Interview de Walid Pharès
L’Est Républicain a publié une interview de l’analyste Américano-libanais Walid Pharès qui a participé à Paris à un colloque le 26 juillet organisé par le Conseil national de la Résistance sur le thème «la dictature religieuse foyer de la guerre confessionnelle au Moyen-Orient ».
Il a évoqué lors de cette interview « l’idée, à travers la réunion qui s’est tenue ce week-end à Paris à l’initiative de la Résistance iranienne et qui rassemblait des membres de la coalition syrienne, des Egyptiens, des Irakiens, c’est de fédérer toutes ces forces, qu’elles soient chiites et sunnites, pour favoriser l’émergence d’un mouvement démocratique. »
Voici l’intégralité de cette interview
Est Républicain - Questions à Walid Pharès Conseiller anti-terrorisme auprès de la chambre des représentants des Etats Unis
Interview publiée dans les éditions du lundi 28 juillet présentée ici en version longue
John Kerry était à Paris ce week-end pour notamment rencontrer ses homologues qatarien et turc, deux pays proches du Hamas. Comment jugez-vous la diplomatie américaine ?
J’avais conseillé de mettre la pression sur le Qatar et la Turquie qui soutiennent, chacun, le Hamas. Sans compter l’Iran qui lui fournit des armes et tire un avantage de cette crise : la communauté internationale détourne les yeux de son programme nucléaire militaire. Plus globalement, en terme de diplomatie, je considère qu’on a raté beaucoup de choses : on a soutenu en Libye des rebelles qui se sont avérés des djihadistes, on voit aujourd’hui le résultat, on n’a rien fait en Syrie et ce sont le Hezbollah et les forces iraniennes qui occupent le terrain. Ces dernières sont d’ailleurs à l’œuvre en Irak où les Etats-unis sont partis sans avoir favoriser l’alliance des modérés.
Combattre l’intégrisme passerait par un soutien aux forces modérées ?
Il faut repenser la politique américaine et transatlantique pour contrer la montée du radicalisme. Et cela passe, à mon sens, par des partenariats avec des mouvements modérés. Ce que j’appelle la majorité silencieuse. En Egypte, par exemple, cette dernière s’est élevée contre les Frères musulmans qui avaient pourtant gagné démocratiquement les élections. L’idée, à travers la réunion qui s’est tenue ce week-end à Paris à l’initiative de la Résistance iranienne et qui rassemblait des membres de la coalition syrienne, des Egyptiens, des Irakiens, c’est de fédérer toutes ces forces, qu’elles soient chiites et sunnites, pour favoriser l’émergence d’un mouvement démocratique. Et ainsi créer une instance comparable à l’Union européenne afin d’avoir un impact sur les sociétés civiles, de façon à hâter le changement. Et pour ce faire, l’Occident doit sortir de ses paradoxes.
Quels paradoxes ?
En France ou aux Etats-Unis, beaucoup de projets portés par les Frères musulmans ont été encouragés. Le résultat, c’est que les Frères contrôlent le message porté dans les mosquées, les institutions médiatiques… Quant au Qatar, l’argentier de l’organisation, qui investit beaucoup notamment dans votre pays, on peut certes différencier l’aspect financier et idéologique, mais il faut juste savoir que l’influence générée par sa richesse protège les groupes islamistes que soutient le pays, de sorte à favoriser l’extrémisme.
Pensez-vous que nous soyons face à une montée de l’antisémitisme ?
C’est une mauvaise interprétation des choses. Les réseaux appuyés par les islamistes manipulent l’antisémitisme. Pour moi, la nouvelle vague de l’antisémitisme, c’est du djihadisme. Dont les premières victimes, en Irak ou en Syrie, sont les minorités chrétiennes. J’en appelle d’ailleurs à une résolution du conseil de sécurité afin d’assurer leur sécurité, comme ce fut le cas au Kosovo dans les années 90.
Dernier ouvrage paru de Walid Pharès « Du printemps arabe… à l’automne islamiste », éd. Hugo Doc, octobre 2013
Propos recueillis par Sébastien MICHAUX
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