mercredi 23 octobre 2013

Nous devons obtenir la libération des otages d’Achraf - Michèle Alliot-Marie

                                                 
« Chère, courageuse et talentueuse Maryam Radjavi. Trop souvent nous voyons à travers le monde de grandes et belles déclarations, de nobles regrets, de profondes condamnations, et puis rien ne se passe. Est-ce pour cela que le monde peut tomber dans des crises et devient de plus en plus dangereux », s’est interrogée Michèle Alliot-Marie dans une conférence internationale à Paris le 19 octobre.
L’ancien ministre se tenait aux côtés de Maryam Radjavi, présidente élue de la Résistance iranienne, et d’anciens hauts responsables américains et internationaux, venus réclamer la libération des 7 otages d’Achraf, une protection pour les réfugiés iraniens du camp Liberty et une enquête internationale sur le massacre d’Achraf le 1er septembre. Ils ont aussi tous rejeté la mascarade de modération du mollah Rohani en Iran.
 Voici les moments forts de l’intervention de Mme Alliot-Marie :
« Il est temps que les mauvaises expériences du passé empêchent non pas de rechercher des solutions, non pas de rechercher une amélioration de la situation, non pas de rechercher ce qui peut aller vers la paix, mais qu'elles nous servent à éviter d'être les dupes d’un discours qui une fois de plus ne chercherait à donner au gouvernement iranien qu'un répit supplémentaire qui lui servirait simplement à poursuivre son action.
Il ne s'agit pas que des discussions diplomatiques donnent un répit à un régime assez par des sanctions économiques pour lui permettre une fois de plus de renforcer ses positions pendant des discussions.
Sur le nucléaire, depuis quelques mois le nouveau gouvernement iranien dit accepter de discuter. Et certains y voient une formidable avancée. Je me pose la question de savoir si ça n'est pas simplement parce que ce qu'il désire le plus c’est de se désengager des responsabilités, c’est finalement de tourner le dos à une situation qui n'est pas très confortable. Moi je pense, que nous devons être très prudents, nous ne devons pas relâcher la pression avant l'obtention de réponses concrètes, durables, réelles, vérifiées, contrôlées.
N’oublions pas chers amis, 2003 et 2004 ; je m'en souviens, j'étais ministre de la Défense de la République française à l'époque, le régime a fait semblant d'assouplir sa position alors même qu'il a profité de cette période pour compléter le cycle qui lui permettait d'avancer dans l'enrichissement à des fins militaires.
Ayons bien conscience que sans les sanctions qui contribuent à la situation actuelle, le régime de bougerait pas aujourd'hui en Iran. Ne confondons pas des avancées et le simple respect des obligations internationales. Et notre prudence et ce qui doit être notre exigence en matière nucléaire sont d'autant plus de mise, que dans le domaine de la démocratie, nous ne voyons aucune avancée en Iran.
Vous avez rappelé tout à l'heure des exécutions, les emprisonnements, les pressions qui existent dans ce pays. Nous ne pouvons pas, nous Occidentaux, nous qui négocions, l'ignorer. Nous ne pouvons pas ignorer ce qui se passe en Iran. Nous ne pouvons pas ignorer ce qui se passe dans toute la région. Ce qui s'est passé Achraf et à Liberty le 1er septembre dernier doit être montré comme quelque chose d'intolérable, d'insoutenable pour l'ensemble de la communauté internationale. Comment pouvons-nous regarder dans une glace quand nous voyons sans réagir la violation de toutes les règles humanitaires internationales, quand nous voyons un régime qui aujourd'hui bénéficie de l'aide internationale, de l'aide américaine dans une large partie,  et qui agit comme a agi le gouvernement irakien ?
L'ONU et les pays membres se doivent de réagir fortement, de réagir réellement. On ne peut se contenter de paroles face aux images que nous savons vues. On ne peut se contenter de paroles quand c'est la vie, la liberté et la démocratie qui sont ainsi en jeu. Il faut agir et on peut agir concrètement. C'est pour nous tous, pour la France comme pour les États-Unis, comme pour tous les pays membres de l'Union européenne et de l’ONU, un élément essentiel de dignité et de crédibilité. C'est une question de légitimité, c'est une question d'honneur pour chacune et pour chacun. Il est malheureusement trop tard pour les victimes. Nous leur devons au moins par respect pour leur sacrifice de traduire devant la justice internationale tous ceux, quel que soit leur niveau, qui ont laissé faire, qui ont contribué, qui ont permis ce massacre. C'est la moindre des choses.
Et pour les otages il est encore temps d'agir. Alors oui, c’est aussi notre devoir. La communauté internationale se déconsidère si elle ne m'est pas une pression maximale sur le gouvernement irakien. Nous en avons les moyens puisque nous soutenons ce gouvernement et il sait très bien qu’il n’ira pas très loin, mais sur le plan économique, sur le plan social, ni sur le plan politique si effectivement il est lâché par ceux qui le soutiennent. Nous devons obtenir la libération des otages. Nous ne pouvons pas accepter les mensonges. Nous ne devons pas accepter les fuites de responsabilité. Là aussi, il y a une justice internationale et je peux vous dire, y compris comme ancien ministre des Affaires étrangères, que ceux qui sont à la tête des Etats redoutent ce qui peut se passer quand on met en œuvre la justice internationale. Alors, que cela soit dit et que cela soit fait, s'il ne répond pas à la demande.
Vous le savez mieux que quiconque, quand on a la volonté les moyens ne manquent pas, et quand on obtient ce que l'on veut. Alors après trop de discours diplomatique creux, après trop de dramaturgie non suivie d'effet, il est temps que des actes concrets, réels, de la part de la France, de la part États-Unis, de la part de chacun des pays de l'Union européenne, de la part de chacun des pays du Conseil de sécurité de l'ONU, rappelle au gouvernement iranien et au gouvernement irakien que le droit et les principes généraux des droits de l'homme et citoyen doivent être respectés sous peine de sanctions lourdes. Parce que la sanction, c'est aussi un moyen de prévention. Notre action doit être un message à tous.
La sécurité du camp Liberty et des 3000 personnes qui y vivent n'est prise à la légère par aucun d'entre nous. Nos actions doivent être un signal à tous ceux qui voudraient y porter atteinte, quel qu'il soit. L'ONU, l'Union européenne, les grands pays ont besoin de retrouver leur crédibilité aux yeux des peuples. »

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