Haut-Commissariat des Nations Unies pour les droits de l’homme (OHCHR), Genève, le 24 mars 2020 – Les sanctions sectorielles de grande envergure doivent être réévaluées de toute urgence dans les pays faisant face à la pandémie de coronavirus, en raison de leur incidence potentiellement négative sur le secteur de la santé et sur les droits de l'homme, a déclaré mardi la Haute-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme Michelle Bachelet.
« Il est primordial d'éviter l'effondrement du système médical de tout pays, compte tenu de l'impact explosif que cela aura sur le nombre de décès, la souffrance et la contagion généralisée », a déclaré Mme Bachelet. « En cette période cruciale, tant pour des raisons de santé publique mondiale que pour appuyer les droits et la vie de millions de personnes dans ces pays, les sanctions sectorielles doivent être assouplies ou suspendues. Dans ce contexte de pandémie mondiale, entraver les efforts médicaux dans un pays accroît les risques pour nous tous. »
« Il est nécessaire d'appliquer des dérogations vastes et pragmatiques pour raison humanitaire face à ces sanctions, et d'accorder des autorisations rapides et flexibles pour obtenir les fournitures et équipements médicaux essentiels », a-t-elle indiqué.
Par exemple, en Iran, où au moins 1 800 personnes sont mortes de la maladie à coronavirus COVID-19, des rapports sur les droits de l'homme ont à maintes reprises souligné l'impact des sanctions sectorielles sur l'accès aux médicaments et aux équipements médicaux essentiels, notamment les respirateurs et les tenues de protection pour les travailleurs sanitaires.
Plus de 50 membres du personnel médical iranien ont perdu la vie depuis que les premiers cas de COVID-19 ont été détectés il y a cinq semaines. L'épidémie en Iran est en train de s'étendre également aux pays voisins, ce qui mettra à rude épreuve les systèmes de santé de pays comme l'Afghanistan et le Pakistan.
Selon Mme Bachelet, de nombreuses sanctions risquent également d'entraver les efforts médicaux à Cuba, en République populaire démocratique de Corée, au Venezuela et au Zimbabwe. « La majorité de ces États disposent de systèmes de santé fragiles ou instables. Il est primordial de réaliser des progrès en matière de droits de l'homme pour améliorer ces systèmes – mais les obstacles à l'importation de fournitures médicales essentielles, notamment le respect excessif des sanctions par les banques, causeront des dommages durables aux communautés vulnérables. Les populations de ces pays ne sont en aucun cas responsables des politiques visées par ces sanctions et vivent déjà, à des degrés divers, dans une situation précaire depuis un certain temps. »
Au Venezuela, certains hôpitaux souffrent régulièrement de coupures d'eau et d'électricité et du manque de médicaments, d'équipements, de désinfectant et de savon. Bien que cette situation soit antérieure à l'imposition de sanctions sectorielles, leur allégement permettrait d'allouer davantage de ressources pour traiter et prévenir l'épidémie.
« Il est particulièrement important de protéger la santé des travailleurs sanitaires, et les professionnels de la santé ne devraient jamais être punis par les autorités pour avoir signalé des lacunes dans la réponse à la crise », a-t-elle indiqué. « Les médecins, le personnel infirmier et tous ceux qui travaillent dans les structures de santé sont en première ligne pour nous protéger tous. »
Michelle Bachelet a appelé les dirigeants du monde à s'unir. « La coopération et la solidarité internationales sont toujours indispensables pour faire avancer les droits de l'homme ; elles sont aussi vitales à l'heure actuelle pour défendre les intérêts nationaux de chaque pays. »
Michelle Bachelet a également fait remarquer que les pays faisant l'objet de sanctions devraient fournir des informations transparentes, accepter les offres d'assistance humanitaire nécessaires et donner la priorité aux besoins et aux droits des personnes vulnérables. Ils devraient également adopter des mesures pour garantir que les organisations nationales et internationales peuvent effectuer leur travail humanitaire sans entrave.
« Aucun pays ne peut à lui seul lutter efficacement contre cette épidémie. Nous devons faire preuve de solidarité, de coopération et d'attention », a-t-elle expliqué, faisant écho à l'appel de la semaine dernière lancé par le Secrétaire général des Nations Unies Antonio Guterres pour encourager des « politiques coordonnées, décisives et innovantes » pour lutter contre la propagation du COVID-19.
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