CNRI Femmes – La vente d’un rein est restée le dernier moyen de survivre pour une femme nommée Hadjar, mère d’une fille et qui vit dans une extrême pauvreté en Iran. Les femmes chefs de famille ont été pratiquement abandonnées par le gouvernement et les services sociaux et sont très vulnérables.
La vie est devenue un cauchemar pour Hadjar. Elle est seule, isolée. Elle travaillait dans un atelier qui a fermé en raison de l’épidémie de coronavirus. Elle n’a pas trouvé d’autre emploi et s’est retrouvée à la rue.
Mariage précoce, pauvreté
Dans une interview publiée par l’agence ROKNA le 22 avril 2020, Hadjar raconte sa vie : « quand j’ai terminé ma première au lycée, j’ai dû abandonner mes études. À 17 ans, j’ai été forcée de me marier. Mon mariage a duré 5 ans. Pendant ces cinq années, je n’ai pas compris ce que mon mari faisait. De temps en temps, un objet disparaissait de la maison, mais je n’y faisais pas attention. Au bout d’un certain temps, ma mère s’en est rendu compte et m’a emmenée chez mon père. Mon mari ne m’a pas permis d’emmener ma fille avec moi. Quelques jours plus tard, quand je suis allée chercher mes affaires, j’ai trouvé la maison entièrement vidée. Mon mari avait pris tous les meubles. »
Elle explique la situation qui a conduit à son divorce et à sa situation de sans-abri : « j’ai surmonté les obstacles et j’ai finalement obtenu le divorce. Au bout de 4 ans, mon mari a accepté de laisser ma fille vivre avec moi. Après le divorce, j’ai dû vivre chez mon père. Ils me regardaient de haut, et ma fille et moi étions chaque jour humiliées. J’ai dû renvoyer ma fille chez son père et dormir dans un parc. J’ai voulu aller vivre dans un logement social, mais une femme qui travaillait là-bas m’a dit qu’il était préférable pour ma fille de l’emmener ailleurs plutôt que là.
Hadjar, qui avait été chassée de la maison de son père et dormait dans un parc, a trouvé un travail pour gagner sa vie.
« Je travaillais dur dans un atelier qui a été fermé à cause de l’épidémie de coronavirus. Un jour, alors que je cherchais un emploi et qu’on me l’avait refusé, j’ai vu une annonce de vente de rein. Je me suis dit que si pour ma fille, je vendais un rein, je trouverai un logement. Je suis allée dans quelques hôpitaux, mais une infirmière m’a dit qu’à cause du coronavirus, la vente de rein était interdite. Je continue à errer seule dans les rues, loin de ma fille. »
Femmes chefs de famille sans domicile fixe
Selon les statistiques officielles, il y a plus de 3,6 millions de femmes chefs de famille en Iran, et au moins 60 300 femmes s’ajoutent en moyenne à ce nombre chaque année. Les chiffres officieux sont toutefois bien plus élevés, notamment en ce qui concerne les femmes qui semblent avoir un conjoint et une famille mais qui doivent supporter le poids des problèmes de tous les membres de la famille.
Pour le régime clérical, les femmes chefs de famille ont besoin d’un tuteur et d’un curateur. Elles ont besoin d’institutions officielles pour les reconnaître, comprendre leurs problèmes et les soutenir afin qu’elles puissent élever leurs enfants et les mettre au service de la société. (Site Rassaneh – 27 avril 2020)
Mais le fait est que les femmes chefs de famille en Iran n’ont pas protection. Aucun des services gouvernementaux ne se soucie des femmes chefs de famille, et cela transparait clairement dans les discours, les commentaires, et surtout les décisions politiques. Ce manque d’attention a des conséquences sociales de grande envergure. Ces femmes constituent un secteur vulnérable de la société qui peut devenir une source de nombreux préjudices sociaux et culturels, affectant la famille et les personnes qu’elles côtoient. Dans la pratique, elles ont été abandonnées par le gouvernement et ses institutions et ne sont soutenues par aucune loi.
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