Par Struan Stevenson, ancien eurodéputé écossais, coordinateur de la campagne pour le changement en Iran
Des manifestations nationales font rage en Iran, avec des dizaines de milliers de manifestants dans plus de 144 villes exigeant la chute du régime théocratique. Jusqu'à présent, on sait qu'au moins 250 personnes ont été tuées et plus de 3 700 blessées. Il y a eu plus de 7 000 arrestations.
Le Guide Suprême des mollahs, Ali Khamenei, a ordonné à sa Gestapo – le Corps des gardiens de la révolution islamique (pasdaran) - d'ouvrir le feu sur des civils non armés dans le cadre d'une politique de « tirer pour tuer ». La plupart des morts ont reçu une balle dans la tête ou dans la poitrine.
Dans ce contexte violent et répressif, ce fut une grande surprise de découvrir que le premier ministre écossais, Nicola Sturgeon, et le chef de police, Iain Livingstone, avaient accepté d'être les conférenciers invités à la 'Peace & Unity Conference' de la société Ahl Al-Bait à Glasgow le mercredi 20 novembre. L'Ahl Al-Bait Society a son siège à Woodside Place, Glasgow, dans les locaux utilisés par l'ambassade d'Iran à Londres pour fournir des services consulaires. La société affirme que sa conférence annuelle réunit des dirigeants d'Écosse et d'ailleurs « pour influencer le changement et défier les atrocités qui se produisent dans le monde entier ». Cependant, les opposants aux mollahs au pouvoir en Iran estiment que la société n'est rien d'autre qu'une machine à propagande pour le régime et une façade pour la promotion du fondamentalisme islamique.
Le premier ministre et le chef de la police avaient accepté de se joindre à Mohammad Ali Shomali à titre de conférenciers principaux à l’événement. Shomali est l'imam résident et directeur du Centre islamique d'Angleterre. Il est un adepte et un célèbre fan du fondateur de la République islamique d'Iran, Rouhollah Khomeiny, qui a ordonné en 1988 l'exécution sommaire et extrajudiciaire de plus de 30 000 partisans du principal mouvement iranien d'opposition, l’Organisation des Moudjahidine du Peuple d’Iran (OMPI). L'ONU enquête actuellement sur cette atrocité qui doit être considérée comme l'un des crimes contre l'humanité les plus horribles de la fin du XXe siècle. Les exécutions massives, dans les prisons iraniennes, ont été perpétrées sur la base d'une fatwa de l'ayatollah Khomeiny, un personnage dont l'imam Shomali a récemment parlé : « Si nous étudions le caractère personnel de l'imam Khomeiny, nous le trouverons incroyable et si nous l'étudions en nous basant sur son impact sur les autres, alors notre conclusion sera la même. »
L'imam Shomali a décrit l'homosexualité comme « illégale » et a comparé le mariage homosexuel à la bestialité en affirmant qu'un jour ces pays « désireront le mariage avec des animaux ». Lorsque Nicola Sturgeon et Iain Livingstone ont été informés par les médias que de nombreuses personnes étaient préoccupées par le fait qu'elles avaient accepté de monter sur scène aux côtés de l'imam Shomali, ils ont rapidement annoncé qu'ils avaient découvert un conflit d’horaire qui les empêcheraient d'y assister. Il était néanmoins honteux qu'il ait fallu un journaliste pour les en avertir. Il était également honteux que Nicola Sturgeon ait désigné une autre ministre du SNP pour le représenter à la conférence.
Le Premier ministre écossais devrait peut-être réfléchir aux raisons pour lesquelles, à une époque où les femmes sont parvenues à l'égalité politique, économique, personnelle et sociale, les femmes iraniennes sont parmi les plus réprimées au monde, dirigées par un régime dominé par de vieux misogynes barbus. Il n'est pas étonnant que les manifestations nationales actuelles soient souvent dirigées par des milliers de femmes ou qu'elles y participent. Des enseignantes, des membres du personnel médical, des étudiantes, des ouvrières d'usine et des retraitées sont descendues dans la rue pour exiger la fin de la corruption, la fin de la discrimination et de la répression et la fin de l'aventurisme militaire agressif du régime théocratique au Moyen-Orient, où il soutien Bachar el-Assad en Syrie, les rebelles Houtites au Yémen, les milices chiites violentes en Irak et le Hezbollah au Liban.
Le premier ministre et le chef de police devraient réfléchir au fait que l'Iran est un régime paria qui croit en la prise d'otages, comme c’est le cas avec la jeune mère anglo-iranienne, Nazanin Zaghari-Ratcliffe, emprisonnée pour de fausses accusations d'espionnage. Il n'y a pas de justice en Iran. Alors que son président soi-disant « modéré », Hassan Rohani, sourit aux caméras de l'Occident, son gouvernement a exécuté plus de 3 500 personnes, dont des femmes et des enfants, depuis son arrivée au pouvoir en 2013.
A l'intérieur de l'Iran, les tortionnaires et les bourreaux sont plus occupés que jamais, déterminés à écraser toute opposition sous un raz-de-marée de terreur et d'oppression. C'est la raison pour laquelle ses citoyens se sont élevés parce qu’excédés et frustrés face à la cruauté et à la corruption criminelle des mollahs et à leur version fondamentaliste et médiévale déformée de l'Islam. Il est troublant que Nicola Sturgeon et Iain Livingstone aient pu involontairement s'impliquer dans la coopération main dans la main avec le régime des mollahs et ses relais de propagande. Leur présence à cette conférence bidon n'aurait servi qu'à discréditer la réputation internationale de l'Écosse tout en fournissant un coup de propagande majeure pour l'un des régimes les plus abjects et les plus répressifs du monde.
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