Ali Younesi et AmirHossein Moradi
CSDHI – Selon un ancien compagnon de cellule, les étudiants Ali Younesi et Amirhossein Moradi ont subi des tortures et des mauvais traitements afin de leur extorquer de faux aveux.
Un an après leur arrestation, Ali et Amirhossein sont toujours détenus dans le quartier de sécurité 209 de la prison d’Evine. Il n’y a eu aucun procès et ils n’ont pas vu leur avocat. Leur avocat a déclaré que les autorités ne lui ont pas permis de rencontrer ses clients ni leur parler. Le régime les a accusés d’efsad fil arz (corruption sur terre). Cette accusation, passible de la peine de mort, fait courir à Ali et Amirhossein le risque d’être exécutés. Iran Human Rights avait déjà prévenu de l’imminence des lourdes peines. Sans compter les aveux télévisés que les deux étudiants devront faire.
Selon Mojtaba Hosseini, ancien prisonnier politique et témoin oculaire, Ali Younesi souffre toujours des coups portés à ses yeux trois mois après son arrestation.
Des pressions énormes pour leur extorquer de faux aveux
Le directeur d’IHR, Mahmood Amiry Moghaddam, a déclaré : « Au cours de l’année écoulée, Ali Younesi et Amirhossein Moradi ont subi les pressions les plus intenses pour faire de faux aveux. Ils n’ont pas eu accès aux avocats de leur choix. Les institutions de sécurité ont fabriqué les allégations portées contre eux par le système judiciaire. Mais elles n’ont aucune base légale. Nous craignons qu’ils ne soient contraints de faire de faux aveux sous la contrainte et la torture. Dans ce cas, cela pourrait servir de base à de lourdes condamnations à leur encontre. »
Selon Mojtaba Hosseini, les séances d’aveux forcés duraient parfois toute la nuit. Elles ne se terminaient que lorsque les écrits étaient lus sur le ton et de la manière exacts que les interrogateurs recherchaient.
IHR appelle à leur libération immédiate
IHR a réitéré sa position précédente en condamnant la manière dont ils sont traités. Elle est illégale, même selon les propres lois de la République islamique. Aussi, Iran Human Rights appelle la communauté internationale à assurer la libération immédiate des deux étudiants emprisonnés, l’accès à leurs avocats et une procédure régulière et un procès équitable dans leur cas, indépendamment des accusations des interrogateurs et des aveux qui pourraient leur être extorqués sous pression.
Ali Younesi est étudiant en génie informatique à l’Université de technologie Sharif. Amir Hossein Moradi est étudiant en physique à l’université. Les forces du régime les ont arrêtés sans convocation légale le 10 avril 2020. Elles les ont maintenus en isolement pendant deux mois. Puis elles les ont transférés dans le quartier 209 du ministère du renseignement (MOIS) à la prison d’Evine.
Dans une interview accordée à Emtedad online, leur avocat, Mostafa Nili, a déclaré qu’on ne l’avait pas autorisé à rencontrer ses clients ni à leur parler au cours de l’année écoulée. En outre, les autorités ont reporté leur procès, qui devait avoir lieu cette semaine. C’était après que les forces de sécurité ont arbitrairement décidé de ne pas traduire les deux étudiants en justice.
Les autorités ont torturé Ali Younesi
Le frère d’Ali, Reza Younesi, avait précédemment déclaré : « Des agents ont ramené Ali chez lui par 12 agents de sécurité en civil. Les agents l’avaient sévèrement battu. Il avait du sang sur le visage, des blessures à la tête. Ils l’avaient agressé physiquement. Les agents ont saccagé toute la maison. Puis ils ont pris tous les téléphones portables, les ordinateurs et la voiture de mon père. »
Mojtaba Hosseini est un ancien prisonnier politique. Il se trouve dans le quartier 209 de la prison d’Evine depuis un certain temps. Il se trouve maintenant hors d’Iran. Celui-ci a déclaré à IHR que pendant la phase d’interrogatoire de deux mois, Ali Younesi était dans une petite cellule d’isolement. Il y avait des lumières vives allumées 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Evidemment, cela l’empêchait de se reposer.
La pression exercée par les séances d’interrogatoire prolongées et les menaces contre sa famille ont amené Ali Younesi à dire aux interrogateurs qu’il était prêt à avouer avoir tué l’imam Hossein (le troisième imam chiite) pendant l’Achoura (la bataille de Karbala, 680 après J.-C.), s’ils le libéraient.
Les forces de sécurité avaient également dit à Ali Younesi qu’elles l’emmenaient rencontrer l’ambassadeur de Suède. Toutefois, il a compris à temps qu’il s’agissait d’un piège de sécurité.
IHR craint une exécution des deux prisonniers
Iran Human Rights considère que de tels moyens de pression sont un moyen pour les forces de sécurité de mettre en scène des aveux forcés et être utilisés comme preuves pour prononcer la peine de mort. Par conséquent, IHR met en garde contre le risque pour la vie d’Ali Younesi et d’Amirhossein Moradi.
Le 5 mai 2020, Gholamhossein Esmaeili, porte-parole du pouvoir judiciaire de la République islamique, a accusé Ali et Amirhossein d’avoir des liens avec des groupes dissidents et d’être en possession d’ « engins explosifs. » Leurs familles ont démenti avec véhémence ces allégations.
Faisant référence à la pandémie de la COVID-19, Gholamhossein Esmaili, a déclaré que les deux étudiants « voulaient créer une situation catastrophique pendant le coronavirus, ce que la vigilance des forces de sécurité ont contrecarré. »
À l’époque, la sœur d’Ali, Aida Younesi, a réagi aux accusations de la justice dans un message sur Twitter. Elle a qualifié toutes les allégations de « ridicules. » Elle a notamment déclaré que l’on ne savait pas ce qui était arrivé à son frère pendant ces 26 derniers jours.
Deux étudiants brillants
Lorsqu’il était au lycée, Ali Younesi a remporté l’argent et l’or aux Olympiades nationales d’astronomie en 2016 et 2017 respectivement. En dernière année de lycée, il a remporté la médaille d’or avec l’équipe nationale iranienne aux Olympiades mondiales d’astronomie de 2018 en Chine. Au moment de son arrestation, il étudiait l’informatique à l’Université de technologie Sharif. Amir Hossein Moradi est étudiant en physique dans la même université. Il a également remporté la médaille d’argent aux Olympiades iraniennes d’astronomie 2017.
Il convient de noter que les services de sécurité iraniens ont l’habitude de faire de fausses allégations. Ils contraignent ainsi les prisonniers à faire de faux aveux. Dans une affaire, les forces du régime avaient arrêté Maziar Ebrahimi, un citoyen iranien, pour avoir participé à l’assassinat de scientifiques nucléaires en 2012 par le ministère du Renseignement. Il a plaidé coupable des allégations dans une confession télévisée. Mais la justice l’a acquitté et libéré en 2014. On a prouvé son innocence à la suite d’un différend entre les pasdarans (IRGC) et le ministère du renseignement. On pense que de nombreuses personnes ont été victimes d’accusations de fausses allégations et n’ont jamais eu l’occasion de prouver leur innocence.
Source : IHR
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