Les dirigeants occidentaux se sont laissé convaincre que le président du régime iranien Hassan Rohani est un « modéré », alors que la réalité montre qu’il n’est pas différent du Guide Suprême des mollahs Ali Khamenei, selon des dissidents iraniens dans une interview publiée par le Washington Times.
Ce journal a écrit dans son édition de lundi:
« La sonnette de l’entrée a retenti, longue et stridente, comme enfoncée âprement par un doigt en colère. Puis la fenêtre s’est soudainement fracassée et les policiers étaient dans la maison. Cela s’est passé il y a huit ans à Téhéran, mais Parisa Kohandel, qui avait alors tout juste neuf ans, se souvient des autorités venues arrêter son père comme si c’était hier.
« Je pleurais, et je l’ai pris dans mes bras, alors qu’ils fouillaient la maison », affirme-t-elle. « Je l’ai serré dans mes bras pour qu’ils ne l’emmènent pas. Alors, ils m’ont mis un pistolet sur la tempe et l’ont séparé de moi. »
Le cas de son père Saleh Kohandel, qui soutient les Moudjahidines du Peuple d’Iran, l’OMPI, est similaire à des dizaines d’autres prisonniers politiques en Iran, écrit le journal.
Il ajoute : le régime tyrannique de la république islamique est une chose que le gouvernement Obama a principalement choisi d’ignorer tandis qu’il cherchait à conclure avec Téhéran l’accord nucléaire historique de cette année, qui a officiellement pris effet dimanche, et ce malgré le fait que des scandaleuses affaires de violations des droits de l’homme aient suscité l’indignation à Washington et ailleurs.
Le destin des prisonniers politiques iraniens est toujours incertain. « Certains finissent pendus à des grues de construction sur les places publiques. D’autres sont plus chanceux et sont libérés après des années d’incarcération sordides, » affirme le Washington Post.
« La plus terrible des tortures, physique et psychologique, est l’enfermement à l’isolement, » affirme Farzad Madadzadeh, un activiste de l’OMPI qui a été libéré en février dernier après cinq ans d’emprisonnement.
« Au fil des ans, des dizaines de mes amis ont été pendus – des dizaines, » a affirmé M. Madadzadeh, 30 ans, dans une interview au Washington Times. « Leur seul crime était d’avoir recherché la liberté. »
Le Washington Times ajoute : « Pire encore, selon M. Madadzadeh et Parisa Kohandel, 17 ans, la répression envers l’opposition politique s’est intensifiée alors même que les dirigeants iraniens ont cherché à paraître modérés pour conclure l’accord nucléaire et faire en sorte que les USA et ses alliés lèvent les sanctions.
Le gouvernement Obama a jusqu’à présent insisté pour que les sanctions pour violations des droits de l’homme et soutien du terrorisme restent en place. Mais cela ne semble pas avoir découragé le régime iranien.
Les deux dissidents, qui ont récemment fui l’Iran pour chercher l’asile en Europe, ont mis en garde contre la politique occidentale d’apaisement envers Téhéran, qui encourage les dirigeants iraniens.
« L’accord nucléaire a déjà rendu le régime plus éhonté, parce qu’il sent que l’Occident restera silencieux quoi qu’il fasse », a affirmé M. Madadzadeh, selon qui le régime vit dans « la peur constante » d’un soulèvement des forces de l’opposition.
« Le nombre d’arrestations d’étudiants à l’université et d’enseignants, ou simplement de personnes qui participent à n’importe quelle protestation, a augmenté de façon spectaculaire ces trois dernières années. »
Les droits de l’homme et les conditions d’emprisonnement, a-t-il ajouté, ont notamment empiré depuis l’accession au pouvoir de Hassan Rohani mi-2013.
Selon M. Madadzadeh, le Président Obama et les autres dirigeants occidentaux se sont laissés convaincre que le président du régime iranien Hassan Rohani était un modéré, alors que la réalité montre qu’il n’est « pas différent » du guide religieux suprême l’ayatollah Sayyid Ali Hosseini Khamenei, et des autres mollahs qui sont réellement au pouvoir en Iran.
Le « Renard Violet »
Toujours d’après M. Madadzadeh, la frustration est profonde parmi les Iraniens pour qui « l’Occident ne nous soutient pas, mais soutient une dictature comme celle-ci – une dictature qui crée le chaos dans toute la région et tue des prisonniers. »
« Ce qui choque le plus, c’est que le régime a gagné une certaine complicité avec l’Occident en promouvant M. Rohani comme un homme du peuple qui se bat pour des réformes. »
« Il y en a qui jouent ce jeu politique qui consiste à faire passer Rohani pour un modéré. Certains dans ce régime jouent à ce jeu pour gagner du temps auprès de l’Occident, et d’autres en Occident y jouent par intérêt », a-t-il affirmé. « Ce n’est qu’une tactique pour tromper la communauté internationale. Pour moi, c’est la duperie majeure de la comédie de la modération en Iran. »
« La réalité est complètement différente », a-t-il affirmé, ajoutant qu’en privé, beaucoup d’iraniens « appellent Rohani “Le Renard Violet” » à cause de la nature trompeuse de son image sur la scène mondiale.
« Il est également appelé “le mollah trompeur”, bien que le surnom de « Renard Violet » soit resté, inspiré par son utilisation du violet comme couleur officielle de sa campagne pour la présidence il y a trois ans.
M. Madadzadeh a rappelé la multiplication des exécutions qui ont eu lieu en Iran depuis son élection, assurant que le taux d’exécutions sous Rohani dépassait largement celui de périodes passées, y compris durant la présidence de Mahmoud Ahmadinejad en 2005-2013.
Amnesty International a souligné une « hausse sans précédent des exécutions », décrivant la situation comme « choquante », avec quelque 694 personnes exécutées pour la première moitié de l’année 2015.
Un vaste réseau
M. Madadzadeh a été arrêté en 2009 pour avoir soutenu des activités politiques anti-régime en liaison avec les Moudjahidines du Peuple (OMPI), dont les membres affirment posséder un réseau important et en expansion aussi bien en Iran qu’à l’extérieur.
Ce réseau a permis la fuite de M. Madadzadeh vers l’Europe ces mois derniers. Il s’est entretenu avec le Times en vidéoconférence à partir d’un lieu tenu secret.
Bien que son histoire ne puisse pas être objectivement vérifiée, son nom et la rigueur de sa détention ont été mentionnés dans des documents du Département d’État des droits de l’homme.
Paria Kohandel et M. Madadzadeh ont tous deux rencontré pour la première fois, le 10 octobre à Paris, Mme Maryam Rajavi, leader de l’opposition iranienne, lors d’une manifestation pour la Journée Mondiale contre la Peine de Mort.
Le Washington Times a écrit que « l’on dit que le Conseil National de la Résistance Iranienne (CNRI) et l’Organisation des Moudjahidines du Peuple d’Iran (OMPI) possèdent des sources fiables dans la communauté du nucléaire iranien, et que leurs membres ont fait des révélations décisives sur les activités nucléaires de Téhéran au fil du temps. »
L’article ajoute : « Au début des années 2000, le CNRI a révélé l’existence du site d’uranium enrichi de Natanz en Iran et de celui d’eau lourde et de plutonium d’Arak – deux exploitations qui ont depuis été à la source de la surveillance de Téhéran et de la méfiance internationale à son égard.
C’est un facteur qui semble avoir renforcé la détermination du régime à exercer une répression.
« Le régime n’a peur que d’un phénomène intérieur, et ce sont les Moudjahidines du Peuple, » a proclamé M. Madadzadeh, qui affirme que le soutien pour l’OMPI se développe en Iran. »
Il a fait référence à la propagande grandissante du gouvernement en vue de discréditer le groupe.
Un triste couloir de prison
Une des stratégies tient dans la programmation de médias contrôlés par l’état iranien, qui présentent des interviews de membres connus de l’OMPI contraints par le régime à condamner publiquement l’organisation. Si le dissident refuse de jouer le jeu, les conséquences peuvent être graves.
Parisa Kohandel a déclaré au Times que lorsqu’elle était enfant, des responsables du gouvernement ont arrêté son père et l’ont contraint à s’opposer à l’OMPI à la télévision d’état.
« Il n’a pas accepté, et à cause de cela, il est maintenant en prison, » a affirmé la jeune fille de 17 ans, ajoutant que la véritable durée de sa peine était incertaine.
« On lui a annoncé une sentence de 10 ans, mais on lui a également dit qu’il allait être exécuté », a-t-elle affirmé.
La situation difficile dans laquelle il se trouve a inspiré à sa fille son activisme et son appartenance à l’OMPI. « Je suis décidée », dit-elle, « je n’ai peur de rien. »
Mais Parisa garde également un souvenir douloureux de l’expérience terrifiante d’une enfance où son père était derrière les barreaux dans un pays où des milliers de personnes ont été exécutées pour d’obscures raisons.
« Beaucoup de prisonniers politiques sont exécutés sous prétexte d’être trafiquants de drogue », a-t-elle affirmé, ajoutant qu’ils ne sont pas trafiquants de drogue mais des iraniens ordinaires – beaucoup emprisonnés uniquement parce qu’ils sont Kurdes ou sunnites dans une république islamique à dominance chiite.
« Lorsque je parcourais le couloir de la prison pour rendre visite à mon père, je rencontrais beaucoup de jeunes enfants de six, sept, huit ans, qui devaient traverser le même couloir », a affirmé Mlle Kohandel. « Beaucoup d’entre eux tenaient de petites images, des dessins d’enfants qui se dessinaient à côté de leurs papas, et beaucoup d’entre eux, lorsqu’ils revenaient la semaine suivante, ne revoyaient pas leur père. »
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