CSDHI – Dans ce qui semble être la dernière illustration de l’approche combative de l’Iran en matière de politique étrangère, les procureurs ont déposé des accusations d’ « espionnage et de propagande contre la République islamique » à l’encontre d’un touriste français.
Benjamin Briere est détenu illégalement depuis son arrestation par les autorités iraniennes il y a 10 mois. Il serait en bonne santé. Et il aurait accès aux autorités consulaires françaises.
Selon son avocat, Saeid Dehghan, Benjamin Briere est accusé « d’espionnage » pour avoir pris des photos de zones interdites. Il fait face aussi à des accusations de « propagande » à la suite d’un tweet. Dans celui-ci, il demandait pourquoi le hijab était « obligatoire » en Iran mais « facultatif » dans d’autres pays islamiques.
Les SSF ont arrêté M. Briere pour avoir fait voler un hélicoptère près de la frontière entre le Turkménistan et l’Iran. Il risque une longue peine de prison s’il est reconnu coupable.
S’adressant à Reuters, Dehghan a qualifié les accusations de fausses et sans fondement. Il a déclaré : « Nous devons attendre que le juge mène une enquête complète dans les prochains jours et rende son verdict. »
Les otages, les monnaies d’échanges de l’Iran en matière de politique étrangère
L’arrestation, la détention et les poursuites imminentes contre M. Briere constituent l’exemple le plus récent de l’utilisation par le régime iranien de la diplomatie des otages. C’est une pratique consistant à détenir arbitrairement des ressortissants étrangers et des personnes ayant une double nationalité afin de pratiquer des échanges de prisonniers.
Cette approche est devenue un élément essentiel de la diplomatie iranienne à l’étranger. Elle a permis au régime d’obtenir des milliards de dollars et de recevoir un paiement de 400 millions de dollars des États-Unis en 2015. Ce dernier a permis la libération de cinq otages. La libération définitive de Nazanin Zaghari-Ratcliffe dépendrait également du paiement d’une dette de 400 millions de livres sterling due par le gouvernement britannique pour un contrat d’armement non exécuté.
Malgré la décision de la Cour suprême iranienne selon laquelle l’expression « État hostile » ne renvoie pas à des divergences politiques, de nombreuses personnes détenues sont jugées en vertu de l’article 508 du Code pénal islamique, qui stipule que : « Toute personne ou tout groupe qui coopère avec des États hostiles sous quelque forme que ce soit sera condamné à une peine d’emprisonnement de 1 à 10 ans. »
Des dizaines de binationaux détenus dans les prisons iraniennes
Ces dernières années, le Corps des gardiens de la révolution islamique (les pasdarans) a détenu des dizaines de binationaux. Les tensions entre l’Iran et l’Occident se sont considérablement aggravées après le retrait de Donald Trump du JCPOA en 2018 et le rétablissement de sanctions paralysantes. Il n’existe pas de chiffres exacts sur le nombre d’otages enlevés par le régime. Pourtant, on sait que le régime des mollahs détient, illégalement, depuis 2015, au moins 30 doubles nationaux.
L’OIDH appelle les autorités iraniennes à libérer Benjamin Briere et les autres ressortissants étrangers et binationaux détenus arbitrairement. L’utilisation de personnes innocentes comme monnaie d’échange pour faire avancer les intérêts de politique étrangère du régime est inacceptable.
Source : International Observatory Human Rights
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