Lettre ouverte de Mohammad Shams à l'occasion de la visite d'Hassan Rohani à Paris:Paris Match: Le chef d’Etat iranien, Hassan Rohani, sera à Paris les 27 et 28 janvier prochains. Une visite diplomatique et surtout économique puisque la France pourrait vendre à l’Iran 114 avions Airbus. Mais pour Mohammad Shams, compositeur et chef d’orchestre iranien, qui a dirigé l’orchestre philharmonique de la télévision iranienne dans les années 80, la venue de Rohani est le moyen de rappeler la censure et la répression que vivent chaque jour les artistes et les dissidents iraniens.
"Dire la vérité est une des plus hautes responsabilités d'un artiste. Ceci s'applique particulièrement aux artistes qui vivent dans des pays n'offrant pas les libertés familières aux habitants des démocraties occidentales. En tant qu'artiste iranien, je me dois de dire la vérité à propos de mon pays et de mon peuple. C'est peut-être la raison pour laquelle le régime iranien a longtemps craint les artistes et la menace potentielle qu'ils représentent pour le pouvoir clérical. L'Iran n'a pas changé aujourd'hui, et le président Hassan Rohani a fait perdurer le système de répression et de censure contre les artistes et les dissidents iraniens.
En tant que chef d'orchestre et compositeur iranien vivant en exil, j'ai eu le privilège de jouer dans certaines des salles les plus prestigieuses d'Europe, dont le Albert Hall de Londres et l'Olympia de Paris. J'ai également eu le privilège de travailler avec certains des musiciens les plus réputés du monde tels que Yehudi Menuhin. Je vis dans la culture de la démocratie moderne, je reconnais celle-ci et je bénéficie des libertés civiques établies en occident.
Cependant, je n'ai pas oublié l'injustice omniprésente dans mon pays ni la censure à laquelle sont confrontés beaucoup de mes collègues artistes. Je n'ai pas non plus oublié les peines endurées par ces artistes et par de nombreux autres citoyens en défiant la censure, que ce soit dans leur propre travail ou dans leur consommation de médias progressistes et pro-démocratiques à travers des réseaux souterrains, des serveurs internet proxy, etc.
Des gens de toutes obédiences ont pris de gros risques pour faire survivre la culture d'un Iran libre. Certains, comme les membres de l'organisation des Modjahedines du peuple d'Iran (OMPI / MEK) ont risqué leur vie afin de reconstruire un Iran au sein duquel cette culture pourrait sortir de la clandestinité et être à nouveau appréciée par une population libre.
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