L’éducation en Iran : un parcours semé d’obstacles pour les filles du primaire à l’université
Les étudiants rencontrent de nombreux obstacles pour accéder à une éducation de qualité en Iran; ces obstacles doublent et même triplent quand il s’agit des filles.
La nouvelle année scolaire et académique commence en même temps en Iran le 23 septembre avec quelque 15 millions d’élèves du primaire et du secondaire et 4 millions d’étudiants de l’enseignement supérieur. Le régime iranien n’ayant pas réussi à fournir une éducation gratuite et obligatoire aux enfants iraniens alors que plus de 80% de la nation vit sous le seuil de pauvreté, rien ne garantit que les enfants et les jeunes iraniens pourront poursuivre leurs études.
L’article 30 de la Constitution du régime iranien oblige le gouvernement à fournir une éducation gratuite et obligatoire à tous pour finir le lycée, mais les lourds frais de scolarité empêchent des milliers d’élèves d’avoir accès à l’éducation en Iran.
Selon l’ancien directeur adjoint du Plan et du Budget, « plus de 9% des familles iraniennes doivent vendre leurs biens pour assurer l’éducation de leurs enfants, car elles ne peuvent pas y subvenir avec leurs revenus habituels », écrit le très officiel journal Ettela’at le 17 juin 2019.
Le responsable de l’Association des écoles de formation professionnelle a annoncé que 37% des élèves abandonnent leurs études avant d’obtenir leur diplôme et que 7% seulement des diplômés du secondaire sont admis à l’université. (Agence Fars du 4 novembre 2017).
En octobre 2016, Shahindokht Molaverdi, directrice de la direction présidentielle pour les affaires familiales et féminines, citant le centre de recherche parlementaire, a annoncé que 3 200 000 enfants et jeunes étaient privés d’éducation en Iran, ajoutant: « Plus de filles que de garçons sont privées d’éducation. »
Abbas Soltanian, adjoint au ministère de l’Éducation pour le second cycle de l’enseignement secondaire, a également souligné que le nombre de filles qui quittaient l’école était « beaucoup plus élevé » que celui des garçons. (Agence ILNA du 25 juin 2018)
Certaines sources estiment que « seulement un enfant privé d’éducation sur 12 en Iran est identifié ». (Site Alefba, publié par l’État, 23 mai 2019).
Les chiffres publiés par les médias officiels iraniens montrent une tendance à la baisse du nombre d’étudiants, passant de 4 811 581 étudiants en 2014-2015 à 3 616 114 en 2017-2018. Cela représente une moyenne de 398 000 étudiants de moins par an en dépit des nouvelles admissions. Ceci ne peut s’expliquer que par la pauvreté généralisée dans la société iranienne, la non gratuité de l’éducation et l’absence de tout soutien gouvernemental pour les étudiants. (Agence officielle IRNA du 30 décembre 2018; agence Mehr du 23 octobre 2017; agence Bazaarnews.ir du 21 décembre 2016)
Un graphique d’information publié par les médias officiels montre que pour l’année universitaire 2017-2018, le nombre d’élèves au niveau élémentaire est de 7 877 943; alors que seulement 3 192 493 élèves étudient au premier cycle du secondaire et 2 201 126 élèves au second cycle du secondaire. Ce graphique montre que des millions d’élèves ne peuvent pas poursuivre leurs études en Iran après avoir terminé leurs études primaires et le premier cycle du secondaire. (Agence PANA du 23 août 2018).
Écoles et universités insalubres et peu sûres
Les élèves et les étudiants iraniens doivent étudier dans des écoles et des universités insalubres et peu sûres. Sous le régime des mollahs, le budget du ministère de l’Education n’a aucune priorité et ne suffit même pas à payer les traitements et salaires des enseignants. (Salamatnews.com – 26 septembre 2018)
Le directeur général de la rénovation des écoles de la province de Téhéran a déclaré que 235 écoles de Téhéran avaient plus de 60 ans, ajoutant : « Globalement, 8.500 classes doivent être démolies et reconstruites et 14.500 doivent être renforcées dans la province de Téhéran. » (Agence officielle ISNA – 20 août 2018)
Le président du conseil municipal de Téhéran, de Ray et de Tajrish, Mohsen Hachemi, a révélé que « 700 écoles à Téhéran seront détruites en cas de tempête violente, sans parler d’un tremblement de terre. ».
Donya Veisi, une fillette de sept ans vivant à Sanandaj, a perdu la vie en octobre 2018 ensevelie sous le mur de son école lorsqu’il s’est effondré. (Agence Tasnim – 8 octobre 2018)
Le ministre de l’Éducation, Mohammad Ali Bat’haï, qui avait précédemment annoncé que 42% des écoles en Iran n’avaient pas de système de chauffage sûr, a révélé qu’il faudrait 7 à 8 ans pour remplacer les appareils de chauffage non standard. (Rouydad24.com – 19 décembre 2018)
Les incendies d’école mettent en péril la vie de nombreux élèves chaque année. L’année dernière, un incendie provoqué par un chauffage au fioul non standard dans une salle de classe de l’école Osveh Hassaneh à Zahedan a coûté la vie à trois filles et en a blessé une grièvement. (Site Mashregh – 19 décembre 2018).
Un peu plus tôt, les petites filles qui étudiaient dans une école primaire à Shine-Abad (province de l’Azerbaïdjan occidental) et un autre groupe l’élèves à Doroudzan (province de Fars) avaient été grièvement blessées dans les incendies de leur école et ne se sont pas rétablies depuis.
Dans une autre école de filles à Bam, Kerman, 25 élèves ont été intoxiqués par une fuite de monoxyde de carbone provenant de l’appareil de chauffage. (Agence de presse officielle ISNA – 29 janvier 2019)
Le recteur de l’académie de Hamidieh (province du Khouzistan) a également déclaré à la presse que « par temps chaud, les écoles manquaient de systèmes de refroidissement efficaces la plupart des mois. Dans nos écoles entièrement réservées aux filles, six classes sur dix ne disposent pas de système de refroidissement. » (Agence ILNA – 14 septembre 2019).
En plus de la dégradation des espaces éducatifs, les transports des étudiants sont également vétustes et usés, faisant chaque année des victimes. Le 25 décembre 2018, un vieil autobus s’est retourné sur le campus du département des sciences et de la recherche de l’université Azad de Téhéran, tuant huit étudiants, le chauffeur et le père de l’un des étudiants qui étaient à bord. Vingt-huit étudiants ont été blessés. Comme les étudiants l’ont dit, « le bus a eu un accident la veille, heurtant la chaussée à cause d’un frein qui ne fonctionnait pas ». (Agence BORNA – 25 décembre 2018)
Ces accidents ne sont que la pointe de l’iceberg des dizaines d’accidents qui surviennent chaque année dans les écoles, avec des conséquences néfastes sur la vie et la santé des élèves.
En Iran, 75% des étudiants privés d’éducation sont des filles
Lors d’une réunion du Conseil de planification de la province de Kohgiloyeh-va-Boyerahmad, Massoumeh Ebtekar, directrice de la direction présidentielle pour les affaires féminines et familiales, a déclaré : « Le nombre de filles privées d’éducation en Iran est trois fois plus élevé que celui les garçons. Ce que nous entendons par enfant privé d’éducation se définit comme une fille ou un garçon âgé de 6 à 18 ans qui n’est pas recensé dans le cycle de l’éducation nationale. » (A ANA – 17 septembre 2019)
Le recteur de l’académie de Hamidieh dans la province du Khouzistan a déclaré le 14 septembre 2019 à la presse : « Les longues distances entre les villages et le manque de collèges et de lycées (dans les zones rurales) ont contribué au fait que les filles abandonnent l’école dans cette région. »
« Les provinces du Sistan-Baloutchistan, Khouzistan, Azerbaïdjan occidental, Kerman et bien sûr Téhéran et Khorassan-Razavi comptent le plus grand nombre d’enfants d’âge scolaire privés d’accès à l’éducation. » C’est ce qu’a annoncé Maryam Sedaghat, membre du conseil scientifique de l’Institut de recherche pour les études sur le développement à l’Organisation de la croisade universitaire. Elle a répété : « La pauvreté et l’inégalité sont les principaux facteurs qui contribuent à priver les élèves d’éducation en Iran. » (Site IRNA plus – 13 octobre 2018).
Nahid Tajeddine, membre de la Commission sociale du parlement des mollahs, a déclaré qu’au moins un quart des élèves iraniens sont obligés d’abandonner leurs études. (Salamatnews.com – 27 septembre 2017).
Le nombre d’enfants travailleurs iraniens est estimé entre 3 et 7 millions. (Agence Tasnim – 27 septembre 2017)
Dans une interview accordée à l’agence ISNA, Tahereh Pajouhesh, vice-présidente de l’Association pour le soutien aux droits des enfants en Iran, a déclaré que le nombre d’enfants travailleurs iraniens est en augmentation, même si leur nombre diminue dans le monde entier. » (Agence Anatoly, 14 juillet 2017).
La plupart des enseignants vivent sous le seuil de pauvreté.
Compte tenu de la crise économique en Iran, les dépenses mensuelles minimales pour une famille de quatre personnes en avril 2019 étaient de 8 millions de tomans (637 €).
Le montant qu’elle devrait dépenser pour sa nourriture et pour seulement 18 produits de première nécessité avec un prix commun dans les villes s’élevait à 2 228 000 tomans (176 €) en avril 2019, tandis que le salaire minimum était de 1 517 000 tomans (120 €).
Pendant ce temps, le salaire mensuel moyen d’un enseignant est de 3 250 000 tomans (258 €) et un enseignant à la retraite reçoit 1 500 000 tomans (119 €). Mais la plupart des enseignants ont des contrats temporaires, ce qui réduit leur salaire à moins d’un million de tomans (79 €).
Le ministre de l’Education, Mohammad Bat’haï, aurait notamment déclaré : « Les enseignants ont toujours dû avoir un deuxième emploi pour gagner leur vie. Sans exagération, si un enseignant veut gagner sa vie simplement en enseignant, il ne peut pas avoir un niveau de vie dans la moyenne. » (Agence Tasnim, 3 mars 2019)
Vahid Mahmoudi, économiste et professeur d’université, a souligné que « 69% des enseignants exercent comme deuxième emploi le métier de conducteur de taxis et que 54% des enseignants ont un revenu faible et peu de temps libre ».
Ainsi, les enseignants qui vivent sous le seuil de pauvreté et qui sont continuellement préoccupés par l’idée de subvenir aux besoins de leur famille ne peuvent jamais se concentrer sur la qualité de l’enseignement qu’ils offrent aux étudiants et ne peuvent y consacrer suffisamment de temps.
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