraf pendant plus de dix ans avant d’être transférée de force au camp Liberty à Bagdad avec plus de 3000 autres Achrafiens l'an dernier. Une centaine y est restée pour négocier la vente de nos biens. Mon frère, Amir Nazari, en était.
Le 1er septembre, quand j'ai appris l'attaque des forces irakiennes sur Achraf, j'ai été choquée et inquiète. Achraf est un symbole de liberté, de paix et de résistance. Peut-être est-ce pourquoi le premier ministre irakien Nouri al-Maliki et les mollahs au pouvoir en Iran ne peuvent le supporter, et ont décidé de se débarrasser des habitants sans défense restés à Achraf.
Le temps a semblé s’arrêter quand cet horrible incident a éclaté. Chaque nouvelle mise à jour à la télévision rendait la situation de plus en plus intolérable. Les forces irakiennes ont tué au total 52 personnes et en ont enlevé sept autres : six femmes et un homme. Un par un, les visages des victimes sont apparus sur les écrans, et l’une d’entre eux était celui d’Amir.
La nouvelle de sa mort m'a bouleversée. Mon cœur a sombré dans le chagrin, sachant que je ne reverrai plus jamais mon frère adoré. Mais mon cœur s’est également rempli de fureur et de rage, parce que les États-Unis et les Nations Unies avaient promis de le protéger exactement contre ce destin funeste.
Ils ont totalement échoué à remplir leurs promesses. L'image de sa mort, une balle dans la tête, tirée par derrière, menotté, restera à jamais gravée dans ma mémoire.
Le jour du massacre du 1er septembre, j'ai trouvé un nouvel objectif : élever ma voix contre cette injustice et contre l'enlèvement de six de me sœurs et d’un de mes frères de combat. J'ai décidé d'entamer une grève de la faim, brandissant la douleur de la faim comme un moyen ultime de faire entendre ma voix, pour attirer l'attention sur le sort des sept otages et des habitants du camp Liberty.
La vie des otages est en grave danger. Ces 51 derniers jours, ils ont été soumis à la torture et à des interrogatoires violents par les sauvages de Maliki et du régime iranien. Maliki tente de garder cette affaire secrète, afin de les tuer ou de les déporter en Iran, où ils seront encore torturés et finalement exécutés.
Et pendant tout ce temps, les États-Unis et l'ONU – qui sont directement responsables de la vie et la sécurité de ces sept personnes – ont gardé le silence et n'ont rien fait pour les sauver. Leur inaction ne m'a pas laissé d'autre choix que d’opter pour une grève de la faim.
Enfin, j'ai juste quelques questions à poser au président Obama et à l'ONU - des questions qui me préoccupent depuis des semaines.
Le cinquième massacre des Achrafiens n’a-t-il pas suffit à vous prouver que l'intention de Maliki n'est pas de nous protéger mais de nous anéantir, afin de satisfaire le régime iranien ? Les photos de 52 innocents, menottés et abattus d'une balle dans la tête alors qu'ils avaient en poche une carte d'identité de « personne protégée », ne sont-elles pas suffisantes pour vous convaincre de ne plus croire aux mensonges flagrants de Maliki?
Messieurs le Président Obama et le Secrétaire général Ban Ki-moon, je vous demande de forcer Maliki à mettre fin à ses crimes, et à libérer les sept otages immédiatement. Leurs vies ainsi que celles des grévistes de la faim au camp Liberty et à l'étranger, sont entre vos mains.
Soyez fidèles aux promesses faites aux Achrafiens ! Ne tournez pas le dos aux principes des droits humains ! L'Histoire vous jugera par vos actes. Faites le bon choix tant qu'il est encore temps.
http://www.youtube.com/watch?v=1oVVFWd00vk
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