Depuis 2011, l'ONU a nommé trois Rapporteurs spéciaux pour l'Iran chargés de surveiller et de rendre compte de la situation des droits humains dans le pays.
Ils n'ont jamais été autorisés à se rendre en Iran alors que, selon leurs compte-rendus annuels, les arrestations arbitraires, les actes de torture et les exécutions quotidiennes ont considérablement augmenté depuis.
Le régime iranien est réputé pour ses exécutions publiques, le pays ayant malheureusement réalisé des records horribles de nombre d'exécutions, le deuxième après la Chine.
Bien que la théocratie ait signé la Convention relative aux droits de l'enfant, qui interdit l'exécution d'enfants délinquants pour des crimes commis avant l'âge de 18 ans, elle a pendu au moins 12 mineurs depuis le début de 2018, alors que 90 d'entre eux attendent actuellement dans le couloir de la mort.
L'Assemblée générale des Nations Unies a adopté dix résolutions sur la situation des droits humains en Iran de 2009 à l'an dernier, critiquant et condamnant les violations systématiques et les persécutions signalées par le Rapporteur spécial sur l'Iran.
Ces résolutions et comptes-rendus ont exhorté le régime iranien à répondre aux préoccupations de fond et à respecter ses obligations en matière de droits humains, tant en droit qu'en pratique.
L’un des derniers documents publiés en décembre dernier demandait au régime iranien de lancer un processus complet de reddition de comptes en réponse à tous les cas de violations graves des droits humains et de mettre fin à l’impunité pour de telles violations.
Au lieu de respecter cette recommandation, la théocratie a nommé un personnage malheureusement connu pour ses crimes, à la tête du pouvoir judiciaire iranien, Ebrahim Raisi.
Raisi était membre de la commission de la mort lors du massacre de milliers de prisonniers politiques en 1988, documenté par le Rapporteur spécial des Nations unies sur l'Iran dans un compte-rendu publié en août 2017 et par Amnesty International en décembre 2018. Les exécutions massives ont eu lieu à travers l'Iran entre juillet et septembre 1988 alors que des milliers de militants politiques purgeaient leur peine de prison ; la plupart d'entre eux étaient des membres et des partisans de l'opposition, les Moudjahidine du peuple d’Iran (MEK), mais également de la gauche.
Le département du Trésor américain a sanctionné Raisi pour son implication dans la répression brutale du régime par des opposants, en particulier lors du massacre de 1988.
Il a critiqué le Rapporteur spécial des Nations Unies sur la situation des droits humains en Iran, Javaid Rehman, pour son dernier compte-rendu sur la situation des droits de l'homme dans le pays.
« La mise en œuvre des décrets divins dans la République islamique ira au-delà de toute discussion et les documents sur les violations des droits humains en Iran sont absolument faux et sans fondement », a-t-il déclaré devant le Conseil des droits humains du régime, lundi 4 novembre.
Le Conseil des droits humains des Nations Unies tiendra la 34e session de son Examen Périodique universel (EPU) en novembre pour examiner le bilan de tous ses membres en matière de droits de l’homme.
Lors de la session du vendredi 8 novembre, les États membres de l'ONU interrogeront le régime iranien sur son bilan en matière de droits humains et sur les comptes-rendus précédents des Rapporteurs spéciaux.
De même, au cours des années précédentes, les questions posées par les démocraties occidentales n’avaient pas de sens, ce qui montre qu’elles ne comprenaient pas bien la structure politique et idéologique de l’Iran.
Le Royaume-Uni se demande si le régime envisage de mettre fin à la peine de mort pour les enfants délinquants ou d’autoriser la communauté bahaïe à participer à la société. On a fréquemment posé ce type de questions à la République islamique au cours des deux derniers cycles de l'EPU, mais ses "records" se sont gaussés du questionneur.
La Suède demande naïvement quelles mesures le régime prendra pour améliorer le respect de la liberté d'opinion et d'expression. Selon un dossier publié en septembre dernier par Amnesty International, le tribunal révolutionnaire du pays avait condamné quatre journalistes et trois militants des droits des travailleurs entre six et 18 ans d'emprisonnement et, dans un cas, à 74 coups de fouet sur de fausses accusations liées à la sécurité nationale. Cela s'ajoute aux plus de 7 000 personnes arrêtées par les autorités rien qu'en 2018 pour avoir pris part à des manifestations pacifiques.
Cependant, le tribunal a libéré sous caution quelques-uns d'entre eux afin de réduire les pressions avant l'EPU.
Ce modus operandi a fourni aux responsables de Téhéran l'impunité pour leurs 40 années de violations flagrantes des droits humains.
Mostafa Pourmohammadi, actuel conseiller du chef du pouvoir judiciaire et ancien ministre de la justice du cabinet du président Hassan Rouhani, également membre de la commission de la mort en 1988, a défendu de manière flagrante le massacre de prisonniers politiques dans un récent entretien avec les médias officiels.
Dans son dernier compte-rendu de 2017, l'ancienne Rapporteuse spéciale des Nations Unies sur la situation des droits humains en Iran, Asma Jahangir, a appelé à une enquête approfondie et indépendante sur le massacre.
Hélas, l'actuel Rapporteur sur les droits humains et les représentants des États membres de l'ONU ont naïvement attendu que les responsables iraniens, qui ont organisé des exécutions massives, lancent des processus complets de responsabilisation pour répondre à toutes les préoccupations.
Pour mettre fin à l'impunité des autorités iraniennes, la prochaine réunion de l'EPU doit absolument envisager de nouvelles actions. Logiquement, il suffit d'appeler le régime iranien à mettre fin aux exécutions et à demander des comptes à ses responsables.
Le monde a eu assez de discussions stériles avec les mollahs sur les droits humains, leur idéologie rejetant les valeurs démocratiques occidentales.
Amnesty International a toujours appelé l'ONU à ouvrir une enquête indépendante sur les exécutions extrajudiciaires et les disparitions forcées de 1988, à établir la vérité, à engager des poursuites contre les responsables présumés et de veiller à ce que les survivants et les familles des victimes bénéficient de justice et de réparations. Amnesty a également exhorté le monde à ne pas fermer les yeux sur le massacre de 1988, le décrivant comme un crime contre l'humanité et non une tragédie historique du passé.
Lors de l'EPU du 8 novembre, les États membres de l'ONU doivent demander au Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits humains et au Conseil des droits de l'homme des Nations Unies d'ouvrir une enquête indépendante sur le massacre de 1988, dirigée par l'ONU afin de garantir la responsabilité.
C'est un acte légitime qui peut mettre fin à l'impunité des autorités iraniennes et améliorer véritablement les conditions des droits humains en Iran. Le mouvement de recherche de la justice jouit d’une popularité considérable parmi les Iraniens à l’intérieur du pays, mais le juge iranien punit quiconque soulève la question. Le cas de Maryam Akbari Monfared est remarquable. Elle est emprisonnée à cause de ses lettres ouvertes dans lesquelles elle demandait la vérité et la justice pour ses frères et soeurs exécutés en 1988.
Source : Radio Farda
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