vendredi 3 avril 2015

Irak/Iran - 19e jour de détention d’un habitant du camp Liberty

 
Le juge d’instruction a prolongé sa détention sous un nouveau prétexte avant de faire entrer l’ambassade des mollahs dans ce dossier, une manœuvre que le régime iranien fait avancer via Fallah Fayadh et ses agents.
Ce 3 avril marque le 19e jour de détention en otage de M. Safar Zakery, habitant du camp Liberty sous prétexte d’un accident douteux. Le jeudi 2 avril, Nasser Moussavi, le juge chargé de l’instruction de ce dossier, a prolongé pour la énième fois sa détention sous un faux prétexte. Tout indique qu’il s’agit d’une manœuvre contre les habitants du camp Liberty que le régime iranien met en oeuvrer via Fallah Fayadh, le conseiller à la sécurité national irakienne et ses hommes de main à Liberty, comme Sadegh Mohammad Kazem et Ahmad Khozeir. 
1- Le 15 mars, M. Safar Zakery, conducteur d’un camion citerne d’eaux usagées du camp Liberty, accompagné par un policier irakien assis à ses côtés dans la cabine, a effectué sa vidange. Le travail terminé, sur le chemin du retour, son véhicule a été heurté dans un accident par un blindé Humvee des forces irakiennes. Le Humvee circulait à une vitesse non autorisée de 60km/h qui l’a déporté sur la gauche dans un tournant, lui faisant percuter de plein fouet le camion citerne de M. Zakeri qui lui, avançait à 20km/h. Le choc a gravement endommagé le camion. La police de la route venue sur place a déclaré au premier constat que le Humvee était en tort. Le policier qui se trouvait dans le véhicule de Liberty et un autre camion de vidange septique qui suivait de près le camion accidenté et qui a donc vu le télescopage, ont souligné que le Humvee était responsable.

2- Au lieu d’indemniser le camion citerne endommagé de Liberty, les agents irakiens ont arrêté et emmené en toute illégalité Safar Zakery. Au centre de détention de la police d’Ameriya, un officier du SWAT a tout de suite demandé pour clore ce dossier 3 millions de dinars d’indemnisation pour les dégâts causés au Humvee. Mais ce chantage flagrant a été rejeté par l’OMPI. Les jours suivants toutes les promesses de libérer ce prisonnier, données quotidiennement aux habitants de Liberty ainsi qu’aux autorités onusiennes et américaines par les responsables irakiens, se sont avérées vides.

3- Dans une mesure extrêmement suspecte, le juge d’instruction Nasser Moussavi, tout en étant en possession de la carte d’identité de M. Safar Zakery, de sa carte officielle de « personne protégée », de son permis de conduire iranien, a demandé par écrit à l’ambassade du régime des mollahs qu’elle précise l’identité et le passé de ce membre de l’organisation des Moudjahidine du peuple d’Iran (OMPI). Une mesure illégale qui ouvre la voie aux criminels de la Force Qods pour s’impliquer dans cette affaire et qui trahit un scénario de prise d’otage dans un accident douteux.

4- Cette demande du juge intervient alors que le HCR avait écrit officiellement au tribunal de Karkh de Bagdad le 23 mars 2015 que « le ressortissant iranien M. Safar Zakery et une personne particulièrement vulnérable relevant du HCR ».

5- Le 30 mars, le juge d’instruction a emmené au tribunal deux soldats en parfaite santé en tant que passagers blessés dans cet accident et a enregistré leur déclaration à titre de plaignants. Jusqu’à cette date, une des excuses du juge pour ne pas relâcher M. Zakery était que les déclarations de ces deux soldats n’avaient pas été enregistrées. Or lorsque cela a été fait, il n’a pas été remis en liberté.

6- Le 31 mars, dans une rencontre avec les avocats de M. Zakery, le juge a accepté leurs arguments pour sa remise en liberté et a confirmé que tous les documents étaient complets. Il a juste demandé que le représentant du HCR aille lui expliquer en personne le statut de cet habitant de Liberty. De plus, un des avocats de M. Zakery a donné au juge toutes les garanties nécessaires pour sa libération.

7- A la demande du juge, le 1er avril, deux représentants du HCR se sont rendus au tribunal pour expliquer que M. Zakery réside à Liberty et comme les autres habitants de ce camp, il est sous le couvert du HCR.

8- Mais le 2 avril, le juge d’instruction, contrairement à sa promesse, a trouvé un nouveau prétexte pour affirmer qu’un organe irakien doit approuver le statut légal de M. Zakery. Il a ensuite prolongé sa détention avec l’argument injustifié de l’article 24 concernant l’entrée illégale des étrangers. Il a ainsi ouvert la voie à une détention de longue durée, une expulsion et une déportation. De cette manière, les habitants de Liberty se retrouvent clairement avec un cas de prise d’otage et une violation nette et claire des lois internationales.

9- M. Zakery, âgé de 60 ans, demeure incarcéré alors qu’après trois ans d’attente et les restrictions imposées par le blocus médical de Liberty, il a enfin obtenu la date du 5 avril pour subir une importante opération chirurgicale.

10- Au cours de ces 19 jours, aucune des requêtes et des protestations des avocats et des représentants de Liberty, ni la correspondance quotidienne avec les représentants de l’ONU, de l’ambassade des Etats-Unis, ni les démarches du HCR n’ont porté leurs fruits. S’il s’agit juste d’un accident de la route, il n’était pas nécessaire d’incarcérer et de prendre en otage ce membre de l’OMPI, qui plus est dans un accident qui n’a fait aucun blessé grave et dont les torts incombent à la partie adverse.

Le Comité international des juristes en défense d’Achraf (CIJDA) a écrit dans des lettres séparées au Haut commissaire aux réfugiés de l’ONU, au Premier ministre, au président du Parlement, au chef du Haut conseil judiciaire et au Conseiller à la sécurité nationale d’Irak : « « Toutes les preuves indiquent que la détention de M. Zakery est due à des raisons politiques (...)Il apparait également qu’à présent certaines personnes au gouvernement irakien ont même l’intention de prolonger cette détention en soulevant des doutes sur le statut légal de résident de M. Zakery. Or, comme les autres habitants du camp Liberty, M. Zakery est entré légalement en Irak et son séjour en Irak a toujours été légal. En 2004, il a reçu une carte d’identité du gouvernement américain et de la force multinationale comme « personne protégée » en vertu de la 4e convention de Genève. En 2011, avec les autres habitants d’Achraf, il a été reconnu demandeur d’asile par le HCR et il bénéficie de la protection des lois internationales. Le 25 décembre 2011, le gouvernement irakien a signé un protocole d’accord avec les Nations Unies pour assumer la responsabilité de la protection de M. Zakery et des autres habitants jusqu’à leur transfert dans un pays tiers. En 2009, quand le gouvernement Maliki a pris 36 Achrafiens en otages, les juges irakiens ont prononcé un jugement disant que l’entrée et le séjour des habitants d’Achraf sont légaux. »

La Résistance iranienne souligne à nouveau que la détention de M. Zakery est une violation flagrante du Protocole d’accord du 25 décembre 2011 signé entre le gouvernement irakien et l’ONU, ainsi que de la loi internationale sur les réfugiés.
Elle appelle le gouvernement américain, la MANUI et le HCR qui se sont engagés à maintes reprises à assurer le bien-être et la sécurité des habitants de Liberty, à prendre des mesures urgentes pour mettre fin à cette prise d’otage, assurer la libération immédiate de M. Safar Zakeri.

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