samedi 5 août 2017

L'Europe ne doit pas fermer les yeux sur les violations des droits humains de l'Iran

 AL Arabiya - Par Stuart Stevenson, le 4 août 2017 - Sur les banderoles en allemand, on peut lire : « Les personnes responsables des massacres de 1988 en Iran doivent être traduites devant les tribunaux » (Reuters). Amnesty International vient de publier un rapport de 94 pages intitulé « Pris dans un réseau de répression : les défenseurs des droits de l'homme en Iran attaqués ».
Il décrit 45 cas précis de ce que l'organisation a qualifié de « répression vicieuse » coïncidant avec la supposée « présidence modérée » de Hassan Rohani, qui entame son second mandat de Président cette semaine.
 La principale leçon à retenir est que les autorités iraniennes ont à maintes reprises diminué les critères par lesquels elles accusent et condamnent les militants et les dissidents des crimes de sécurité nationale tout en augmentant la sévérité des châtiments infligés à ces mêmes personnes. Le caractère abusif de ces punitions a été renforcé par de nouvelles révélations qui sont apparues avec le rapport d'Amnesty International, principalement en ce qui concerne le fameux usage abusif de la peine de mort par la République islamique.

 L'Iran a longtemps entretenu des taux mondiaux dominants d'exécutions, et la violence et la répression des dernières années se sont reflétées dans un schéma de pendaisons incluant des pointes périodiques au cours desquelles des dizaines de personnes sont mises à mort en un seul mois. Une telle flambée s’est produite le mois dernier, avec au moins 101 condamnations à mort, sans parler de celles qui auraient pu se dérouler en secret.
 L'Organisation iranienne des droits de l'homme a annoncé que les autorités iraniennes ont exécuté plus d'une centaine de personnes au cours du mois de juillet.
En Iran, les prisonniers politiques sont condamnés à la pendaison à une certaine fréquence, habituellement sur la base de vagues accusations religieuses comme « inimitié contre Dieu » ou « injure envers le sacré ».
 Le Régime répressif et théocratique
Les exécutions parlent de la nature répressive du régime théocratique, qui n'a fait que s'aggraver à l'époque de Rohani, lorsque le gouvernement s’est scindé entre deux factions, dont aucune ne représente de réforme. Maryam Rajavi, la présidente de la principale coalition des dissidents iraniens, le Conseil National de la Résistance iranienne, s’est exprimé sur les nouveaux chiffres de la peine de mort déclarant : « Assaillie par des crises et craignant des soulèvements populaires, la théocratie au pouvoir de l'Iran n'a pas trouvé d'autre issue que d’intensifier la répression surtout et notamment à travers des exécutions massives arbitraires ».
 La déclaration du CNRI a recommandé à la communauté internationale d’ignorer les incitations économiques et politiques à développer des relations avec la République islamique et, au lieu de cela, à prendre des mesures pour que ses autorités soient tenues pour responsables non seulement des récentes repressions et exécutions, mais aussi des crimes passés longtemps négligés, comme le massacre des quelques 30 000 prisonniers politiques au cours de l'été 1988.
 Naturellement, étant « assailli par les crises » et la possibilité d'un renversement populaire, le régime craint profondément ce type de pression, ce qui impliquerait la volonté occidentale de soutenir un soulèvement intérieur en Iran et l'aider à garantir que Téhéran ne soit pas libre d'exercer des représailles contre les dissidents comme bon lui semble.
 Réclamation absurde
Le mois dernier, le soi-disant contrôleur des droits de l'homme, Javad Larijani, a émis l'affirmation absurde que le pays ne détient pas de prisonniers politiques. Immédiatement après, des diplomates étrangers à Téhéran ont été invités à se rendre dans la tristement célèbre prison d'Evine, mais les enquêteurs sur les droits de l'homme ont été tenus à l’écart de ce numéro de relations publiques, tandis que les diplomates sont restés éloignés des quartiers qui accueillent presque exclusivement des prisonniers politiques.
 Le ministre iranien des affaires étrangères, Javad Zarif, a fait des déclarations similaires, parfaitement ridicules, affirmant l'innocence du pays. Mais avec ou sans le nouveau rapport d'Amnesty International, personne avec un minimum de connaissance de la République islamique ne devrait jamais prendre ces réclamations au sérieux. Malheureusement, Zarif et d'autres membres de l'administration de Rohani semblent être magistraux quand il s’agit d’afficher un visage amical sur le régime clérical iranien, même si ses abus intérieurs et les provocations étrangères continuent de s’intensifier.
 « La justice ne sera réalisée que lorsque la communauté internationale aura le courage de rejeter les démentis absurdes et anémiques de l'Iran et au lieu de cela répondra en usant de pression économique et diplomatique concernant les violations des droits de l'homme du régime », Struan Stevenson.
C'est la seule explication qui explique le fait que certains responsables occidentaux, y compris le chef de la politique étrangère de l'Union européenne, Federica Mogherini, ont accepté d'assister à la réinvestiture du président Rohani cette semaine. Ces décisions ont été profondément peu judicieuses, dans la mesure où toute présence occidentale au côté d’une fonction étatique iranienne présuppose que les autorités concernées ferment les yeux sur les violations des droits de l'homme qui ne se poursuivent pas seulement, mais qui augmentent sous la surveillance de Rouhani.
 Il est simplement inconcevable que l'une de ces autorités ignore l'information partagée par Amnesty et d'autres. L'explication la plus charitable pour justifier leurs actions est qu'ils ne tiennent pas Rohani pour personnellement responsable des mesures de répression et sont prêts à offrir leur soutien à son administration dans l'espoir qu'il finira, après quatre ans de mandat, à commencer à promouvoir de sérieuses réformes intérieures.
 Mais si c’est ce qu’ils pensent, c’est malheureusement naïf. Rohani n'a jamais été autre chose qu'un fidèle serviteur d’un régime qui torture ses citoyens et les emprisonne pendant plus de 10 ans simplement pour avoir protesté contre les abus antérieurs des droits de l'homme. Peu après avoir pris ses fonctions en 2013 au milieu des applaudissements des responsables occidentaux, Rohani a bien tourné le dos aux droits de l'homme en nommant Mostafa Pourmohammadi, une personnalité de premier plan impliquée dans le massacre de 1988, en tant que ministre de la justice.
 De telles autorités doivent être traduites en justice, car nous pourrions craindre que le régime iranien ne soit convaincu qu'il peut échapper aux milliers de meurtres illégaux et encore profiter de la présence de visages amicaux européens dans ses fonctions d'état. La justice ne sera réalisée que lorsque la communauté internationale aura le courage de rejeter les démentis absurdes et anémiques de l'Iran et répondra par une pression économique et diplomatique aux violations des droits de l'homme perpétrés par le régime.
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Struan Stevenson est président de l’European Iraqi Freedom Association (EIFA). Il a été membre du Parlement européen, représentant l'Écosse (de 1999 à 2014), président de la délégation du Parlement pour les relations avec l'Iraq (de 2009 à 2014) et président des Amis d'un groupe intergouvernemental pour un Iran Libre (de 2004 à 2014). Il est un conférencier international sur le Moyen-Orient

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