Le prisonnier politique iranien Saeed Masouri a écrit à la session actuelle du Conseil des Droits de l’Homme des Nations Unies à Genève pour dénoncer de nouvelles agressions du régime des mollahs contre les prisonniers politiques en Iran, un message qui fait suite à la publication d’une lettre conjointe de prisonniers politiques insistant pour que le Conseil prolonge la mission de ses enquêteurs sur les violations des droits de l’homme en Iran.
M. Masouri, emprisonné dans la prison Gohardacht dans la ville de Karaj, au nord-ouest de Téhéran, à cause de son affiliation avec le principal groupe d’opposition iranien l’Organisation des Moudjahdines du Peuple d’Iran (OMPI), a protesté contre les pressions et le harcèlement subis par ses codétenus après que la lettre conjointe, signée par 40 prisonniers politiques au début du mois, ait été envoyée au Conseil pour soutenir la prolongation de la mission de Ahmed Shaheed, Rapporteur Spécial des Nations Unies sur la situation des droits de l’homme en Iran.
Les prisonniers politiques ont affirmé que le régime des mollahs avait échoué à duper ou à soudoyer M. Shaheed dont les rapports, d’après eux, ont eu des répercussions concrètes dans les prisons du régime.
Ils ont ajouté que les responsables judiciaires du régime leur ont offert la clémence s’ils déclaraient que les rapports de M. Shaheed étaient fallacieux.
Après que la lettre des prisonniers politiques ait été publiée, les sbires du régime ont monté d’un cran la pression contre les signataires. Trois d’entre eux – Iraj Hatami, Fareed Azmoudeh et Behzad Tarahomi – ont, depuis, été amenés dans le bureau du directeur de la prison et menacés d’être transférés dans le quartier des prisonniers ordinaires s’ils continuaient à signer des lettres conjointes contre le régime.
M. Masouri, qui faisait partie des signataires de la lettre conjointe originelle, a par la suite écrit au Conseil des Droits de l’Homme, au Secrétaire de l’ONU Ban Ki-moon et à Amnesty International pour avertir que les vies de certains prisonniers politiques étaient en danger.
Ci-dessous, le texte de sa lettre :
Honorable Conseil des Droits de l’Homme,
En tant que prisonnier qui subit tous les jours de terribles pressions, des agressions et témoin d’attaques contre les êtres humains emprisonnés et condamnés par le sort, je déclare que les complices de [Hassan] Rohani [le président du régime iranien] sont déterminés à assassiner et à anéantir un certain nombre de prisonniers, dont trois de mes codétenus, en déclarant leurs accusations « classifiées ». Ils ne sont motivés par rien d’autre qu’une haine inhumaine.
Ils paient des prisonniers pour en attaquer d’autres avec des couteaux et d’autres armes identiques, de manière à donner une leçon aux autres. Comme d’habitude, ils qualifieront de tels incidents de bagarres ordinaires entre prisonniers, de crises cardiaques, d’attaques cérébrales, d’ingestion massive de pilules et... Le vrai problème est que ces prisonniers n’avaient fait que soutenir le Conseil des Droits de l’Homme et son Rapporteur Spécial le Dr. Ahmed Shaheed. Autrement, alors que cela fait cinq ans qu’ils sont emprisonnés, plus aucune accusation ne pèse sur eux.
Par conséquent, en tant que codétenu, j’avertis sérieusement du complot qui pèse sur ces prisonniers (MM. Iraj Hatami, Fareed Azmoudeh et Behzad Tarahomi) et du réel danger dans lequel ils se trouvent. Les premiers responsables en cas d’incident ne seront autres que le pouvoir judiciaire et le directeur de la prison Gohardacht (Rajai Shahr).
La raison est que le 6 décembre 2015, ils ont engagé des détenus pour attaquer les hommes susnommés, les menacer avec diverses armes blanches et même brûler leurs visages et leurs têtes avec des cigarettes pour qu’ils cessent de protester contre les conditions injustes dans les tribunaux et en prison.
J’annonce à l’avance que si mes codétenus et moi-même faisons l’objet d’accusations « classifiées », ou sommes accusés d’émeute ou d’anarchie en prison, nous ne faisons que protester contre des mesures injustes et de chantage menées contre les prisonniers, et nous sommes abandonnés, sans personne vers qui nous tourner ou chercher de l’aide. Maintenant, c’est le tour de ces prisonniers. Par conséquent, j’appelle urgemment tous les organismes des droits de l’homme, en particulier le Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU, à ne pas rester silencieux face à cette possible catastrophe, au risque d’une tragédie pour nous et tous les autres prisonniers. Merci,
Saeed Masouri – Prison Gohardacht
CC : Secrétaire Général des Nations Unies Ban Ki-moon
Amnesty International
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