lundi 25 novembre 2019

Internet est restauré et des vidéos montrent le chaos en Iran


téhéran batiment brûlé iranAP News, Dubai, Emirats Arabes Unis (AP) - Avec le rétablissement d'Internet, peu à peu, des vidéos et des images du chaos, qui étreint l'Iran, nous parviennent. Des tirs de mitrailleuses répondent aux manifestants qui lancent des pierres. Des bénévoles des gardiens de la révolution (les pasdarans) en moto poursuivent les manifestants.

Les forces de sécurité en civil attrapent, frappent et traînent un homme hors de la rue vers un destin incertain. 
Alors que l’Iran rétablit Internet après une semaine de fermeture imposée par le gouvernement, de nouvelles vidéos prétendent montrer les manifestations qui ont eu lieu à cause de la hausse du prix de l’essence et la répression des forces de la sécurité qui a suivi.
Les vidéos n’offrent que des fragments de confrontations, mais elles comblent dans une certaine mesure le vide laissé par les chaînes de télévision et de radio contrôlées par l’État iranien. Sur leurs ondes, des responsables intransigeants affirment que des complots étrangers et des groupes d’exilés sont à l’origine des troubles. Dans la presse écrite, les journaux ne contenaient que des informations sténographiques, a déclaré le quotidien modéré Hamshahri, dans une analyse, dimanche.
Ils ne reconnaissent pas que la hausse du prix de l’essence le 15 novembre, appuyée par son gouvernement civil, est arrivée alors que les 80 millions de personnes en Iran ont leurs économies qui ont diminuées et que les emplois se raréfient sous les sanctions écrasantes des États-Unis. Le président Donald Trump les a imposées à la suite du retrait unilatéral de l’Amérique de l’accord nucléaire conclu entre Téhéran et les puissances mondiales.
Les autorités n'ont pas encore donné de chiffres globaux sur le nombre de personnes blessées, arrêtées ou tuées au cours des manifestations qui ont duré plusieurs jours et qui ont balayé une centaine de villes.
Amnesty International a déclaré qu'elle pensait que les troubles et la répression avaient tué au moins 106 personnes. L’Iran conteste ce chiffre sans proposer le sien. Un bureau de l’ONU avait déclaré plus tôt qu'il craignait que l'agitation ait tué « un nombre important de personnes ».
Dès le 16 novembre, l’Iran a coupé Internet dans le pays, limitant les communications avec le monde extérieur. Il était donc extrêmement difficile de déterminer l’ampleur et la longévité des manifestations. Des vidéos et des photos recyclées comme neuves rendent la tâche encore plus difficile.
Depuis samedi, la connectivité d’Internet a repris vie dans le pays, permettant aux personnes d'accéder aux sites Web étrangers pour la première fois. Dimanche, la connectivité atteignait presque les 100 % pour les services de téléphonie fixe, tandis que le service Internet par téléphone mobile restait rare, a déclaré le groupe de défense des droits, NetBlocks.
Le rétablissement a redonné vie aux applications de messagerie pour les Iraniens coupés de leurs proches à l'étranger. Cela signifie également que les vidéos ont recommencé à être largement partagées.
Des vidéos récemment publiées traversent le pays. Une vidéo de Chiraz, située à quelques 680 kilomètres au sud de Téhéran, a pour but de montrer une foule de plus de 100 personnes dispersées par les tirs d'armes à feu provenant d'un commissariat de police de la ville. Un homme se penche pour ramasser les débris alors qu'une personne hors caméra décrit les manifestants qui jettent des pierres. Un autre coup de feu retentit, suivi d'une rafale de mitraillette.
À Kerman, à quelques 800 kilomètres au sud-est de Téhéran, le son de verre brisé résonne au-dessus d’une rue où des débris brûlent au centre d’une autre. Les motards du Bassidj, la force paramilitaire iranienne, chassent les manifestants.
Une autre vidéo à Kermanshah, à quelques 420 km au sud-ouest de Téhéran, montre les dangers qui se cachent dans les rues d’Iran ces derniers jours. Les forces de sécurité en civil, se servant de matraques, traînent un homme par les cheveux. Le détenu tombe à un moment donné.
« Regardez, (les agents) s’habillent comme les jeunes », dit un homme, hors caméra, en les injuriant.
Dimanche, on ne savait toujours pas quelle était l'ampleur des manifestations restantes. Le commandant par intérim des pasdarans, le général Ali Fadavi, a répété l’allégation selon laquelle les États-Unis étaient derrière les manifestations, sans apporter aucune preuve justifiant ses propos.
« Pourquoi (les Américains) se sont-ils mis en colère après que nous ayons coupé Internet ? Parce que Internet est le canal par lequel les Américains ont voulu accomplir leurs actes pervers et méchants », a déclaré Fadavi. « Nous allons nous en occuper, partisans de la République islamique, et nos fiers hommes et femmes s’engageront pour créer un système national similaire à Internet avec des systèmes d’exploitation que les (Américains) ne peuvent pas (contrôler) même s’ils le souhaitent. »
C’est probablement ce qu’on appelle le « filet halal », la version d’Internet contrôlée localement par l’Iran, visant à restreindre ce que le public peut voir. Le système connu sous le nom de réseau national d’information compte quelques 500 sites Web nationaux approuvés par le gouvernement qui diffusent du contenu beaucoup plus rapidement que ceux basés à l’étranger, qui ont été ralentis intentionnellement, ont déclaré des militants. Les responsables iraniens disent que cela permet à la République islamique d’être indépendante si le monde la coupe du reste du monde.
Mais alors que Fadavi a précédemment déclaré que les protestations ont été réprimées en 48 heures, il a également reconnu l’ampleur de l’agitation en la comparant à l’opération Karbala-4, l’une des pires catastrophes militaires subies par l’Iran pendant sa guerre sanglante des années 1980 avec l’Irak.
Cette dimension peut être vue dans une vidéo. Dans la capitale, à Téhéran, des images précédemment diffusées par le service persan de la BBC, filmées dans une voiture, ont pour but de montrer un tableau de la violence dans la rue Sattarkhan, alors que des policiers anti-émeutes s’affrontent avec des manifestants.
Dans la vidéo, le cri d’une femme s’élève au-dessus des cris de la foule alors que les forces de sécurité en civil portant des masques chirurgicaux blancs accostent un homme, qui pose ses mains sur son visage et se penche pour protéger son corps. Des hommes marchent en arrière pour regarder le chaos parmi la police avec des matraques et des boucliers anti-émeutes, puis courent.
Une femme en foulard vert se dispute avec un policier anti-émeute devant une voiture.
« Que dites-vous ? », demande l'agent de police.
« Il a donné un coup de pied dans ma voiture », répond-elle.
« Bougez », ordonne le policier. « Qui voulez-vous blâmer dans cette situation ? »
Quelqu'un poursuit un homme devant une banque alors que la population jure. La voiture tourne à droite dans une autre rue. Un officier de police crie : « Viens ici ! »
« Allez, allez, allez ! », crie une femme dans la voiture.
La voiture s'éloigne rapidement en passant sur des débris brûlants. Le clip se termine. Cela ne dure que 35 secondes.

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