Droits de l'hommeLa pression est de plus en plus forte pour obtenir l’ouverture d’une enquête sur l’exécution de milliers d’opposants.
Tribune de Genève : En août dernier, le fils de l’ayatollah Hossein Ali Montazeri a rendu public un enregistrement audio dans lequel on entend son père, décédé en 2009, évoquer l’exécution en 1988 de milliers d’opposants parmi lesquels des femmes des enfants.
Au total, plus de 33 000 personnes auraient été la cible d’une purge sanglante orchestrée par le régime pour faire taire toute contestation. Parce que les preuves et les témoignages abondent, une vingtaine d’ONG, parmi lesquelles Amnesty International et Human Rights Watch, ont joint leurs voix aux opposants iraniens pour exhorter la communauté internationale et l’ONU à ne pas laisser ces crimes impunis.
«Aujourd’hui, la nouvelle génération réclame des comptes sur ce qui s’est passé il y a trente ans. L’Iran aura à répondre des massacres de 1988», explique Azadeh Zabeti, vice-présidente du Comité des avocats anglo-iraniens mandatée par les familles des victimes de ce «massacre de masse». «Il y a eu un crime contre l’humanité. Les preuves sont là. Il faut ouvrir une enquête et poursuivre les auteurs», poursuit Tahar Boumedra, expert juridique et ancien chef du Bureau des droits de l’homme de la Mission d’assistance des Nations Unies pour l’Irak.
Alors que se tient la session de printemps du Conseil des droits de l’homme, le Conseil national de la résistance iranienne multiplie les rencontres avec les diplomates pour essayer d’obtenir la création d’une commission d’enquête. Evidemment, les intéressés n’ignorent pas que l’accord sur le nucléaire iranien et le retour de l’Iran dans le jeu diplomatique leur complique la tâche mais ils font observer que la question de la lutte contre l’impunité est devenue centrale. S’ils savent n’avoir aucune chance de voir les responsables des massacres de 1988 renvoyés devant la Cour pénale internationale, ils ne désespèrent pas de voir certains tribunaux engager des poursuites en vertu de leur compétence universelle à juger des crimes contre l’humanité.
Le chemin sera long mais les opposants iraniens sont patients. Ils viennent de marquer un tout premier point. Le dernier rapport du rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme en Iran mentionne «l’exécution de milliers de dissidents» en 1988. Azadeh Zabeti et Tahar Boumedra rappellent que le pouvoir iranien lui-même n’a pas démenti les faits. Autrement dit, la communauté internationale ne peut plus faire comme si ce crime contre l’humanité n’avait jamais existé.
Par Alain Jourdan
Source : Tribune de Genève
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