Une décision à laquelle se sont opposés l'Union européenne, le Canada, la Russie et la Chine. Deux raisons principales justifiaient leur désaccord : ils ne bénéficieraient plus de leurs échanges commerciaux avec l'Iran et, d'un point de vue politique, les sanctions pourraient également provoquer des troubles au Moyen-Orient.
Malgré cette opposition, les sanctions ont fini par forcer l'économie du régime des mollahs à franchir une étape dangereuse. Ce danger concerne principalement l'économie fragile de l'Iran plutôt que les sanctions elles-mêmes.
Selon certains analystes à la solde du régime, à l’instar de Masoud Nili (c'est-à-dire l'ancien conseiller économique d’Hassan Rohani), l'économie iranienne est confrontée à 6 " super défis " :
1. le chômage.
2. une grave pénurie d'eau et le manque d'eau potable qui en résulte.
3. des dommages irréversibles à l'environnement du pays.
4. la faillite de la plupart des banques.
5. une impasse dans les comptes de retraite.
6. et l'incapacité du gouvernement à soutenir le budget du pays.
Un autre facteur doit être ajouté à cette liste, à savoir le soutien financier de l'Iran au bellicisme et au terrorisme au Moyen-Orient. Il n'est pas nécessaire de fournir des explications théoriques à cet effet, car les actions du régime même indiquent que les derniers éléments de sa souveraineté à Téhéran sont pour la plupart liés à son soutien au terrorisme et à la guerre au Moyen-Orient, ce qui pèse assez lourdement sur l'économie iranienne.
La plupart des ressources financières de l'Iran sont consacrées aux activités de guerre des pasdaran en Syrie, à la fourniture d'armes, au soutien de l'insurrection des rebelles Houthites au Yémen et au soutien de douzaines d'autres groupes paramilitaires dans les pays du Moyen-Orient.
Le régime des mollahs évite délibérément de publier ses dépenses sur ces groupes.
Même les estimations fournies par les sources Occidentales, comme le rapport du Congressional Research Service de 2015, ne reflètent pas fidèlement les coûts réels dans ce domaine. Selon eux, le régime des mollahs a dépensé 3,6 milliards de dollars pour les activités des groupes susmentionnés, y compris le régime Assad, dont 300 millions de dollars reviendraient aux groupes paramilitaires, tout en continuant à participer à divers types d'activités terroristes dans la région.
Pour avoir une vision plus réaliste, nous avons réparti les dépenses en trois parties, comme ci-dessous :
Syrie
En ce qui concerne l'argent dépensé en Syrie, divers rapports ont été publiés à ce jour. Selon le porte-parole du Bureau de M. Staffan de Mistura (c'est-à-dire l'envoyé spécial des Nations Unies chargé de la recherche d'une résolution pacifique au conflit en cours en Syrie), l'Iran dépense environ 6 milliards de dollars par an en Syrie.
Le Fonds monétaire international estime qu'entre 2011 et 2015, l'Iran a dépensé 5,87 milliards de dollars sur la ligne de crédit de la Syrie, l'accent étant mis sur le fait que ce montant est sa « seule forme officielle d'aide financière » au cours des dernières années.
Selon les informations de Reuters datant de décembre 2014, l'Iran a alloué plus de 4,5 milliards de dollars sur la ligne de crédit du gouvernement syrien en juin 2014, la plus grande partie sous forme d'achat de pétrole.
Plusieurs autres rapports ont été publiés sur le soutien de l'Iran au gouvernement d'Assad, à l’instar de celui du journal français « Le Figaro » (4 septembre 2014) qui a estimé que Téhéran alloue une ligne de crédit de 4 milliards de dollars à la Syrie. Le célèbre journal réformiste d'Iran, « Shargh », a également révélé (7 mai 2015) qu'en 2013, la Russie, la Chine et l'Iran « ont donné à la Syrie environ 500 millions de dollars par mois, sous forme d'achat de pétrole et d'autres lignes de crédit, en vue de réduire les problèmes tels que les défis qui découlent de leurs sanctions ».
Il est évident que le poids de ces 500 millions de dollars n'a pesé que sur l'économie iranienne.
Dans l'ensemble, tous ces chiffres sont très proches de ceux de l'ONU, soit 5 millions de dollars par an.
Que ces chiffres soient exacts ou non, nous ne devons pas oublier que la majeure partie du budget annuel du régime d'Assad est fournie par le régime des mollahs.
Une grande partie du soutien du régime des mollahs est orientée vers les activités de guerre des Gardiens de la révolution (pasdaran).
Le 11 octobre 2017, le Conseil national de la Résistance iranienne a annoncé : « Il y a actuellement plus de 100 000 personnes enrôlées dans les groupes de mercenaires paramilitaires en Syrie. Ils sont pour la plupart originaires d'Afghanistan, d'Irak, du Liban et du Pakistan, et un tiers seulement sont de la Syrie. »
Compte tenu de ce nombre élevé, on peut imaginer les sommes considérables dépensées pour leurs salaires, les frais de déménagement (par exemple, les forces de remplacement qui sont envoyées en Syrie depuis les aéroports du sud de l'Iran), les armes et les munitions, sans parler des centres de défense de l'Iran en Syrie. Au total, l'Iran dépense entre 1 et 1,5 milliard de dollars par mois, rien qu’en Syrie.
Yémen
L'intensité et l'étendue de la guerre actuelle ont contribué de manière significative aux dépenses de ce pays.
Reuters rapporte (21 mars 2017), qu'en plus du soutien financier, l'Iran envoie beaucoup d'armes sophistiquées au mouvement des rebelles Houtites au Yémen, pour lutter contre ce pays ; comme les véhicules aériens sans pilote, les missiles à longue portée, les missiles antichars Kornet, l'unité de missiles balistiques d'Ansar Allah (affiliée aux pasdaran) [qui, sans pilote, peut convoyer des armes vers des cibles], etc. Le 27 octobre 2016, le chef du Commandement central des forces navales des États-Unis a également déclaré : « Au cours des 19 derniers mois, 4 navires transportant des armes de l'Iran au Yémen ont été saisis. Et bien sûr, l'approvisionnement continu de l'Iran en argent et en armes au Yémen ne fait qu'emporter une part énorme de ses propres revenus ce qui, par conséquent, exerce une pression accrue sur sa propre économie.
Forces paramilitaires
Il existe différents types de forces paramilitaires, comme le Hezbollah au Liban, plusieurs groupes en Irak (notamment Badr, Asa'ib Ahl Al-Haq et Kata'ib Hezbollah), la Coalition du 14 février et Tayyar al-amal al-eslami au Bahreïn, le Mouvement du Jihad islamique en Palestine, le Mouvement Al-Saberin en Égypte et plusieurs autres au Pakistan et en Afghanistan.
Il y a une dizaine d'années, le Conseil national de la Résistance iranienne a révélé que les revenus mensuels des forces paramilitaires irakiennes, affiliées aux pasdaran et composées d'environ 31690 personnes, proviennent d'Iran, et sont couvertes sous l'appellation de causes « techniques et de développement » et « œuvres caritatives ».
L'ancien chef du « Khatam al-anbiya » (qui est également affilié aux pasdaran), le général Rostam Qasemi, a fait une déclaration en 2014 : « A ce jour, l'Iran a fourni au gouvernement irakien des services techniques d'une valeur de 5 milliards de dollars. »
Selon l'actuel dirigeant du Hezbollah libanais (24 juin 2016 via le Centre des médias Al-Manar du Hezbollah), Hassan Nasrallah, ce groupe reçoit tout son argent et ses armes de l'Iran. Dans un discours public de 2012 (diffusé le 7 février 2012 via la chaîne d'information arabe Al-Alam), il a réitéré que « la République islamique d'Iran est la raison pour laquelle nous sommes autosuffisants aujourd'hui. Que leur soutien soit halal ou haram, cela nous aide, de sorte que nous n'avons besoin de l'aide de personne d'autre en dehors de la leur. »
C'était quelques jours après la déclaration d'Ali Khamenei (Iran News, 3 février 2012) : « Il est de notre devoir religieux de soutenir la révolution islamique en aidant les mouvements chiites tels que ceux du Hamas et du Hezbollah. »
Le 8 octobre 2012, le journal français « Le Figaro » a également publié une citation de sources libanaises, qui souligne le fait que l'Iran a dépensé 30 milliards de dollars pour le Hezbollah au cours des 30 dernières années.
Conclusion
On estime que chaque mois, entre 2 et 2,5 milliards de dollars du budget de l'Iran sont consacrés aux activités de guerre des pasdaran et au terrorisme au Moyen-Orient.
Avec la restauration des sanctions, il est logique que les mollahs du régime iranien cessent leurs activités bellicistes au Moyen-Orient et se concentrent à nouveau sur l'économie de leur propre pays. Sinon, ils devraient continuer à faire face à d'intenses protestations comme celles dont nous avons été témoins plus tôt cette année en janvier. Cependant, ils craignent que la fin de la guerre ne mette également un terme à leur puissance. Ils sont donc coincés entre deux points dangereux : leur incapacité à poursuivre leur guerre au Moyen-Orient ou à faire face à d'autres manifestations en Iran.
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