Le 14 mars, le quotidien officiel Mizan, organe de l’appareil judiciaire des mollahs, a publié une analyse menée par le « groupe de réflexion Asra » sur la situation actuelle de la société iranienne après l'épidémie de coronavirus, intitulée « Coronavirus et affrontement sur plusieurs fronts ».
Le groupe de réflexion Asra est affilié au Guide Suprême des mollahs, Ali Khamenei. Ceux qui ont collaboré à cette analyse sont tous des loyalistes du régime, y compris Abas-Ali Kadkhodaï, porte-parole du Conseil des gardiens de la constitution, et Mehrdad Bazrpash, un théoricien de la faction du Guide Suprême. Cette analyse montre l'ampleur de l'épidémie du Coronavirus et la crainte croissante du régime au sujet d'un éventuel soulèvement populaire en raison de sa mauvaise gestion et ses de dissimulation de la crise sanitaire.
La crise du coronavirus doit être considérée dans le cadre des évènements de l'année (iranienne) qui vient de s’écoulé. Elle a été une année de grands bouleversements au cours de laquelle l’Iran a connu une série de crises qui se sont enchaînées les unes après les autres. Des crises qui continuent d’ailleurs.
La crise du Coronavirus, comme les crises précédentes, pourrait être considérée comme une « série de menaces à la sécurité et à la stabilité [du régime] » qui pourrait finalement aboutir à de « dangereuses frondes ».
L'un des sujets abordés dans le rapport est la méfiance du peuple iranien envers les médias officiels du régime et les informations qu'ils publient. Le rapport souligne que le peuple iranien compte sur les médias sociaux et les agences de presse à l'étranger pour obtenir des informations objectives.
À cet égard, le rapport cite certaines opinions, analyses et positions de groupes d'opposition et de radios de langue persane. Notamment sur les tentatives de dissimulation du régime, son inefficacité, les luttes intestines entre les factions au pouvoir, l’éventualité de révoltes et enfin la seule solution qui reste, soit le changement de régime.
L'objectif principal de ce rapport est de répondre à la question de savoir si la tendance actuelle conduira à l'instabilité et à l’insurrection contre le régime. Relatant quelques signes de rébellion au cours des derniers jours, la série des événements de l'année dernière, en particulier les manifestations nationales de novembre en Iran, le rapport ajoute que plusieurs facteurs d'aggravation ont été constatés au cours de la crise actuelle du Coronavirus.
Dans sa conclusion, le rapport souligne la possibilité d'un soulèvement national, prédisant qu'en raison de la thésaurisation du régime qui a entraîné une pénurie de médicaments et de mesures préventives contre le coronavirus, les gens attaqueront et pilleront les pharmacies ainsi que les magasins. L'épidémie de coronavirus en Iran, le manque d'infrastructures à l'échelle nationale et l'absence d'une gestion centralisée de la crise pourraient transformer les émeutes locales en soulèvements à l'échelle nationale.
Le rapport fait mention du niveau de sécurité maximale qu’il faut instaurer pour préserver le régime et la nécessité de laisser tout aux mains des forces militaires pour la répression comme seule solution pour contrer un éventuel soulèvement populaire. Mais la question est la suivante : la répression poura-t-elle venir à bout de la population cette fois-ci ?
Voici quelques extraits du rapport :
L'épidémie de Coronavirus en Iran est devenue la crise la plus aiguë du dernier mois de 1398 [année persane]. Ce rapport vise à : donner une analyse de la situation réelle de la sécurité du pays, identifier les faiblesses et les forces du pays pour faire face à des phénomènes tels que les pandémies, la présentation d'une fausse image de la République islamique dans la gestion de l'épidémie du Coronavirus par le réseau de l'opposition et les médias contre-révolutionnaires, le niveau de confiance que la population accorde au gouvernement, et le rôle des institutions de sécurité, de renseignement et les organes militaires et judiciaires dans la gestion du Coronavirus.
La vague du Coronavirus, dont l'épicentre a été la ville de Qom à partir du 22 février, a éclipsé les élections [législatives] et est devenue le sujet principal des médias nationaux et internationaux, ainsi que d'autres plateformes médiatiques et des médias sociaux, en particulier pour les utilisateurs iraniens.
Après les rébellions de 2016-2017, l’Etat a été confronté à des menaces et des conflits de différentes formes et dimensions, y compris des crises psychologiques, militaires, médiatiques, économiques et politiques. L'année dernière [2019], en raison de sa complexité et des conflits et menaces, a été une année particulière parmi les quatre dernières décennies. Le durcissement des sanctions, les conflits dans le Golfe Persique, l’affrontement direct entre les Etats-Unis et l'Iran avec une dimension militaire et terroriste, les inondations dévastatrices au début de la nouvelle année [persane], la poursuite de la tendance incontrôlée de la hausse des prix du carburant et les émeutes politiques [les protestations de novembre en Iran], la diminution de la participation aux élections [législatives] et l'épidémie du Coronavirus sont quelques-uns des développements les plus importants de l'année dernière qui doivent être considérés en rapport avec la sécurité et la stabilité [du régime]. Car chacun de ces événements affectera les développements futurs et ne doit pas être analysé comme si la nouvelle crise allait enterrer les anciennes.
Analyse des données
Les médias d'opposition et antirévolutionnaires continuent de discuter, comme à leur habitude, de l'instabilité du pays, du manque de gestion des crises, de l'inefficacité de l'État et du gouvernement, de la dissimulation, de l'indignation de la population, etc. Les attaques, les critiques en interne et sur le plan internationales ont créé une situation ces derniers mois qui a amené à accuser le gouvernement et l'État de dissimulation, d'inefficacité et de guerre des clans pour une plus grande part du pouvoir.
Les médias nationaux, notamment l'IRIB (Islamic Republic of Iran Broadcasting), ont perdu leur crédibilité auprès d'une grande partie des citoyens de la classe moyenne qui ont la possibilité d'avoir accès à d'autres sources d'information. La tendance actuelle va-t-elle conduire à l'instabilité et aux émeutes ? Des heurts [entre la population et les forces du régime] ont été signalés dans certaines régions du pays. Il a également été signalé l'incendie d'un hôpital à Bandar-e Abbas et des blocages dans les villes du nord. L'évaluation des positions des opposants et des médias contrerévolutionnaires confirme cette vérité : ils considèrent l'épidémie du Coronavirus comme une bonne occasion pour porter atteinte à la stabilité et à la sécurité de l'Iran. En outre, les gouvernements occidentaux, notamment les États-Unis, accusent la République islamique de dissimulation et d'incapacité (…)
Que devons-nous faire ?
Accroître le rôle des entités militaires telles que l'armée et les Gardiens de la révolution (pasdaran) dans le contrôle des villes et des régions touchées par le virus peut réduire le niveau d’inquiétude concernant la propagation du virus en assurant une bonne gestion de la situation sécuritaire et en supervisant la bonne mise en œuvre des restrictions. »
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire