vendredi 15 mai 2020

La peur d'une exécution secrète des prisonniers disparus augmente


prisonniers risquent exécution iranCSDHI - Amnesty International a appelé les autorités iraniennes à révéler immédiatement la vérité sur le sort réservé aux quatre condamnés à mort, en Iran, qui ont été transférés dans des lieux inconnus.

« Le refus des autorités de fournir des informations aux familles de ces prisonniers fait craindre qu’ils soient torturés ou exécutés en secret », a déclaré le groupe de défense des droits humains à Londres, dans un communiqué publié le mercredi 13 mai.
Hossein Silawi, Ali Khasraji et Naser Khafajian, trois condamnés à mort de la minorité arabe d'Iran, ont disparu de force depuis le 31 mars 2020 et Hedayat Abdollahpour, un condamné à mort de la minorité kurde d'Iran, depuis le 9 mai 2020 après avoir été transférés de leurs lieux de détention habituels dans des lieux non divulgués.
« Leur disparition forcée a eu lieu dans un contexte d'augmentation apparente du nombre d'exécutions depuis avril 2020, y compris dans les prisons peuplées de minorités ethniques, ce qui a encore accru les inquiétudes concernant leur sécurité et leur bien-être », a affirmé AI.
La loi iranienne exige que les autorités informent les avocats de l'exécution prévue de leurs clients, 48 heures à l'avance et accordent aux familles le droit de rendre visite à leurs proches, une dernière fois. Dans la pratique, cependant, les autorités ont depuis longtemps l'habitude d'exécuter secrètement des membres de groupes ethniques minoritaires après les avoir transférés dans des lieux inconnus et avoir refusé de révéler ce qui leur est arrivé et où ils se trouvent pendant des mois, voire des années.
« Les quatre hommes ont été condamnés à mort à l'issue de procès extrêmement injustes et au milieu d'allégations de torture graves, qui n'ont jamais fait l'objet d'une enquête. Ils se sont vu refuser l'accès à leurs avocats et à leurs familles, ainsi qu'à tous les détails des preuves retenues contre eux, au cours de la période d'enquête », a révélé AI dans son communiqué.
« Selon des personnes ayant une connaissance directe de leur affaire, les responsables de la sécurité et du renseignement ont fait pression à plusieurs reprises sur eux pour qu'ils fassent des déclarations auto-incriminantes, qui ont ensuite été utilisées par les tribunaux pour prononcer des condamnations à leur encontre », a ajouté AI.
Selon une déclaration publiée par le porte-parole du pouvoir judiciaire, le 14 janvier 2020, Hossein Silawi, 31 ans, Ali Khasraji, 27 ans, et Naser Khafajian, 34 ans, ont été condamnés à mort en relation avec une attaque armée contre un poste de police en 2017, à Ahwaz. Amnesty International estime que la procédure qui a conduit à la condamnation de ces hommes était manifestement inéquitable.
Les hommes ont déclaré avoir été détenus pendant des mois en isolement dans un centre de détention du ministère du renseignement à Ahwaz, sans avoir accès à leur famille ni à leurs avocats, et avoir été soumis à des actes de torture et à d'autres mauvais traitements par leurs interrogateurs pour leur faire « avouer », ce qui leur aurait valu des côtes ou des mains cassées.
Hedayat Abdollahpour, qui se trouve dans le couloir de la mort de la prison centrale d'Oroumieh, dans la province de l'Azerbaïdjan occidental, depuis 2017, a été transféré dans un lieu non déclaré, sans justifier de raison, le 9 mai 2020. Depuis lors, sa famille en détresse a cherché à obtenir des informations sur son sort et sur le lieu où il se trouve auprès de diverses entités officielles.
Cependant, ces organismes officiels ont tous refusé de leur fournir des informations.
En réponse aux efforts de la famille, le procureur adjoint d'Oroumieh a déclaré à sa famille le 12 mai : « Lorsque le ministère du renseignement et les gardiens de la révolution (les pasdarans) ne vous disent pas où se trouve votre parent, vous feriez mieux de vous adresser au cimetière ».
Hedayat Abdollahpour a été arrêté à Oshnavieh le 3 août 2016, dans le cadre d'un affrontement armé entre les pasdarans et membres du Parti démocratique kurde d'Iran (KDPI), qui a eu lieu le 14 juin 2016. Le 20 janvier 2017, à l'issue d'un procès inéquitable, la chambre 1 du tribunal révolutionnaire d'Oroumieh l'a reconnu coupable d'avoir « pris les armes contre l'État » (baqi) et l'a condamné à mort.
Sa condamnation était fondée sur son appartenance présumée au KDPI, ce qu'il a nié, et aucun élément de preuve concernant son implication dans des affrontements armés n'a été présenté lors de son procès. La Cour a également ignoré et n'a pas ordonné d'enquête sur ses allégations de torture et d'autres mauvais traitements au cours des 78 jours de son isolement cellulaire dans un centre de détention de la caserne militaire d'Almahdi à Oroumieh, qui est géré par les pasdarans.
Hedayat Abdollahpour a déclaré qu'il avait perdu l’audition d'une oreille suite aux tortures auxquelles il a été soumis pendant cette période pour « avouer ».
Source : Iran HRM

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