jeudi 15 octobre 2015

Iran : Témoignage d’un ancien prisonnier politique à l’occasion de la Journée mondiale contre la peine de mort


CNRI – A l’occasion de la Journée mondiale contre la peine de mort, Farzad Madadzadeh, un ancien prisonnier politique iranien, a pris la parole pour témoigne sur ses cinq année de détention dans les geôles du régime des mollahs. Agé de 30 ans, Farzad Madadzadeh avait été emprisonné en raison de sa sympathie à l’égard du principal mouvement d’opposition, l’Organisation des Modjahédine Organisation d’Iran (OMPI). Il a récemment réussi à sortir du pays pour rejoindre les rangs de la résistance à l’extérieur de l’Iran.
Traduction du discours de Farzad Madadzadeh lors de la conférence du 10 octobre 2015 à Paris.
Au nom du Dieu et au nom de la Liberté,
Je m’appelle Farzad Madadzadeh et je suis récemment sorti d’Iran. Je suis âgé de 30 ans et j’ai passé cinq ans de ma vie dans les prisons du régime iranien.
J’ai connu la Résistance iranienne et l’Organisation des Modjahédine du Peuple d’Iran il y a douze ans, lorsque j’ai vu pour la première fois une photo de Maryam (Radjavi) dans le journal « Asia » en Iran. Ensuite, j’ai régulièrement regardé les programmes de Simayé-Azadi (la chaîne télévisée de la Résistance iranienne, transmise vers l’Iran par satellite).
La connaissance de l’OMPI a radicalement changé le cours de ma vie et par la suite, je me suis fixé l’objectif suivant : lutter contre le régime criminel des mollahs pour mettre fin aux souffrances que ce régime inflige au peuple iranien.
En 2008, j’ai été arrêté et j’ai été condamné à cinq ans de prison. J’ai été détenu dans les prisons d’Evine et de Gowhardacht. Dès mon arrestation, j’ai été transféré dans la redoutable section 209 de la prison d’Evine. Ensuite, à deux reprises, et chaque fois pendant six mois, j’ai été placé en isolement.
La cellule individuelle est un endroit où vous n’entendez aucun autre son que le glas de la mort. Le régime utilise la détention en isolement pour briser la volonté des prisonniers. Les bourreaux exercent constamment des pressions sur les prisonniers pour les forcer à participer à des interviews télévisées pendant lesquelles ils sont obligé de faire des aveux mensongers et renier leurs convictions.
La plus grande leçon que j’au appris pendant cette détention en isolement était qu’il faut résister à chaque instant et que cette résistance est le secret de la victoire du prisonnier.
Après la détention en isolement, j’ai été détenu dans la prison d’Evin (au nord de Téhéran), puis dans la prison de Gowhardacht (à l’ouest de Téhéran).
Durant ma détention, j’ai eu comme compagnons de cellule des martyrs héroïques tels que : Ali Sarémi, Farzad Kamangar, Farhad Vakili, Djafar Kazémi, Mohammad-Ali Hadj-Aghaï, Mansour Radpour, Mohsen Dokmechi et Shahrokh Zamani. La mémoire de ces martyrs est constamment présente en moi.
Lorsque le martyr Djafar Kazémi a entendu le verdict de sa condamnation à mort, il m’a dit : « l’obtention de la Liberté nécessite des sacrifices et je suis très heureux de sacrifier ma vie pour la Liberté de mon peuple. »
Farhad Vakili, un fils du peuple kurde, avait coutume de me dire : « Farzad ! J’ai choisi de sacrifier ma vie pour que les enfants de cette terre, notamment mon petit enfant, aient un avenir heureux et qu’il n’y ait plus de torture et d’exécution en Iran. »
Le martyr Ali Sarémi me disait qu’il lutte contre le régime des mollahs avec sa plume « pour que les gens sachent davantage sur les exactions commises par ce régime tyrannique contre notre peuple. » Avant mon arrestation, chaque fois que je rencontrais Ali (Sarémi) à l’extérieur de la prison, il avait toujours les photos de Maryam et Massoud sur lui.
En prison, je lui ai demandé : As-tu encore des photos de Maryam et de Massoud ? Il m’a montré un cahier qu’il avait caché sous son lit et dans ce calier, il y avait collé des photos qu’il avait découpées dans un journal obtenu à l’intérieur de la prison. Avec son sourire habituel, il m’a dit : « je ne vais nulle-part sans les photos de nos dirigeants. »
Oui ! Le crime de ces héros était qu’ils avaient un grand cœur rempli d’amour pour leur peuple.
« Un jour, nous retrouverons nos colombes »
« Et la bonté va prendre la main de la beauté »
« Ce jour-là, le moindre hymne sera un baiser »
« Et chaque homme sera le frère de l’autre »
« J’attends ce jour »
« Même, si je ne serai peut-être plus là quand ce jour arrivera »
 Chers compatriotes,
Chers amis de la Résistance,
Dans cette Journée mondiale contre la peine de mort, je voudrais vous parler du cas de ces adolescents qui sont arrêtés à un âge de 13 ou 14, puis condamnés à mort par l’appareil judiciaire des mollahs. Ensuite, ces adolescents doivent attendre plusieurs années dans le couloir de la mort, jusqu’à leur exécution au moment où ils atteindront l’âge légal.
Pour ces adolescents condamnés à mort, chaque anniversaire est jour funeste qui jalonne leur marche inexorable vers la mort.
Et dans le couloir de la mort, ces adolescents deviennent des toxicomanes. Ne soyez pas surpris ! Dans les prisons du régime iranien, c’est très facile de se procurer de la drogue. Les gardiens introduisent des stupéfiants dans la prison, pour que les jeunes prisonniers, en particulier les jeunes prisonniers politiques, deviennent des toxicomanes.
Pourtant, en dehors de la prison et sous prétexte de lutte contre les stupéfiants, le régime arrête et condamne à mort toute personne qui serait en possession de 30 grammes de stupéfiants.
Le jour de ma sortie de la prison de Gowhardacht, au moment où je disais adieu à mes compagnons de cellule, je me suis promis d’être la voix des prisonniers résistants qui ont péri dans les geôles des mollahs et être la voix du peuple iranien. Donc, j’ai rapidement franchi les obstacles et j’ai rejoint les rangs de la Résistance.
Les prisonniers politiques et les gens qui souffrent en Iran souhaitent transmettre à la communauté internationale le message suivant :
Ce n’est pas suffisant de condamner verbalement le régime des mollahs. Il faut que les mollahs soient jugés devant les tribunaux internationaux pour tous les crimes qu’ils ont commis, en particulier le massacre de 30.000 prisonniers politiques en 1988 et les exécutions quotidiennes qui continuent en Iran.
Le peuple iranien est prêt à renverser le régime des mollahs. Le Conseil national de la Résistance d’Iran et l’Organisation des Modjahédine du peuple d’Iran sont les seules espoirs pour les Iraniens.
Au moment où j’étais en prison, j’ai eu cette certitude et maintenant que je suis parmi vous, j’ai toujours cette certitude que le « Simorgh »* de la liberté reviendra, le soleil de Liberté brillera un jour en Iran et nous chanterons ensemble la chanson de la victoire aux côtés de nos compatriotes. Ce jour là, les martyres et les héros de la Résistant seront avec nous.
* Simorgh est un oiseau légendaire qui – dans la mythologie iranienne – est symbole de sagesse, de puissance et d’immortalité.

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