Plusieurs pays européens ont cessé leurs contributions financières à la campagne contre les stupéfiants de l'Iran
The Guardian, 28 juin - par Saeed Kamali Dehghan à Oslo (extraits) - L'Iran est sous pression pour mettre fin à son usage de la peine de mort contre les trafiquants de drogue après avoir été confronté à une grave carence dans le financement international de sa campagne de lutte contre les stupéfiants.
Un nombre croissant de pays européens ont décidé de couper les contributions, même si l'Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) a approuvé l'an dernier un programme de partenariat national de cinq ans avec l'Iran visant à lui fournir environ 20 milions $.
Le dernier document d'appel annuel de l'agence, obtenu par Reprieve, groupe de défense des droits humains qui travaille pour l'abolition de la peine de mort, montre que Téhéran n'a pas reçu de financement pour 2016. Le Royaume-Uni a confirmé par écrit qu'il ne donnerat plus. Des indications similaires sont venues de l'Italie, de l'Allemagne, de l'Autriche, du Danemark, d'Irlande et de Norvège.
Deux hauts responsables iraniens se sont récemment plaints de l'absence de soutien international. La semaine dernière, le procureur général de l'Iran, Mohammad Jafar Montazeri, a blâmé les puissances «impérialistes» pour la dépendance des jeunes à la drogue. En avril, le Tehran Times a cité le ministre de l'Intérieur disant que les Européens étaient peu coopératifs.
L'Iran est un voisin de l'Afghanistan, grand producteur et fournisseur de drogue au monde, et fait face à de grands défis dans le pays avec une population jeune et sensible à une variété de drogues abondantes et bon marché. Les critiques, cependant, disent que l'utilisation par l'Iran de la peine de mort à cet égard a fait peu, sinon rien, pour résoudre le problème.
«Il est de plus en plus intenable pour les États abolitionnistes de contribuer au financement de l'application de la loi des programmes de lutte contre les stupéfiants menée en Iran en raison de la flambée des exécutions liées à la drogue", a expliqué au Guardian Maya Foa, qui dirige l'équipe de Reprieve sur la peine de mort, a déclaré au Guardian en marge du sixième Congrès mondial contre la peine de mort à Oslo.
L'Iran a exécuté près de 1000 personnes l'an dernier, dont plus de la moitié pour des infractions relatives à la drogue. Il est difficile d'évaluer l'attitude de la population àvis-à-vis des exécutions en Iran, mais les Iraniens privilégient de plus en plus le pardon dans les affaires impliquant des homocides. Le nombre de détenus en Iran dont les vies ont été sauvées l'année dernière après avoir été graciés dépasse celui des exécutés pour pour meurtre.
Il y a eu une baisse considérable du nombre d'exécutions en Iran depuis le début de cette année (environ 200 exécutions), mais les militants disent qu'il est trop tôt pour dire si cela équivaut à un changement de politique.
L'ONUDC a fait des remarques sur la coopération des Européens. «Le programme a reçu un financement en 2015 et il y a des engagements de pays pour 2016. Il serait donc prématuré de porter un jugement sur les niveaux de financement du programme, d'autant plus que nous ne sommes qu'à mi-chemin de l'année », a déclaré David Dadge, le porte-parole de l'ONUDC.
Directeur exécutif adjoint de l'ONUDC, Aldo Lale-Demoz, a récemment déclaré: " Vous ne serez jamais en mesure de contrôler le problème mondial de la drogue juste en investissant dans l'application des lois et dans la répression."
L'Iran a laissé entendre qu'il voulait mettre fin aux exécutions liées à la drogue. En Décembre, plus de 70 députés ont présenté un projet de loi pour mettre fin à ces exécutions et des autorités ont depuis signalé que l'Iran continuait das cette voie. Le procureur en chef de l'Iran a déclaré la semaine dernière que "nous ne sommes pas en faveur de la peine de mort et nous ne pensons pas que cela soit approprié".
Interrogé par le Guardian, le ministre des Affaires étrangères norvégien, Børge Brende, a déclaré la semaine dernière: "Nous avons été très clairs en ce qui concerne notre financement vis-à-vis de l'ONU, et nous ne ferons pas partie du financement des programmes de l'Iran lié à cette pratique inhumaine." Le ministre des Affaires étrangères français, Jean-Marc Ayrault, cependant a dit : " la lutte contre le trafic de drogue est une chose, la lutte contre la peine de mort en est une autre." Il n'a pas précisé si la France versait toujours une contribution.
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