Malgré la sévère censure d’internet en Iran, la nouvelle s’est rapidement répandue dans tout le pays et même à l’étranger. Mme Nahvipour est rapidement devenue une icône de la résistance aux mesures misogynes du régime, notamment les Gasht-e Ershad [patrouilles d’orientation].
Que s’est-il passé ?
Depuis que les mollahs ont pris le pouvoir en Iran en 1979, ils ont institutionnalisé la misogynie dans la constitution de la « République islamique ». Selon la présidente de la Commission de sécurité nationale du Parlement [Majlis], Mojtaba Zonnour, 32 organisations et organismes gouvernementaux participent à la répression des femmes en Iran. Ces organes harcèlent régulièrement les femmes et les filles, les contraignant à obéir aux lois sur le hijab obligatoire.
Le 15 juillet 2017, le religieux Khalil Zolfaqari a commencé à harceler une jeune femme au sujet de son hijab à la station de métro Shahr-e Rey, dans le sud-est de Téhéran. Pour défendre la femme opprimée, Asghar a attaqué Zolfaqari et lui a retiré son turban.
Les forces de sécurité sont immédiatement apparues sur les lieux. Asghar, manifestement désarmé, a reproché aux agents de ne pas défendre les femmes. En réponse, un agent a tiré directement dans le cœur d’Asghar, à moins d’un mètre de distance. Des vidéos circulant sur les médias sociaux à l’époque montraient Asghar scandant « ma vie pour l’Iran » alors qu’il souffrait après la fusillade, avant de succomber à ses blessures.
L’événement a rapidement suscité la colère du public contre le régime iranien et les meurtriers d’Asghar. Ses amis et plusieurs habitants ont installé des portraits géants et des Hejle [symboles commémoratifs] dans le quartier de Shahr-e Rey. De nombreux jeunes défiant la loi et soutenant Asghar ont déclaré : « Il nous a appris que nous ne devions pas rester silencieux face aux assauts des mollahs. »
Les forces de sécurité ont rapidement arraché les portraits et les symboles recueillis. Elles ont interdit aux Nahvipour et aux habitants d’organiser des cérémonies commémoratives pour leurs proches.
Les citoyens de tout le pays se sont tournés vers les médias sociaux. Ils ont posté des vidéos et des affiches anti-régime à la mémoire d’Asghar et en signe de sympathie pour sa famille en deuil. Ils ont ensuite annoncé qu’ils se joindraient aux Nahvipour sur la tombe d’Asghar, pour exprimer l’innocence et la dignité d’Asghar.
Les forces de sécurité ont dissimulé le meurtre
Après l’indignation publique suscitée par ce crime, les forces d’oppression et les médias officiels ont lancé une campagne de propagande pour dissimuler le crime. L’organisation médico-légale est même allée jusqu’à produire un faux certificat de décès, déclarant qu’Asghar était décédé parce qu’il avait été « frappé par un objet projeté » et non par une balle. L’organisation a également déclaré que la « rupture des vaisseaux vitaux du bassin » était la cause du décès plutôt que le tir dans le cœur.
Le faux certificat de l’organisme médico-légal a insulté la société des médecins iraniens. Ce dossier a montré comment le régime théocratique peut exploiter des organisations à but non lucratif pour tromper les citoyens. Ce n’est pas le seul cas, puisque l’organisation a également collaboré avec le ministère de la Santé en fournissant des statistiques fabriquées pendant la pandémie du coronavirus.
Ces dernières semaines, les mollahs ont une fois de plus mis en œuvre une série de mesures misogynes à travers le pays. Sous le prétexte du « hijab », ils tentent de nettoyer les rues de la principale force de protestation contre le régime, les femmes iraniennes.
Malgré leurs efforts, la répression s’est retournée contre eux, suscitant une forte vague d’empathie pour les femmes. Le 12 juillet, des hommes d’affaires ont fermé leurs magasins dans le centre commercial Kourosh de Téhéran en réponse à l’interdiction faite par les patrouilles d’orientation aux femmes qui ne respectaient pas le hijab obligatoire d’entrer dans le centre commercial.
D’autres vidéos montrent des jeunes défiants, inspirés par le courage d’Asghar Nahvipour, qui isolent les membres des patrouilles d’orientation et expriment leur colère face aux politiques du régime misogyne. Ce soutien courageux aux droits fondamentaux des femmes découle des 43 années de lutte du peuple iranien contre la dictature.
Malgré le noyau misogyne du régime, le peuple iranien reste résolument tourné vers le renversement de la tyrannie dans son intégralité. C’est le seul moyen de garantir que les femmes et les jeunes filles iraniennes puissent un jour jouir de leurs droits inhérents. Comme l’a répété à plusieurs reprises Maryam Radjavi, présidente élue de l’opposition iranienne, le peuple iranien dit « Non au voile obligatoire, non à la religion obligatoire et non à ce régime obligatoire ».
Source : INU /CSDHI
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