« Ce qui se fait aujourd'hui avec l'Iran, à l'initiative des Américains, avec le soutien du gouvernement français, il faut le dire comme, sous prétexte justement de considérations géopolitiques dans la région, c'est une capitulation qui peut se révéler extrêmement douloureuse pour nos pays», a déclaré Jean-Pierre Brard, ancien député-maire de Montreuil (93) à l’occasion de la Journée mondiale contre la peine de mort.
À cette conférence intitulée « Iran : droits de l’homme, stopper les exécutions », tenue à l’invitation du Comité de soutien aux droits de l’homme en Iran (CSDHI), d’autres personnalités sont également intervenues, notamment Maryam Radjavi (Présidente-élue du CNRI), Rama Yade (ancienne secrétaire d'État chargée aux Droits de l'homme), Phumla Mandela (fille de Nelson Mandela), Mgr Jacques Gaillot, Me Henri Leclerc, Gilbert Mitterrand (Président de la Fondation France Liberté-Danielle Mitterrand), Patrick Baudouin (Président d'honneur de la FIDH), Tahar Boumedra (ancien directeur du bureau des droits humains de l'ONU en Irak), Jean-François Legaret (maire du 1er ardt de Paris), François Colcombet, cofondateur du Syndicat de magistrature.
Dans son intervention, le grand défenseur des droits de l’homme a déclaré : « Tout à l’heure il était question de Victor Hugo, on pourrait citer Jean Jaurès qui mena des combats extraordinaires aussi contre la peine de mort. On peut en citer bien d’autre, comme Robert Badinter aussi. Nous appartenons à un peuple qui n’a jamais été complètement homogène. Il y a toujours eu deux France : celle qui était du mauvais côté et celle qui était du bon côté.
Nos amis Iraniens en ce moment traversent un temps difficile, parce que la communauté internationale se met à genoux. Les mollahs font croire que les marchés iraniens vont être ouverts. Ils se précipitent tous à genoux, se traînent au pied des ayatollahs. Est-ce comme cela que nous allons gagner en autorité et en respect auprès des responsables du fascisme religieux à Téhéran ? Certainement pas.
Il y a une certitude : c’est que nous risquons d’y perdre notre âme. Nous ne devons pas avoir d'abord des intérêts, nous devons avoir des valeurs au nom desquelles certainement nous préserverons les intérêts, à commencer par l'image de la France dans le monde. La France pour moi a toujours été porteuse des valeurs universelles qui ont été développées par la révolution et au nom desquelles pendant la dernière guerre des résistants sont tombés faces aux nazis.
Notre expérience montre que chaque fois que nous avons cédé face au tyran, il s'en est suivi des conséquences terribles pour notre pays. 1936, la remilitarisation de la Rhénanie par Hitler, Hitler avance avec la Wehrmacht, les consignes aux officiers de la Wehrmacht sont claires : si les Français s'y opposent, reculez. Qu’ont fait les officiels français ? Ils ont capitulé.
Hitler s'est renforcé. Deux ans après, en 1938, les accords de Munich, pour sauver la paix, paraît-il, on avait fait un compromis, non pas un compromis mais une compromission avec Hitler. Nous avons vendu les Tchèques comme nous avions vendu les Autrichiens. Et bien que s’est-il passé ? Nous avons déroulé le tapis rouge devant Hitler et nous avons accéléré le danger de guerre qui est devenue une réalité.
Ce qui se fait aujourd'hui avec l'Iran, à l'initiative des Américains, avec le soutien du gouvernement français, il faut le dire comme c’est, sous prétexte justement de considérations géopolitiques dans la région, c'est une capitulation qui peut se révéler extrêmement douloureuse pour nos pays. Parce que nous sommes fidèles à la déclaration des droits de l’homme de 1789 et à la fraternité, la solidarité de combat l'emporte sur les intérêts mercantiles des grands groupes qui au nom du business piétinent les droits de l'homme qui doivent être universels.»
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