dimanche 15 juin 2014

Soulèvement de millions d'Irakiens ou attaque d’un groupe terroriste?

               
                                        Struan Stevenson, eurodéputé


Communiqué de presse (n ° 2) de l’eurodéputé Struan Stevenson : La destitution de Maliki, la fin de l’ingérence iranienne et l’instauration d'un gouvernement provisoire nationaliste, démocratique et non confessionnel, est la seule solution à la crise en Irak étant approuvée par d'importantes sections de la société irakienne.
Le soulèvement populaire en Irak et la libération de ses villes les unes après les autres, avec l'effondrement des forces de Maliki, leur désertion massive et leur retraite face aux tribus, se poursuivent à un rythme accéléré. Un certain nombre de faits sur ces événements sont les suivants :

1. La propagande de Maliki et de ses maîtres de Téhéran, généreusement reprises par les médias occidentaux, comme quoi ces régions sont tombées aux mains de terroristes extrémistes de l'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL), est ridicule et sans fondement. La libération d’environ 100.000 kilomètres carrés de territoire irakien avec plusieurs millions d’habitants par un groupe isolé et extrémiste de plusieurs centaines, voire de plusieurs milliers de membres est absurde. Ce sont les tribus et les citoyens irakiens ordinaires en colère qui se sont dressés contre Maliki.

2. Sous prétexte de lutter contre le terrorisme, Maliki et le régime iranien essayent d'une part de justifier l'ingérence de la Force terroriste Qods iranienne et l'invasion de l'Irak par les gardiens de la révolution, et de l'autre tentent d'encourager les États-Unis à intervenir militairement en faveur de Maliki pour répéter leur erreur passée en Irak, à une échelle encore plus dangereuse. En Occident, nous devons reconnaître qu'il s'agit d'une révolution populaire contre Maliki et le régime répressif et criminel, érigé avec l'aide des États-Unis et, bien sûr, sous la direction et le leadership des fascistes religieux au pouvoir en Iran à coups de centaines de milliards de dollars dépensés des biens et de la richesse pétrolière de l'Irak.

3. Le régime iranien est maintenant prêt à sauver Maliki. Dans une conversation téléphonique, le président Rohani a promis à Maliki toute sorte de coopération. La chaine Fox News a écrit le 13 juin : « Quelque 150 combattants de la force d'élite Qods des gardiens de la révolution ont déjà été envoyés par Téhéran, et le puissant commandant de la division, Qassem Suleimani, a rencontré le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki jeudi lui promettant d'envoyer deux célèbres brigades iraniennes pour aider à la défense de Bagdad. » Et le Wall Street Journal du 12 juin a écrit : « Au moins trois bataillons de la Force Qods, la branche d'élite pour l’étranger des gardiens [de la révolution], ont été dépêchés pour aider à lutter contre l'Etat islamique en Irak et au Levant, une émanation d'Al-Qaïda, qui gagne rapidement du terrain en Irak. Ils ont dit: Une unité de gardiens qui était déjà en Irak s’est battue aux côtés de l'armée irakienne, lui offrant des conseils et des tactiques de guérilla et l’ a aidé à reprendre une grande partie de la ville de Tikrīt, jeudi. Deux unités de gardiens, envoyées depuis les provinces frontalières occidentales de l'Iran mercredi, ont été chargées de protéger  Bagdad et les villes saintes chiites de Karbala et de Najaf. » Ces informations ne révèlent qu'une partie de la réalité et viennent étayer nos avertissements constants sur l'ingérence de l'Iran.

4. Les informations sur les provinces de Ninive et Salahedine rapportées notamment par des journalistes de CNN, d’Al-Jazeera et de la BBC, soutiennent nos renseignements précédents qu'aucune violence ou agression n’a été commise contre la population locale. Les habitants de ces régions sont heureux que les forces de Maliki aient fui et les biens publics et privés sont désormais en relative sécurité. L'exode massif de réfugiés hors de ces villes est dû au bombardement par les forces de Maliki. Cependant 48 heures après la libération de Ninive, la vague de réfugiés a nettement reflué et certains ont déjà amorcé un retour.

5. Hier, dans sa déclaration en douze points, l'Association des oulémas musulmans en Irak qui joue un rôle important dans les événements du pays a appelé les révolutionnaires irakiens à bien traiter la population, à aider à résoudre ses problèmes, à bien traiter les groupes ethniques, à s'abstenir de prendre des otages, à pardonner et à oublier et à traiter les croyants de toutes les religions sans préjudice. Dans ce cadre, les tribus armées se sont abstenues d'entrer à Samarra dans la province de Salahedine qui abrite les sanctuaires de deux imams chiites et tentent de prendre le contrôle de la ville par des négociations avec les forces gouvernementales, afin d'éviter toute tuerie et effusion de sang. Le général George Casey a révélé en juin 2013, alors qu'il commandait les forces américaines en Irak en 2006, que le régime iranien avait fait exploser ce sanctuaire sacré et en avait accusé les sunnites, provoquant ainsi un grand massacre en Irak. Casey a déclaré qu'il avait personnellement rapporté à Maliki que l'Iran était à l'origine de l'explosion, mais Maliki n'avait pris aucune mesure.

6. Le Cheikh Abdulqader Nael, l’un des cheikhs de la province d'Al-Anbar, a déclaré le 11 juin que les révolutionnaires appellent à la formation d'un gouvernement de salut national, un gouvernement irakien technocratique pour tenir des élections équitables dans un délai précis.

7. Le Cheikh Ali Hatam, chef de la tribu d’Al-Dulaim et l'un des leaders de la révolution en cours, a appelé dans un communiqué en six points le 11 juin toutes les personnes et tous les combattants à protéger les « vies de tous les citoyens et tous les biens publics et privés », à éviter la vengeance et à ne permettre « aucune forme de terrorisme ». Il a ajouté que « tous les soldats et les employés du gouvernement qui ont été contraints par Maliki et entraînés dans la guerre confessionnelle » seront pardonnés. Il a remercié « toutes les forces de sécurité qui n'ont pas ouvert le feu sur la population » et a déclaré qu'elles seront récompensées. Le Cheikh Ali Hatam a demandé la destitution de Maliki et la mise en place d'un gouvernement provisoire pour sauver l'Irak. Il a dit que les tribus étaient entièrement disposées à se charger de la sécurité dans les provinces libérées.

8. Outre les gardiens de la révolution, Maliki utilise les forces paramilitaires associées au régime iranien comme Asaïb Ahl al-Haq et Kata'eb Hezbollah pour réprimer le soulèvement populaire. Ces forces paramilitaires ont fait sauter une partie des ponts sur le Tigre et l'Euphrate afin d'entraver l'avancement des forces révolutionnaires en créant d'énormes problèmes pour la population.

9. Le 11 juin, Maliki a reconnu que ses forces fuyaient, et a ajouté : « les commandants qui approuvent ce complot et ceux qui ont battu en retraite et ceux qui ont fait preuve de faiblesse seront tous châtiés (...) tous ceux qui ont déposé les armes seront poursuivis. Ils ne doivent jamais échapper à un châtiment. »

10. Dans ces conditions, la chaîne de télévision irakienne al-Taghiir a révélé le 13 juin que sur les ordres de Maliki, des milliards de dollars ont été transférés dans des véhicules blindés de la Banque centrale d’Irak dans la Zone verte de Bagdad pour être ensuite transférés en Iran.

Je répète encore une fois la proposition de la conférence de Bruxelles du 11 juin comme la seule solution pratique à la crise en Irak afin d'éviter de nouvelles effusions de sang. Cette solution comprend la destitution de Maliki, la fin de toute ingérence iranienne en Irak et la formation d'un gouvernement nationaliste, démocratique et non-confessionnel englobant tous les segments de la société irakienne. Cette solution est largement soutenue par les forces nationalistes et démocratiques irakiennes. Au lieu d'aider Maliki, ce qui ne fera qu’à mener à davantage de sang versé, les États-Unis et l'Union européenne devraient forcer Maliki à accepter cette solution et à se retirer immédiatement du pouvoir.

Struan Stevenson, eurodéputé
Président de la délégation du Parlement européen pour les relations avec I’Irak
13 juin 2014

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