Human Rights Watch (Beyrouth) - Depuis la fin avril 2020, les tribunaux iraniens ont condamné au moins 13 personnes à des peines de prison, apparemment uniquement pour avoir protesté pacifiquement contre l'attaque meurtrière des forces iraniennes contre un avion ukranien de ligne civil et le déni initial de responsabilité du gouvernement, a déclaré Human Rights Watch aujourd'hui.
Les autorités devraient mettre fin à toutes les poursuites qui violent le droit de réunion et de protestation pacifique.
Le 8 janvier, le Corps des gardiens de la révolution iranien (les pasdarans) a abattu un avion de ligne civil ukrainien, tuant 176 passagers et membres d'équipage. Après un premier démenti, le 11 janvier, le commandement central des forces armées a admis que, à la suite aux représailles de l'Iran contre une base américaine en Irak, les pasdarans avaient « par erreur » abattu l'avion de ligne. Des protestations ont alors éclaté dans tout le pays. Le 14 janvier, Gholamhossein Esmaili, le porte-parole du pouvoir judiciaire, a déclaré aux journalistes qu'une trentaine de personnes avaient été arrêtées en relation avec les manifestations et qu'un nombre indéterminé de personnes avaient été arrêtées en relation avec l'abattage de l'avion.
En ce 11 janvier 2020, les gens se rassemblent pour une veillée aux chandelles à la mémoire des victimes de l'accident d'avion ukrainien à la porte de l'université Amir Kabir à Téhéran, en Iran.
2020 AP Photo/Ebrahim Noroozi, Dossier
2020 AP Photo/Ebrahim Noroozi, Dossier
« Les autorités iraniennes suivent leur politique habituelle d'esquive des responsabilités », a déclaré Michael Page, directeur adjoint pour le Moyen-Orient de Human Rights Watch. « Tout en refusant de fournir des détails sur toute enquête de culpabilité pour cette erreur fatale, les responsables judiciaires ne perdent pas de temps à condamner les personnes qui ont protesté contre la perte de 176 vies… »
Le 1er mai, Mostafa Hashemizadeh, étudiant en génie civil à l'université de Téhéran, a tweeté que la branche 26 du tribunal révolutionnaire de Téhéran l'avait condamné à 5 ans de prison pour « rassemblement et collusion visant à perturber la sécurité nationale. » Il a déclaré que le tribunal l'avait condamné à une année de prison supplémentaire, à 3 mois de service public dans un hôpital psychiatrique et à 74 coups de fouet, et lui avait interdit d'entrer dans le dortoir de l'université pendant 2 ans pour « trouble à l'ordre public ».
Amir Mohammad Sharifi, un autre étudiant de l'université de Téhéran qui a participé aux manifestations, a tweeté que le même tribunal l'a condamné à six mois de prison pour « propagande contre l'État ». Il a déclaré que l'accusation découlait du fait qu'il avait pris des photos d'officiers en civil entrant dans le dortoir de l'université et qu'il avait publié ces photos sur Twitter.
Le 26 avril, le site d'information Zeitoon a publié une copie du verdict dans lequel le tribunal révolutionnaire d'Amol, dans la province de Mazandran, a condamné 11 personnes à 8 mois de prison pour « propagande contre l'État » en scandant des slogans contre la République islamique d'Iran et en prenant des photos et des vidéos lors d'une veillée en hommage des victimes du crash de l'avion et pendant les manifestations qui ont suivi.
Le 14 janvier, les autorités iraniennes se sont engagées à enquêter sur l'attentat, mais elles n'ont pas encore communiqué les détails de leur enquête. Elles n'ont pas non plus accordé aux autres pays touchés, un accès à des preuves essentielles. Le 11 mars, le chef de la délégation iranienne auprès de l'Organisation de l'aviation civile internationale a déclaré à Reuters que l'Iran « a accepté d'envoyer des boîtes noires d'un avion ukrainien abattu à Kiev pour analyse » mais que l'Iran ne les a toujours pas remises.
Le 14 janvier, les autorités iraniennes se sont engagées à enquêter sur l'attentat, mais elles n'ont pas encore communiqué les détails de leur enquête. Elles n'ont pas non plus accordé aux autres pays touchés, un accès à des preuves essentielles. Le 11 mars, le chef de la délégation iranienne auprès de l'Organisation de l'aviation civile internationale a déclaré à Reuters que l'Iran « a accepté d'envoyer des boîtes noires d'un avion ukrainien abattu à Kiev pour analyse » mais que l'Iran ne les a toujours pas remises.
Après qu'un membre du Parlement ait déclaré le 6 avril que « les membres des forces armées ont fait leur devoir » et qu' « il n'y aura pas de poursuites », Shokrallah Bahrami, le chef de l'Organisation judiciaire des forces armées, a rejeté cette affirmation et a déclaré qu'à l'époque, une personne était toujours en détention.
A plusieurs reprises, des responsables du Canada, dont les ressortissants constituaient la majorité des victimes, et d'autres pays dont les ressortissants étaient à bord, ont appelé l'Iran à coopérer avec les initiatives multilatérales d'enquête. Les familles des victimes ont déclaré qu'elles craignaient que la pandémie du Covid-19 ne ralentisse l'élan de justice pour leurs proches.
« Au lieu de poursuivre ceux qui ont exercé leur droit à la liberté d'expression et de réunion pacifique, les autorités iraniennes devraient mener une enquête transparente et coopérer avec les organismes internationaux pour découvrir exactement ce qui s'est passé dans cette tragédie », a déclaré M. Page.
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