mercredi 11 janvier 2017

L'épouse de l'activiste emprisonné Arash Sadeghi résiste à l'ordre de retourner en prison, en Iran

 Le prisonnier politique Arash Sadeghi, époux de Golrokh Iraee, qui a fait une grève de la faim de 71 jours qui a demandé un examen de l’affaire de sa femme emprisonnée, a rapidement été renvoyé en prison après une courte hospitalisation. Un expert de l'ONU exhorte l'Iran à libérer tous les prisonniers politiques.

La prisonnière politique Golrokh Ebrahimi Iraee, qui a été libérée le 3 janvier 2017 après la grève de la faim de 71 jours de son époux Arash Sadeghi, ayant abouti un examen (comme promis) de l’affaire de son épouse, refuse d'obéir à une ordonnance de retour à la prison d'Evin.
« Selon la loi, ma peine de prison doit être annulée parce que la cour suprême a accepté de réexaminer ma peine injustifiée », a déclaré Iraee dans une interview à la Campagne pour les droits de l'homme en Iran le 7 janvier 2017. « Je m’inquiètais de l’état de santé critique d’Arash, alors j'ai accepté la proposition de permission temporaire parce qu'ils ont dit qu'elle serait prolongée jusqu'au résultat de l'examen de l’affaire, mais maintenant, ils reviennent sur leur promesse ».
« vAujourd'hui, je suis allée remettre un acte de propriété pour ma caution et M. Haj Moradi, le nouveau représentant du procureur m'a dit que ma permission était terminée et que je devais me rendre immédiatement en prison », a ajouté Iraee. « Il a dit qu'il était au courant de la promesse qui a été faite, mais que c'était la nouvelle ordonnance du procureur ».
Selon l'article 478 du règlement de procédure pénale de l'Iran, « lorsque la Cour suprême accepte de réexaminer une peine, la peine est suspendue jusqu'à ce qu'une nouvelle décision soit rendue.
La campagne a appris que le 9 janvier, Iraee n'est pas retournée en prison.
L'ancienne comptable a commencé à purger une peine de six ans d'emprisonnement le 24 octobre 2016 pour avoir « insulté le sacré » et pour « propagande contre l'État » principalement pour avoir écrit une histoire de fiction qu'elle n'a jamais publiée et qui a été confisquée lors d'un raid dans sa maison par les gardiens révolutionnaires. Rédigée à la main dans un cahier, l'histoire est celle d'une femme enragée qui brûle le Coran après avoir regardé un film sur la lapidation en Iran.
Sadeghi a commencé sa grève de la faim le jour où Iraee est entrée dans la prison d'Evine et il l'a terminée plus de deux mois après que la branche 33 de la Cour suprême ait accepté enfin de réviser l’affaire de sa femme.
L’appel de la mise en danger de la vie de Sadeghi pour rendre justice à sa femme a reçu une attention généralisée sur les médias sociaux avec le hashtag #FreeArash et a été couvert par les médias internationaux. Craignant une catastrophe en terme de relations publiques, les autorités judiciaires ont accepté de libérer Iraee et lui accorder une permission et lui ont permis de rendre visite à Sadeghi, espérant qu'elle le convaincrait de mettre fin à sa grève de la faim.
Un expert de l'ONU s'exprime
Iraee a informé la Campagne que son mari avait été hospitalisé pour recevoir un traitement médical pour une occlusion intestinale et des saignements, parmi d'autres problèmes de santé résultant d'une famine prolongée, mais il a été renvoyé à la prison après seulement quelques jours le 7 janvier malgré les recommandations des médecins de le maintenir hospitalisé.
« J'appelle les autorités iraniennes à veiller à ce que M. Arash Sadeghi ait accès, en priorité absolue, à des soins de santé spécialisés dans un hôpital situé en dehors de la prison, dans le respect des normes internationales relatives aux droits de l'homme et à l'éthique médicale, a déclaré le 9 janvier 2017, le rapporteur spécial de l'ONU sur la situation des droits de l'homme en Iran, Asma Jahangir, tout en exhortant le gouvernement à libérer tous les prisonniers politiques.
Sadeghi a commencé à purger une peine de 15 ans de prison en juin 2016 après avoir été reconnu coupable de « rassemblement et collusion contre la sécurité nationale », de « propagande contre l'État », d’ « avoir répandu des mensonges dans le cyberespace » et d' « avoir insulté le fondateur de la République islamique », en exerçant une défense pacifique des droits civils en Iran.
En 2010, il a également été condamné à quatre ans d'emprisonnement pour « réunion et collusion contre la sécurité nationale » et « propagande contre l'État ». Si l'article 134 du code pénal islamique iranien - qui limite la peine d'emprisonnement à la plus longue peine des accusations les plus graves dans les affaires impliquant de multiples accusations - s'applique au cas de Sadeghi, sa peine pourrait être réduite à sept ans et demi.
Au moins quatre prisonniers politiques sont actuellement en grève de la faim en Iran, y compris le défenseur des droits de l'enfant Saeed Shirzad, qui s’est cousu les lèvres.
Source : Campagne Internationale pour les droits de l’homme en Iran

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