Voici l’interview d’Afchine Alavi avec France info diffusé le 6 août 2018 à 12h40
France Info : Nous sommes en ligne avec Afchine Alavi, bonjour.
Vous êtes porte-parole des Moudjahidine du peuple d’Iran, membre du Conseil nationale de la Résistance iranienne basé en France. Vous luttez contre le régime iranien. Vous êtes considéré comme un organe de résistance et vous êtes interdit en Iran. Depuis plus d’une semaine les manifestations se multiplient à Téhéran, à Ispahan ou à Karaj. Pour vous de quoi sont les signes de ces rassemblements aujourd’hui ?
Vous êtes porte-parole des Moudjahidine du peuple d’Iran, membre du Conseil nationale de la Résistance iranienne basé en France. Vous luttez contre le régime iranien. Vous êtes considéré comme un organe de résistance et vous êtes interdit en Iran. Depuis plus d’une semaine les manifestations se multiplient à Téhéran, à Ispahan ou à Karaj. Pour vous de quoi sont les signes de ces rassemblements aujourd’hui ?
Afchine Alavi : Comme vous le dites, ces rassemblements ont eu lieu dans des grandes villes mais également dans des villes de province et avec un caractère très virulent, une population très remontée contre le régime et avec des slogans très significatifs comme :
« Canons et pétards n’empêcheront pas les mollahs de ficher le camp », « A bas la dictature », « A bas Khamenei » ou « A bas Rohani » ou « Conservateur, réformateur, le jeu est maintenant terminé »
et « Libérer les prisonniers politiques »…
et « Libérer les prisonniers politiques »…
Donc tout cela signifie que la population est bien décidée de se débarrasser du régime des mollahs et il n’y a pas de doute là-dessous. Ce qui est très important c’est que ces manifestations, qui ont pris de l’ampleur depuis le début de la semaine, ne datent pas d’aujourd’hui. En fait depuis le début de l’année, cela fait 8 mois, qu’il ne se passe pas un jour en Iran sans des grèves, des manifestations, des émeutes, et cela malgré que l’intensité de répression n’a pas du tout baissé.
- Le fort de ces émeutes était en janvier mais depuis force est de constater que c’est un peu retombée cette vague de protestation, Afchine Alavi
Je pense que ce qui est très important à tenir compte c’est que ces manifestations ont lieu alors que le régime est sorti de l’effet de surprise du début de l’année. Il est en état d’alerte maximale et il continu à arrêter des gens, à exécuter des gens à faire disparaitre des gens… Malgré cela des manifestations se poursuivent. C’est un signe très important qui ne trompe pas. C’est pour cela que pense que le caractère majeur c’est la poursuite et la continuité de ces manifestations, malgré la répression.
Oui, mais quand même, il y a un mélange de protestation contre les sanctions américaines, contre la vie chère, contre la hausse des prix et contre le régime plus largement.
Je ne dirais pas contre les sanctions américaines. Je pense que là-dessus il faut un peu prendre de distance par rapport à ce qui se dit un peu trop facilement dans les médias ces jours-ci. J’essaie d’insister de dire que les manifestations ont eu lieu avant même que les Américains se retirent de l’accord sur le nucléaire. Et la situation économique et la pauvreté et le chômage datent de l’époque où l’accord sur le nucléaire était en vigueur.
Ceci, tout simplement parce que la cause de cette situation économique, avant d’être des sanctions étrangères, elle est due à l’incapacité du régime et également à la situation de la mainmise sur l’économie des Gardiens de la révolution et des fondations religieuses du régime. Donc, la population, aujourd’hui, est parfaitement consciente et c’est d’ailleurs pour cela que ces différentes factions du régime n’ont aucun pouvoir sur ces manifestations et ne peuvent plus les maitriser.
Le 2ème facteur qui est très important c’est qu’aujourd’hui il y a une symbiose à l’intérieur de société iranienne entre cette population qui est excédée et la Résistance. D’où les slogans qui sont extrêmement politiques, alors que les causes sont multiples. Les causes de ces manifestations c’est le désastre environnementale, c’est la pénurie d’eau, c’est la misère, la pauvreté, le chômage.
Mais quels sont les figures politiques, les relais politiques qui vont porter cette voix-là, celle des manifestants ?
Alors, aujourd’hui, si vous écoutez le régime, vous allez voir que, à toutes les échelles du régime, on pointe du doigt les Moudjahidine du peuple d’Iran. Récemment encore, le conseiller majeur de l’armée iranienne en matière cybernétique, est passé à l’aveu en disant que « jusque-là les Moudjahidine montaient sur des vagues alors que maintenant c’est eux qu’ils provoquent les vagues en Iran ». Il fait allusion à ces unités de résistances qui aujourd’hui à travers le pays sont en train de maintenir vivace cette activité de contestation à travers le pays.
Donc le pouvoir vous accuse de créer cette vague de protestation, c’est ça ?
Absolument, et donc ils sont conscients aujourd’hui que quelque chose s’est passée. C’est-à-dire que dans ce qui se passe aujourd’hui en Iran, la population n’a plus le regard vers les factions du régime, comme c’était le cas par exemple en 2009 dans les manifestations de 2009, vous vous souvenez peut-être où chacun cherchait sa voie entre les factions. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas. Les gens disent, nous ne voulons plus de régime, nous ne voulons plus des mollahs. Nous voulons une république laïque.
Et ceux qui protestent malgré cette répression, ce sont des gens qui sont aujourd’hui structurés, organisés. C’est pour ça que les mêmes slogans apparaissent aux quatre coins de l’Iran. Il y a un slogan très significatif qu’on entend ces jours-ci dans toutes les manifestations, ce qui contredit en fait, ceux qui veulent faire croire que ces manifestations sont le résultat de l’attitude américaine, alors que la question majeure aujourd’hui ce n’est pas la question des relations entre les Etats Unis et le régime iranien. La question majeure c’est la relation conflictuelle entre le peuple iranien et le pouvoir en place. Ce slogan dit : « L’ennemie est ici (en Iran), ils mentent quand ils disent que c’est l’Amérique ». Alors ce slogan est partout, que ça soit à Ispahan, que ça soit à Téhéran, que ça soit à Kermanchah, on l’entend à chaque reprise.
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