L’ « espoir de modération » en Iran sous Hassan Rohani s’est révélé aussi faux que naïf, écrit le Professeur Ivan Sascha Sheehan. « Non seulement le discours était contradictoire avec les positions répressives du Guide Suprême l’ayatollah Ali Khamenei à propos de la liberté de parole, de la liberté académique, des droits des minorités, du pluralisme religieux, de l’égalité des sexes, et des activités démocratiques, mais le suivi de Rohani sur les réformes promises s’est avéré indéfinissable.
Bien que cela n’ait pas d’importance pour les responsables Occidentaux, l'échec à adopter des réformes a fortement agi sur les citoyens iraniens qui en sont venus à regretter amèrement leur soutien initial au soi-disant modéré, » a écrit mardi le Professeur Sheehan sur le site The Hill.
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« Au cours des trois dernières années, les iraniens se sont rendus compte que Rohani n'a pas l'intention de mettre fin à la résidence surveillée, de réduire l'emprisonnement politique, ou de limiter la censure et la répression des médias pour lesquelles la République islamique est tristement célèbre, et la confiance au président a nettement diminué.
Sous la direction de Rohani, le régime a exécuté ses citoyens à un taux plus élevé que tout Etat membre de l’ONU. Aujourd’hui, le régime possède le taux le plus élevé d'exécutions par tête d’habitant dans le monde, dépassant même la Chine. Plus de personnes ont été exécutées sous le mandat de Rohani qu’au cours de n’importe quelle période similaire sur les vingt-cinq dernières années.
En fait, la situation sous Rohani s’est détériorée de manière tellement significative que de nombreux iraniens démoralisés ont publiquement déclaré leur engagement à boycotter les élections législatives qui ont eu lieu plus tôt cette année pour élire l'Assemblée des experts, l’organe théocratique qui sera chargé de choisir le successeur du Guide Suprême Khamenei.
Après l'échec de Rohani à tenir son rôle de modéré, il est une fois encore clair que le peuple iranien n’a aucun choix politique qui le représentera au sein du système existant. Ceux qui ont abandonné Rohani et les processus électoraux frauduleux qui servent les intérêts de Téhéran, adoptent ce à quoi beaucoup d’observateurs iraniens ont longtemps cru: Le seul moyen pour l'Iran d'avoir un avenir différent est sous un régime différent.
L'opposition croissante à l'administration de Rohani a, en parallèle, occasionné une augmentation du soutien à la plate-forme du Conseil National de la Résistance iranienne (CNRI), le parlement démocratique en exil, basé à Paris. Le groupe de résistance qui milite pour un Iran non-nucléaire symbolisant la paix avec les puissances Occidentales, organise un rassemblement international important pour la démocratie en Iran le 9 Juillet à Paris. Le CNRI est le principal mouvement d’opposition au pouvoir théocratique et reflète les espoirs de millions de personnes à l'intérieur et à l'extérieur de l'Iran qui en ont assez du fondamentalisme et de l'instabilité, des violations des droits de l'Homme et des guerres par procuration.
Des dizaines de milliers d'iraniens expatriés et leurs partisans internationaux, y compris des fonctionnaires et universitaires distingués du monde entier, assisteront au rassemblement pour la liberté iranienne qui se tiendra quelques jours avant l’anniversaire de l’accord nucléaire. L'événement devrait se traduire par de larges appels à la solidarité envers la résistance iranienne et à un soutien pour un changement de régime de l'intérieur.
Le timing de la manifestation internationale pour la liberté et de l'anniversaire des négociations qui ont abouti au Plan global d'action conjoint avec l'Iran offre une occasion unique aux décideurs Occidentaux de reconsidérer l'optimisme qui a abouti à l'accord nucléaire, ainsi que les développements malheureux qui ont lieu depuis 2015.
Le scepticisme avec lequel l'opposition iranienne a approché l’arrivée au pouvoir de Rohani s’est avéré être prudent : Trois ans après sa prise de fonction, Téhéran ne se démocratise ou ne modère pas sa politique intérieure, aussi n’est-il pas en train de devenir une puissance plus responsable en laquelle le monde peut avoir confiance. La ferme conviction du groupe d'opposition que Rohani ne remédierait pas aux idéologies extrémistes qui donnent vie à ce régime est plus précise que jamais.
Dans un effort pour tirer profit des nouveaux accords commerciaux avec la République islamique, les décideurs et les lobbyistes qui les influencent sont prêts à se servir de tous les prétextes possibles pour garder le récit de modération intact. Mais il est très important que les iraniens ne soient pas victimes du discours trompeur et du récit de la modération qui a prédominé parmi les décideurs américains et Européens au cours de la dernière année. Le faux récit a abouti à un accord nucléaire poreux qui renforce la campagne d'instabilité de Téhéran et sape les espoirs d’un avenir meilleur.
En juillet dernier, le Plan global d'action conjoint semblait être une bonne raison de laisser un passe à Rohani. Mais, avec une année complète de recul, il est de plus en plus difficile de suivre cette mascarade. Dans la perspective de l'accord nucléaire, l'Occident a ignoré de nombreux signes avant-coureurs - y compris les demandes toujours croissantes des négociateurs iraniens et les lignes rouges, ainsi qu'un flux d'informations provenant de la résistance iranienne concernant les activités nucléaires iraniennes non divulguées.
Il est actuellement encore plus difficile d'ignorer les provocations et les activités illicites qui ont eu lieu depuis que les négociations du Plan global d’action conjoint ont été conclues. Il n’existe aujourd’hui aucun symbole du récit de modération et il n’en existera pas aussi longtemps que le régime gouvernera au travers de taux d'exécutions toujours grandissants, de dénégation des violations des droits de l'Homme clairement évidentes, des attaques violentes contre l'opposition tant sur le plan national qu’à l’étranger, et de non coopération avec la communauté internationale sur des questions incluant le stockage par l’Iran de missiles balistiques capables de transporter des armes nucléaires.
Il est clair que l'optimisme de Juillet dernier était injustifié et que la politique Occidentale envers la République islamique doit changer. Le soutien de l’Occident à un régime engagé dans des activités de répression et de déstabilisation en Syrie et en Irak - entraînant la migration forcée avec des implications de sécurité mondiale - n'est ni soutenable ni sensé.
A l'anniversaire de l'accord nucléaire iranien, les puissances Occidentales sont avisées de conclure que le changement global pour une politique d’engagement avec Téhéran servirait en même temps les intérêts du régime, tout en facilitant la répression des individus promouvant la liberté, la démocratie, les droits de l'Homme, l'égalité des sexes, la primauté du droit, et un Iran non-nucléaire.
Les puissances mondiales qui traitent le régime iranien comme une partie intégrante du paysage du Moyen-Orient ou la meilleure parmi les mauvaises options, nourrissent seulement un régime qui a légitimement gagné des décennies de mépris pour les violations des droits de l'Homme et la condamnation pour le soutien au terrorisme mondial.
Robert Kagan de la Brookings Institution a expliqué en 2010 que le changement de régime à Téhéran est la meilleure politique de non-prolifération. L’anniversaire d’un an des négociations nucléaires ce mois de juillet est un bon moment pour conclure que le changement de régime de l'intérieur par l'intermédiaire de l'opposition iranienne organisée est également le meilleur espoir pour un avenir plus pacifique en Iran.»
Dr. Ivan Sascha Sheehan est directeur du programme d'études supérieures en affaires internationales et en sécurité humaine à l'École des affaires publiques et internationales à l'Université de Baltimore.
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