mardi 10 janvier 2017

Iran : « Les prisonniers d'opinion risquent de mourir après une grève de la faim prolongée » – met en garde un expert de l'ONU

 UNHR - Genève (9 janvier 2017) - La Rapporteuse spéciale des Nations Unies sur la situation des droits de l'homme en Iran, Mme Asma Jahangir, a exprimé aujourd'hui son inquiétude face à la situation sanitaire critique de plusieurs prisonniers d'opinion qui font une grève de la faim qui se prolonge en Iran. Au cours des dernières semaines, au moins huit prisonniers d’opinion ont fait une grève de la faim menaçant leur vie en Iran pour contester la légalité de leur détention. Parmi eux se trouvent M. Saeed Shirzad, M. Ali Shariati, M. Mohammad Reza Nekounam, M. Hassan Rastegari Majd, M. Mehdi Koukhian, M. Nizar Zakka et M. Mohammed Ali Taheri.
Un autre prisonnier, M. Arash Sadeghi, a mis fin, la semaine dernière, à la grève de la faim qu'il avait entamée le 24 octobre 2016, après que son épouse - MM. Golrokh Ebrahimi Iraee - a été libérée sous caution.
« M. Sadeghi et Mme Ebrahimi Iraee sont tous deux des défenseurs des droits humains qui ont été emprisonnés pour avoir pacifiquement exercé leur droit à la liberté d'expression et d'association », a déclaré l'expert.
Le Rapporteur spécial a noté qu'en dépit de son état de santé critique, M. Sadeghi se voit refuser le transfert dans des établissements médicaux spécialisés et qu'il est semble-t-il, maintenu dans sa cellule.
« J'appelle les autorités iraniennes à faire en sorte que M. Arash Sadeghi ait accès, en priorité absolue, à des soins de santé spécialisés dans un hôpital en dehors de la prison, conformément aux normes internationales en matière de droits de l'homme et à l'éthique médicale, en particulier les pratiques de consentement éclairé », a-t-elle dit.
"Je suis profondément préoccupée par la détention continue des défenseurs des droits humains en Iran, qui ont été jugés sur la base d'infractions vaguement précisées et lourdement condamnés suite à des procès entachés de violations des procédures régulières », a déclaré Mme Jahangir. « Ils n'ont plus d'autre choix que de mettre leur vie en danger pour contester la légalité de leur détention ».
L'expert de l'ONU a souligné qu'une telle situation persiste, juste peu de jours après que le président Rohani ait signé la Charte des droits des citoyens, qui consacre le droit à la vie, à la liberté d'opinion, d'expression et de réunion en Iran.
« J'exhorte le gouvernement iranien à libérer immédiatement et inconditionnellement tous ceux qui ont été arbitrairement arrêtés, détenus et poursuivis pour avoir exercé leur droit à la liberté d'opinion et d'expression et pour avoir promu pacifiquement l'observance des droits de l'homme dans le pays », a-t-elle souligné.
Les grévistes de la faim
L'expert de l'ONU a reçu des informations sur la situation critique de santé dans laquelle se trouve actuellement Ali Shariati, qui est en grève de la faim depuis le 31 octobre 2016. M. Shariati purge une peine de cinq ans de prison pour son activisme pacifique, y compris sa participation dans une manifestation non-violente pour condamner les attaques acides contre les femmes en Iran.
Des craintes ont également été exprimées pour le militant des droits des enfants, Saeed Shirzad, qui a été condamné à cinq ans de prison en 2015 et a commencé une grève de la faim le 7 décembre 2016, ainsi que Mohammed Ali Taheri, qui a entamé une grève de la faim le 28 septembre et dont le lieu de détention est inconnu depuis son transfert signalé à l'hôpital militaire de Baghiatollah en octobre.
L'expert de l'ONU a également attiré l'attention sur la situation de Hassan Rastegari Majd, qui aurait été détenu en isolement en représailles vis-à-vis de sa longue grève de la faim.
L'appel de Mme Jahangir a été approuvé par le Rapporteur spécial sur la situation des défenseurs des droits de l'homme, M. Michel Forst ; et le Président-Rapporteur du Groupe de travail des Nations Unies sur la détention arbitraire, M. Roland Adjovi.
Mme Asma Jahangir (Pakistan) a été désignée comme le Rapporteur spécial sur la situation des droits de l'homme en République islamique d'Iran par le Conseil des droits de l'homme en septembre 2016. Mme Jahangir a été élue présidente de l'Association du barreau de la Cour suprême du Pakistan et Présidente de la Commission des droits de l'homme du Pakistan. Au fil des ans, elle a été reconnue à l'échelle nationale et internationale pour sa contribution à la cause des droits de l'homme et elle a reçu de grands prix pour les droits de la personne. Elle a beaucoup travaillé dans le domaine des droits des femmes, de la protection des minorités religieuses et de l'élimination du travail forcé. Elle est l’ancien Rapporteur spécial sur les exécutions sommaires et sur la liberté de religion.
Les rapporteurs spéciaux et les groupes de travail font partie de ce que l'on appelle les procédures spéciales du Conseil des droits de l'homme. Les procédures spéciales, le plus grand organe d'experts indépendants du système des droits de l'homme des Nations Unies, est le nom général des mécanismes indépendants d'enquête et de suivi du Conseil qui traitent de situations spécifiques de pays ou de questions thématiques dans toutes les régions du monde. Les experts des procédures spéciales travaillent sur une base volontaire ; Ils ne sont pas membres du personnel de l'ONU et ne reçoivent pas de salaire pour leur travail. Ils sont indépendants de tout gouvernement ou organisation et servent à titre individuel.

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