La fuite des cerveaux d’un pays est généralement due à trois raisons : économique, sociale ou politique. La crise actuelle de la fuite des cerveaux en Iran peut être attribuée aux effets combinés de nombreux facteurs, notamment des décennies de mauvaise gouvernance, une répression politique et sociale étendue et continue, de graves violations des droits humains, des perspectives économiques sombres, la corruption et des facteurs sociodémographiques. À l’heure actuelle, tous ces paramètres semblent s’être donné la main et ne laissent à beaucoup d’autres choix que de quitter le pays. Ces facteurs ont provoqué le mécontentement de la plupart des Iraniens, si bien que, selon les recherches, 30 % de la population a tendance à émigrer à l’étranger.
Cette insatisfaction se retrouve également dans les statistiques économiques. La classe moyenne a presque disparu. Des millions de personnes n’ont plus accès à des produits alimentaires essentiels tels que la viande et les fruits. Les nouvelles des grèves des ouvriers et des employés qui n’ont pas été payés depuis plusieurs mois sont un fait quotidien en Iran. Le taux de chômage des jeunes a atteint un tiers de la population, et il y a maintenant une abondance de diplômés universitaires travaillant dans des emplois manuels comme les chauffeurs de taxi. La situation est telle que près d’un tiers de la population métropolitaine, qui ne peut plus se permettre de payer les loyers élevés, est repoussée à la périphérie des villes et vit dans des conditions très précaires dans des hangars dépourvus du minimum vital, comme l’eau courante, l’électricité, une salle de bain correcte, etc.
Enquêtes et statistiques
Selon une étude récente de l’agence de presse Tasnim, affiliée aux pasdarans, intitulée « Observatoire des migrations iraniennes », 40 à 53 % des citoyens de quatre groupes sociaux, dont les étudiants et les diplômés, les professeurs, les chercheurs, les médecins, les infirmières et les créateurs d’entreprise, ont déclaré que leur désir d’immigrer d’Iran était « très élevé ». Environ trois mille personnes ont participé à cette enquête, dont le résultat est censé donner une image de la situation de ces quatre groupes par rapport à la question de l’immigration.
Les professeurs et les chercheurs arrivent en tête des personnes qui ont exprimé un grand désir d’émigrer d’Iran, avec 53%. Le rang suivant avec 45% est réservé aux médecins et aux infirmières. 73% des médecins et des infirmières et 59% des étudiants et des diplômés participant à cette enquête considèrent que le rôle des changements économiques et de la forte augmentation de l’inflation dans leur volonté d’émigrer est très élevé.
Selon le rapport de Tasnim, dans le groupe des étudiants et des diplômés, les cinq principaux facteurs du désir d’émigrer, par ordre d’importance, sont les suivants : « L’instabilité économique du pays, le mode de gouvernance, le désespoir face à l’avenir, l’espoir d’une vie meilleure à l’étranger et l’état des libertés sociales et culturelles. »
L’émigration des médecins et infirmiers iraniens a atteint des niveaux sans précédent ces dernières années, et les institutions et autorités iraniennes ne le cachent plus. La limitation du taux d’acceptation et les postes vacants non pourvus dans les domaines de spécialisation médicale au cours des deux ou trois dernières années montrent la migration des médecins et leur préférence pour l’acquisition d’une expertise dans d’autres pays dans l’espoir de trouver du travail dans les mêmes domaines. Ainsi, près de 700 capacités médicales spécialisées sont restées vides l’année dernière, même dans des domaines tels que la cardiologie et l’urologie. L’Iran est confronté à une situation encore plus difficile dans le domaine des médecins spécialistes.
Les perspectives sombres de l’émigration des médecins d’Iran sont telles que Hossein Ali Shahriari, le chef de la commission médicale et sanitaire du parlement, a écrit une lettre à Ali Khamenei, le guide suprême du régime. Dans cette lettre, datée du 2021 novembre, il déclare que « l’apparition d’un phénomène au cours des dernières années a sérieusement menacé le système de santé du pays. Et cette menace est la tendance à la baisse du nombre de personnel médical spécialisé dans la structure de santé du pays. »
Source : Iran News Wire / CSDHI
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