vendredi 9 janvier 2015

Rohani et l’impasse du régime iranien - interview avec Mohadessine

                    
CNRI – Dans ses déclarations de dimanche dernier, Hassan Rohani a parlé « des faiblesses et ses conflits internes» du régime iranien, souligne Mohammad Mohadessine, président de la commission des Affaires étrangères du CNRI, dans une interview. M. Mohadessine évoque ainsi les déclarations d’Hassan Rohani lors d’une conférence sur l’économie iranienne qui a eu lieu le dimanche 4 janvier à Téhéran. (Extraits, traduites de l’anglais).
 Les récentes déclarations d’Hassan Rohani, lors d’une conférence à Téhéran ont suscité divers commentaires au niveau national et international. Quelles sont vos commentaires sur ce sujet ?
Mohammad Mohadessine : A travers ses déclarations, Hassan Rohani a présenté un tableau complet de la crise dans laquelle est englouti le régime des mollahs et de la lutte de pouvoir interne qui a paralysé ce régime. Lorsque vous observez attentivement ce qui est dit et ce qui n’est pas dit dans son discours, l’impasse fatale dans laquelle se trouve ce régime devient évident. Hassan Rohani reconnaît clairement que 16 mois après son arrivée au pouvoir, non seulement il n’a réussi à résoudre aucun des problèmes du régime, mais il n’a tenu non plus aucune des promesses qu’il avait faites au cours de la soi-disant « période électorale ». La situation du régime est devenue très critique à tous les niveaux. Rohani avait promis qu’il allait résoudre les problèmes d’une économie morne et qu’il allait sortir le régime de l’impasse nucléaire. Dans son discours de dimanche dernier, il admet qu’il a échoué sur les deux plans.
 Pourquoi a-t-il utilisé le slogan du référendum ?
Dans le cadre de la lutte de pouvoir qui est en cours au sein du régime iranien depuis un an et demi, Khamenei et sa faction ont tenté de limiter de plus en plus les prérogatives de Rohani et de le transformer en une marionnette qui obéit tout simplement aux ordres. Dans le domaine de la politique étrangère, Rohani n’a qu’une marge de manœuvre très limitée. Il n’a même pas l’autorisation de serrer la main du président américain. Dans les négociations nucléaires, toutes les décisions sont prises par Khamenei. Le rôle du gouvernement et du ministère des Affaires étrangères se limite à exécuter les ordres du guide suprême du régime. De même, la politique du régime au Moyen-Orient est entièrement déterminée par la Force Qods. Le rôle de Rohani et de son gouvernement se limite à fournir le soutien logistique pour les atrocités de la Force Qods en Irak et en Syrie.
Le seul domaine où Rohani était censé avoir quelques pouvoirs, c’était le domaine de l’économie. Maintenant, il vient de reconnaitre que même dans ce domaine, il n’a aucune autorité. Regardez ce qu’il dit : « Ce ne est pas que le pouvoir exécutif qui contrôle tout. Il ne contrôle même pas l’économie. Il y a aussi d’autres acteurs dans l’économie. Est-ce que le gouvernement peut prendre des décisions économiques ? Certaines décisions nécessitent l’adoption de lois au sein du Parlement. Est-ce que le gouvernement peut déterminer le budget annuel du pays ? Dans ce domaine, c’est le parlement qui dit le dernier mot. Ce n’est même pas le parlement tout seul. Le budget voté au parlement doit ensuite être ratifié par le Conseil des Gardiens. Ainsi, le gouvernement, le parlement, le Conseil des gardiens et le pouvoir judiciaire doivent coopérer avec nous. »
Même le slogan de référendum n’est pas un projet politique réaliste pour Rohani, car il sait trop bien qu’organiser un référendum libre est une chose impossible dans le cadre de ce régime. Ce slogan est juste une manœuvre politique contre la faction de Khamenei, dans l’espoir d’obtenir quelques concessions.
 Quelle est le bilan Rohani en matière économique ?
Rohani fait partie des responsable de cette crise économique. Regardez le budget de l’an prochain (de mars 2015 à mars 2016) que Rohani a présenté au parlement. Alors que les revenus pétroliers du pays ont été réduits de 45%, le budget officiel des Gardiens de la Révolution a été augmenté de 30%. Le budget attribué officiellement aux activités du régime dans des pays comme la Syrie et l’Irak est deux fois important que le budget alloué à l’ensemble des universités du pays avec deux millions d’étudiants. Sachant que le vrai budget consacré aux ingérences du régime iranien en Syrie, au Yémen, au Liban et en Irak est une information confidentielle qui ne sera jamais mentionnée dans le budget officiel du pays.
Certains diront peut-être que ces budgets n’ont pas été décidés par Rohani. Cela illustre l’impasse dans laquelle se trouve le régime des mollahs et l’incapacité de ce régime à se réformer. Si Rohani voulait faire appliquer son slogan de modération, alors il devrait dire au peuple la vérité. Il devrait leur dire que le gouvernement a gaspillé les capitaux de la nation pour la répression à l’intérieur et pour mener des guerres en Syrie, en Irak et au Yémen, et pour poursuivre le programme d’armes atomiques. Il devrait sortir de son silence et dire que la tyrannie et la répression ont provoqué la fuite des cerveaux et la fuite des capitaux. Il devrait dire que c’est le régime du Vélayat-e-faghih qui est la cause de tous ces problèmes. Mais ce n’est pas dans l’intérêt de Rohani de parler de ces sujets, parce qu’il fait partie de ce régime et il fait partie du problème.

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