« En Iran il y a de nombreuses personnes qui suivent les propositions de l'OMPI. Madame Radjavi veut une justice respectant les droits de l'homme et l'abolition de la peine capitale», a souligné François Colcombet, cofondateur du Syndicat de magistrature, à l’occasion de la Journée mondiale contre la peine de mort, le 10 octobre.
À cette conférence intitulée « Iran : droits de l’homme, stopper les exécutions », tenue à l’invitation du Comité de soutien aux droits de l’homme en Iran (CSDHI), d’autres personnalités sont également intervenues, notamment Maryam Radjavi (Présidente-élue du CNRI), Rama Yade (ancienne secrétaire d'État chargée aux Droits de l'homme), Phumla Mandela (fille de Nelson Mandela), Me Henri Leclerc, Gilbert Mitterrand (Président de la Fondation France Liberté-Danielle Mitterrand), Patrick Baudouin (Président d'honneur de la FIDH), Mgr Jacques Gaillot, Tahar Boumedra (ancien directeur du bureau des droits humains de l'ONU en Irak), Jean-François Legaret (maire du 1er ardt de Paris), Jean-Pierre Brard (ancien député-maire).
Dans son intervention, le coprésident du Comité français pour un Iran Démocratique (CFID) a déclaré :
« J’aimerais commencer sur le salut à nos amis albanais qui a été évoqué précédemment. Je suis allé voir à Tirana ce printemps les membres du CNRI et de l'OMPI qui ont été accueilli en Albanie. Je le dis car l'Albanie a eu le courage de les accueillir. L’Albanie mérite des applaudissements très chaleureux. J’en profite pour leur envoyer le témoignage de toute ma sympathie, j'ai eu beaucoup de plaisir et d'intérêt à les voir. Ils m'ont raconté ce qui s'est passé à Ashraf et à Liberty. De voir des gens qui ont souffert expliquer ce qui s'est passé là-bas, ça me motive encore plus. Courage à vous, on ne vous oublie pas et on continuera de vous soutenir.
« J’aimerais commencer sur le salut à nos amis albanais qui a été évoqué précédemment. Je suis allé voir à Tirana ce printemps les membres du CNRI et de l'OMPI qui ont été accueilli en Albanie. Je le dis car l'Albanie a eu le courage de les accueillir. L’Albanie mérite des applaudissements très chaleureux. J’en profite pour leur envoyer le témoignage de toute ma sympathie, j'ai eu beaucoup de plaisir et d'intérêt à les voir. Ils m'ont raconté ce qui s'est passé à Ashraf et à Liberty. De voir des gens qui ont souffert expliquer ce qui s'est passé là-bas, ça me motive encore plus. Courage à vous, on ne vous oublie pas et on continuera de vous soutenir.
Nous sommes en Europe et nous avons l'impression que toutes ces inquiétudes par rapport à l'abolition de la peine de mort sont loin de nous. Je suis suffisamment âgé pour vous dire que j'étais présent dans la magistrature à l'époque où la peine de mort existait, dans les cours d'assises la peine capitale était requise. François Mitterrand est un bon exemple, au début de son mandat il n'était pas du tout contre la peine de mort, avec les troubles en rapport avec la guerre d’Algérie il a souvent appliqué la législation en place. Il est de ceux qui ont eu le courage, contre la majorité de l'opinion publique défavorable à l'abolition, d'annoncer dans son programme électoral qu'il abolirait la peine capitale. Cela fut sous l'influence de Robert Badinter qui avait lutté longtemps pour cette idée. C'est à deux qu'ils ont fait basculer l'opinion française.
Me tournant vers les Iraniens, ou tout autre citoyen d'un pays où les exécutions se font encore, j'affirme que c'est à eux de provoquer le changement dans leur pays respectif, d’obliger les dirigeants à adhérer à un progrès, à une reconnaissance des droits de l'homme. Je le dis car je sais qu'en Iran il y a de nombreuses personnes qui suivent les propositions de l'OMPI. Pour les suivre depuis très longtemps j'ai vu que leur position s’était de plus en plus affermi sur ce sujet. J’aimerais également rappeler que pendant toute cette journée de colloque on nous a rappelé ce qu'était la situation actuelle de la peine de mort en Iran.
On le sait tous, il y a deux traits principaux : une législation qui favorise la peine capitale de façon archaïque avec des faits pour lesquels on prononce cette sentence qui sont imprécis, des juges dépendants du Guide suprême et du ministre de la justice (le guide suprême peut intervenir à tout moment dans une décision de justice). Deuxièmement, il y a un nombre de peines exorbitant avec des sentences plus horribles les unes des autres; peines de tortures, couper une main, arrachement de yeux, jet du haut d'une falaise.
En Iran les pendaisons se font au bout d'une grue, en public. Nous avons vu la vidéo de pendaison de deux hommes iraniens et d'une femme lors de laquelle le bourreau a attaché le nœud bien au niveau de la nuque pour les hommes et juste en dessous du menton pour la femme pour la voir ensuite souffrir pendant dix minutes, alors que les hommes étaient tués très rapidement. Il s'agissait de dire que le délit que la femme avait commis était plus grave. Tout ceci devant un public comportant des enfants.
Cela est inadmissible. L’Iran qui est un pays riche, avec des intellectuels et une culture, n'a pas le droit de pratiquer ce genre de choses et les occidentaux doivent le savoir.
J’évoquais François Mitterrand qui lors des élections présidentielles de 1981 avait eu le courage de dire qu'il abolirait la peine de mort. Lui il était un politique courageux, au contraire de ceux d'aujourd’hui comme François Hollande ou Laurent Fabius qui ne courent pas de risques. Ils ne perdront pas de voix et en gagneront plutôt s’ils ont le courage de dire qu'il faudrait abolir la peine de mort lorsqu'ils vont en Iran. Ils n'osent pas le faire. Ceci est choquant. Nous, citoyens devons rappeler à nos élus, à nos ministres de le faire, car c'est indispensable.
L’inadmissible mélange de religion et d'exécution de la peine de mort
Je vais terminer rapidement par un autre aspect choquant de la peine de mort. ; Madame Radjavi a eu raison de le souligner, c’est ce mélange de religion avec l'exécution de ces peines. C'est à dire qu'on vous explique que c'est Dieu qui veut qu'on fasse souffrir les gens et qu'on les tue. Alors que les grandes religions monothéistes ont la particularité d'être des religions de charité, de compréhension… et non des religions qui conseillent la torture comme nous le voyons ici. Je crois que ceci est inadmissible.
L’OMPI est au centre de ce débat, car elle se présente comme l'alternative à ce régime horrible. Rappelons le l'OMPI a beaucoup donné, et si un groupement en Iran connait la peine de mort c'est bien l'OMPI. Car de très nombreux membres de cette organisation ont été exécutés soit après des jugements, soit par des exécutions sommaires.
Ceci m'amène à rappeler un fait qui n'a pas beaucoup été évoqué ici sauf par Madame Radjavi, c’est ce qui s'est passé en 1988. Rappelons que cette année 30000 Iraniens ont été assassinés dans des prisons, dont beaucoup de très jeunes de 12, 13,14 ans. Un beau jour Khomeiny a fait une fatwa et il a dit puisqu'ils sont proches des Moudjahidine de Peuple, assassinez les tous ! Selon une procédure qui rappelle les pires moments de l'histoire de France, comme en 1851 lorsque Napoléon III a pris le pouvoir il y a eu une révolte en France. On a arrêté des milliers et des milliers de personnes. Mais on ne pouvait pas les faire passer devant les tribunaux car la foule les aurait soutenu, alors on les a fait juger par des commissions spéciales, dans le secret, par 3 fonctionnaires qui ont décidé de ceux qui seront exécutés et ceux qui ne le seraient pas.
Il s'est passé la même chose en Iran. Ce qui dans notre histoire est considéré comme une des pires abominations, a été pratiqué à l'égard de l'OMPI par le régime iranien. Le détail le plus extraordinaire de cette histoire est que parmi ceux qui décidaient quels gamins ou femmes devaient être pendus à une grue, figurait quelqu'un qui aujourd’hui parade, et c’est le ministre de la justice de Monsieur Rohani. Il recevra sans doute les parlementaires français qui se rendront bientôt en Iran avec la présidente de la commission des lois qui a demandé a rencontré le ministre. Elle rencontra surement cet homme-là. Nous devons lui dire de poser des questions sur cela, de dire son indignation.
Ce que j'essaye d'exprimer en vous disant madame Radjavi comment vous représentez une alternative à ce pays.
J’aimerais terminer en faisant passer un message pour ceux qui sont à Liberty, ceux qui ont vécu les tueries, non pas de 1988, mais ceux tout récent de 2013 lorsqu' Achraf a été attaqué. Car vous le savez ce qui s'est passé lors de cette attaque d'Ashraf; le même système des exécutions sommaires. On a arrêté un certain nombre de gens, on les a exécutés d'une balle dans la tête. C'était la pratique de ce régime iranien qui avait contaminé le gouvernement irakien. Pour ceux qui sont à liberty, je leur dit que nous savons qu'ils sont menacés en permanence de traitements du même genre. Qu'autour d'eux rodent des personnes qui leur veulent du mal, ils se font passer comme des parents des familles de ceux qui sont à l'intérieur. À ceux de Liberty, je leur dit que nous sommes là pour vous soutenir, nous sommes à vos côtés et nous souhaitons que vous soyez rapidement libres, que vous puissiez venir en Europe.
Et que très rapidement le régime iranien soit renversé et qu'un nouveau gouvernement soit mis en place comme le prône le CNRI. Comme Madame Radjavi l'a dit si bien, elle veut une justice respectant les droits de l'homme et l'abolition de la peine capitale. Madame la Présidente nous vous souhaitons le plein succès dans votre combat. »
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