Amnesty International - ACTION URGENTE - Les autorités iraniennes doivent libérer
immédiatement et sans condition des centaines de prisonniers d'opinion alors
que les craintes sont vives que le coronavirus (COVID-19) ne se propage dans
les prisons iraniennes.
Elles doivent prendre des mesures en vue de
protéger la santé de toutes les personnes placées en détention et envisager de
toute urgence de libérer celles et ceux qui sont en attente de leur jugement ou
qui risquent particulièrement de développer une forme sévère de la maladie ou
de mourir.
Les préoccupations sont vives concernant la
propagation du coronavirus à l’intérieur des prisons iraniennes et le fait que
les autorités iraniennes ne font pas assez pour protéger les populations
carcérales. L'Agence de presse des défenseurs des droits humains (HRANA), basée
à l’étranger, a signalé les faits suivants : dans la prison de Shahr e Rey
(aussi appelée Gharchak), dans la ville de Varamin, deux prisonniers sont morts
de la COVID-19 à l'isolement ces derniers jours, après qu'on a refusé de leur
prodiguer des soins médicaux et de les admettre à l'hôpital ; auparavant dans
la même prison, alors que certains prisonniers avaient été testés positifs au
coronavirus, les détenus ont été contrôlés uniquement pour des fièvres et on
leur a fourni une solution à l'eau de Javel pour désinfecter eux-mêmes les
surfaces qui, selon leurs témoignages, émettait des vapeurs irritant leurs
poumons ; dans la prison centrale de Karaj, de nouveaux cas de coronavirus sont
signalés chaque jour et des prisonniers ont entamé une grève de la faim pour
protester contre la pénurie de produits sanitaires et l'absence de mesures
prises afin de prévenir la propagation du virus à l'intérieur de la prison ;
dans la prison d'Oroumieh, début mars 2020, plus de 100 prisonniers dans une
aile de la prison ont entamé une grève de la faim pour protester contre la
pénurie de produits sanitaires dans la prison, malgré des cas suspectés de
coronavirus parmi les prisonniers ; et, dans la prison d’Evin à Téhéran, les
détenus ont alerté sur le fait que le quartier des femmes a été désinfecté
après qu’un gardien a été testé positif au coronavirus alors qu’auparavant,
l’ensemble du quartier devait partager l’utilisation d’un produit désinfectant.
L'organisation de défense des droits
humains Ahwaz a également signalé que deux détenus dans la prison centrale
d'Ahvaz avaient contracté le coronavirus et que d'autres prisonniers du même
quartier n'avaient pas été testés. Plusieurs prisonniers d'opinion observent
une grève de la faim à la prison d'Evin pour protester contre le refus
persistant des autorités de leur accorder une permission de sortie.
De nombreuses prisons iraniennes présentent
des conditions de détention qui sont bien loin de respecter les normes
internationales ; elles sont notamment surpeuplées, mal ventilées et infestées
d’insectes, offrent un accès limité à l’eau chaude pendant l'hiver, une
nourriture insuffisante et un nombre de lits insuffisant (Pour en savoir plus,
veuillez consulter les documents suivants :
https://www.amnesty.org/fr/latest/news/2018/03/iran-new-evidence-of-appalling-treatment-of-women-human-rightsdefenders-held-in-shahre-rey-prison/ et https://www.amnesty.org/fr/documents/mde13/5515/2017/fr/.
https://www.amnesty.org/fr/latest/news/2018/03/iran-new-evidence-of-appalling-treatment-of-women-human-rightsdefenders-held-in-shahre-rey-prison/ et https://www.amnesty.org/fr/documents/mde13/5515/2017/fr/.
De telles conditions sont propices à la
propagation des maladies infectieuses. Depuis que l'épidémie de coronavirus en
Iran a été rendue publique en février 2020, de nombreuses familles de détenus
ont fait part de leur inquiétude quant à la santé de leurs proches et ont
demandé la libération des prisonniers d'opinion et de toutes les personnes
maintenues en détention pour des motifs à caractère politique. Elles ont
dénoncé le fait que le manque de produits sanitaires et les conditions
déplorables accroissent les risques pour les détenus. Elles ont demandé à
l'Administration pénitentiaire iranienne, placée sous l'autorité du responsable
judiciaire, de désinfecter régulièrement les prisons, de fournir des masques et
des gels aseptisants pour les mains aux prisonniers, de placer en quarantaine
ceux qui sont suspectés d'avoir contracté le virus et d'accorder un maximum de
permissions de sortie.
Si les autorités judiciaires ont fait un
certain nombre d'annonces sur les mesures qu'elles comptent prendre pour
prévenir la propagation du coronavirus dans les prisons, y compris sur leur
intention de libérer des milliers de prisonniers temporairement et après
paiement d'une caution, et d'accorder des grâces à certains types de
prisonniers, des centaines de prisonniers d'opinion demeurent incarcérés (pour
en savoir plus).
Selon le Comité international de la
Croix-Rouge (CICR), les populations carcérales sont particulièrement exposées
aux maladies infectieuses comme la COVID-19 et les conditions de détention
peuvent exacerber les risques, notamment un risque accru de transmission de
maladies, particulièrement dans les prisons où la surpopulation est forte et où
les services de santé disponibles sont moins développés que ceux qui existent à
l'extérieur. Aux termes du droit international, notamment de l’Ensemble de
règles minima des Nations unies pour le traitement des détenus (Règles Nelson
Mandela), les autorités pénitentiaires doivent veiller à ce que toutes les
personnes détenues aient rapidement accès à une aide médicale et à des soins de
santé.
Les prestations de soins de santé aux
prisonniers relèvent de la responsabilité de l'État. Les prisonniers doivent
recevoir des soins médicaux de même qualité que ceux disponibles dans la
société, y compris lorsqu'il s'agit de tester, prévenir et traiter la COVID-19.
Lorsqu’un établissement pénitentiaire dispose de ses propres installations
hospitalières, le personnel affecté et le matériel fourni doivent y être
suffisants pour assurer un traitement et des soins adéquats aux détenus qui y
sont envoyés. Les détenus qui requièrent des traitements spécialisés ou des
soins chirurgicaux doivent être transférés vers des établissements spécialisés
ou vers des hôpitaux civils.
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