mercredi 18 janvier 2017

Des prisonniers politiques en Iran craignent l’interdiction des visites sur une longue durée

 Les prisonniers politiques, Zanyar Moradi et Loghman Moradi, deux Kurdes dans le couloir de la mort dans la prison de Rajaï-Chahr à Karadj en Iran, sont interdits de visites depuis la mi-décembre 2016 sans raison et s’inquiètent que l'interdiction précédente qui a duré des années ne soit rétablie.
  « J’ai une mauvaise intuition au sujet de cette interdiction de visite », a déclaré Loghman Moradi à la Campagne internationale pour les droits de l'homme en Iran dans une interview accordée à la prison, le 12 janvier 2017. « Je ne sais pas ce qui va se passer ».
 
« Après notre arrestation en 2009 et jusqu'en 2013, nous n’avons pas eu le droit de recevoir des visites », a-t-il ajouté. « En 2013, ils nous ont permis de recevoir des visites comme tous les autres prisonniers. Maintenant, l'interdiction a été rétablie. Je ne sais pas quelle est leur intention. Veulent-ils faire pression sur nous ?
 
« Il y a un mois, M. Haji-Moradi, qui a récemment remplacé M. Hajilou en tant que procureur adjoint de Téhéran, a décidé qu'il ne voulait pas nous laisser, c’est-à-dire moi et Loghman, recevoir des visites. J'ai écrit des lettres à M. Hajilou et à M. Haji-Moradi, mais aucun d’eux n'a répondu. Je ne suis pas optimiste. Ce n’est pas bon s'ils nous ont isolés après trois années de visites régulières », a déclaré Loghman Moradi.
 
Zanyar Moradi et Loghman Moradi (aucune relation) ont été condamnés à mort en 2009 pour leur « implication dans l'assassinat du fils de l’imam de la prière du vendredi de Marivan » et pour « moharebeh » (inimitié envers Dieu). Les hommes ont rejeté les accusations du tribunal  et ils ont déclaré qu'ils avaient seulement avoué le meurtre parce que les agents du ministère des renseignements les avaient torturés.
 
Les membres des minorités ethniques ou religieuses en Iran qui critiquent le gouvernement sont choisis par le pouvoir judiciaire pour recevoir un traitement particulièrement sévère et il existe une histoire bien documentée de la magistrature attribuant de façon disproportionnée la peine capitale aux activistes minoritaires.
 
Zanyar Moradi, âgé de 27 ans, et Loghman Moradi, 29 ans, ont été détenus en 2009 pendant neuf mois dans le centre de détention du ministère des renseignements à Sanandaj, la capitale de la province du Kurdistan et six mois dans la prison centrale de Sanandaj avant d'être transférés dans le quartier 209 de la prison d’Evine, à Téhéran.
 
Le 22 décembre 2010, ils ont été condamnés à mort par le juge Abolqassem Salavati de la branche 15 du tribunal révolutionnaire et transférés dans la prison de Rajai Shahr.
 
« Nous avons attendu un nouveau procès pendant plus de deux ans maintenant, mais ils ne nous jugeront pas parce que nous avons beaucoup de témoins et de preuves qui prouvent que nous devrions être acquittés, mais ce serait difficile à accepter pour le ministère des renseignements, a déclaré Zanyar Moradi à la campagne en décembre 2016.
 
« Nous sommes détenus depuis huit ans en prison, pourquoi ? », a-t-il ajouté. « Un employé en civil est allé rendre visite au leader de la prière du vendredi de Marivan et lui a dit que nous n'avons pas tué son fils. Il y a d'autres raisons pour lesquelles ils ne nous libéreront pas et le principal est que le ministère des renseignements ne veut pas être gêné.
 
« Je demande un procès équitable, un procès sans parti pris, où je puisse me défendre contre toute preuve que le ministère des renseignements veut présenter », a-t-il déclaré. C'est tout ce que je demande. Je me connais et j'insiste sur mon innocence.
 
« Nous avons été torturés »
 
S'exprimant à la suite de leur arrestation le 2 août 2009 à Marivan, une province du Kurdistan, Zanyar Moradi a déclaré : « Nous avons été beaucoup torturés. J'en ai encore les marques sur mon corps. J'ai même été opéré en 2012 et 2013 pour mes blessures. Je souffre de hernies discales. Je n'avais que 19 ans. Je ne savais rien au sujet de la sécurité nationale et je ne parvenais pas à supporter la torture. S'ils m'avaient dit d’assumer la responsabilité de chaque assassinat en Iran depuis 1970, je l'aurais fait. Je voulais juste que cette terrible torture s’arrête. Ils avaient mon adresse personnelle et ils ont menacé ma mère et ma petite sœur. Nous n'avions pas le choix. Nous avons dit que nous accepterions tout ce qu'ils voulaient. Ils ont écrit le scénario qu'ils souhaitaient et nous l'avons signé ».
 
« Le juge Salavati nous a très mal traité et nous a dit que nous devrions écrire tout ce qu'il disait et demander pardon », a-t-il ajouté. « Mais nous ne faisions plus confiance au système. Nous avons écrit toute la vérité. Mais le juge a rejeté tout ce que nous avons écrit, considérant que ce n’étaient que des absurdités.
La Cour suprême a confirmé la décision du tribunal révolutionnaire le 9 juillet 2011, mais le sort des hommes a également été relié à des affaires parallèles qui doivent encore être assemblées pour passer devant la cour pénale.
 
Source : Campagne Internationale pour les droits de l’homme en Iran

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